15. La forêt Noire - 2/3

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— Derek, dit Ethan en le secouant légèrement.

  Celui-ci, qui était en train de s’assoupir, sursauta.

— Je… Qu… Je ne dormais pas, balbutia-t-il en se redressant.

— C’est l’heure, lui apprit Ethan. On devrait y aller.

  Derek retrouva aussitôt ses esprits et hocha la tête. Il se leva et vérifia que sa baguette se trouvait bien dans sa poche.

— Je n’arrive pas à croire qu’on le fasse vraiment, chuchota Derek lorsqu’ils furent sortis de la salle commune.

— Moi aussi, réagit Ethan avec un sourire. C’est plutôt excitant de sortir la nuit comme ça.

  Ils traversaient le couloir du premier étage, proche de l’endroit où se situait le bureau du professeur Tarr.

— Tu as entendu ? demanda Ethan en stoppant Derek.

— Non, répondit-il en haussant les épaules. Qu’est-ce qu’il y a ?

— Je ne suis pas sûr… Des bruits de pas peut-être.

— C’est peut-être Seth ? supposa Derek.

— Non, tu sais bien que leur salle commune est complètement à l’opposée.

  Ils arrivèrent face aux grands escaliers qui menaient au hall d’entrée.

— Tu n’as pas réentendu de bruit ? demanda Derek.

— Non, répondit Ethan, mais dans le doute je pense qu’il vaut mieux que l’on arrête de parler tant qu’on n’est pas totalement sortis.

— Je suis d’accord, acquiesça-t-il.

  Ils descendirent les marches du grand escalier de marbre le plus doucement possible, faisant bien attention de ne pas faire le moindre son. Contrairement aux couloirs de l’école, le hall n’était pas éclairé. L’immense lustre de cristal était éteint et seul le clair de lune qui passait au travers des fenêtres de la salle du banquet, illuminait un peu le hall d’entrée. À tel point qu’Ethan avait presque du mal à distinguer Derek.

  Ils entreprirent de descendre les dernières marches à tâtons. La situation n’était pas des plus simples. Derek glissa sa main dans sa poche pour en sortir sa baguette, mais fut tiré violemment vers le sol par Ethan qui lui faisait signe de se coucher et de ne faire aucun bruit.

  Ils restèrent ainsi pendant quelques secondes quand la porte qui faisait face à l’entrée de la grande salle s’ouvrit. Ethan n’avait jamais emprunté cet accès, mais il savait que derrière celle-ci se situait une section de l’école dans laquelle l’on pouvait trouver les chambres des différents enseignants.

  Une personne de petite taille qui tenait une bougie traversa le hall d’entrée et passa devant l’escalier de marbre sans les apercevoir. Il semblait se diriger vers la grande salle quand la porte s’ouvrit à nouveau.

  Cette fois-ci, Ethan put observer très distinctement qui venait par là. C’était le professeur Lighton, elle avait sa baguette à la main et éclairait presque entièrement le hall avec celle-ci. Derek et Ethan croisèrent les doigts pour ne pas être vus.

  La personne de petite taille opéra aussitôt un demi-tour.

— Oh, c’est vous Gorkin, dit Lighton en abaissant légèrement sa baguette.

  Il se rapprocha d’elle avec son habituelle démarche claudicante.

— Qui voulez-vous que ce soit à une heure pareille ? grogna le professeur Sullen.

— J’ai entendu du bruit, je pensais qu’il y avait peut-être un élève qui se promenait dans l’école.

— Désolé de vous décevoir alors, ce n’est que moi.

— Que faites-vous ici à une telle heure ? l’interrogea Lighton.

— Vous êtes bien curieuse, répliqua Sullen. Je pourrais vous poser la même question.

— C’est vrai, mais je vous ai demandé en première.

— Très bien, j’avoue tout. J’allais aux cuisines pour me servir un verre d’hydromel. J’ai du mal à m’endormir. Et vous alors ?

— Eh bien… Comme je vous l’ai dit, j’ai entendu du bruit.

  Sullen leva un sourcil.

— Mais j’avais aussi un petit creux, confessa-t-elle un peu honteusement.

  Le nain eut un rire.

— Oh, je vous en prie, s’irrita le professeur Lighton. Ce n’est pas drôle.

— Je ne vous juge pas ma chère. Personne ne devrait s’endormir le ventre vide. D’ailleurs, que diriez-vous de m’accompagner jusqu’aux cuisines ?

  Lighton eut l’air surprise, puis sourit.

— C’est si poliment demandé que je ne vois pas comment refuser.

  Elle fit disparaitre la lueur qui sortait du bout de sa baguette et se remit en marche, Sullen à ses côtés. Contrairement à ce qu’avait pensé Ethan, ils ne se dirigeaient pas du tout vers la grande salle. Ils avaient contourné l’escalier de marbre pour prendre la porte qui se trouvait sous celui-ci.

  Ethan et Derek retenaient leurs souffles, les deux professeurs étaient à quelques mètres d’eux. Il suffisait qu’ils lèvent la tête pour être immédiatement repérés. Quelques instants plus tard, la petite porte se referma. Ils avaient quitté le hall d’entrée et le calme était revenu.

— On a eu chaud, chuchota Derek.

— La voie est libre, acquiesça Ethan. Allons-y.

  Ils se relevèrent et dévalèrent les dernières marches. Ils prirent le temps de s’assurer que Sullen et le professeur Lighton étaient bien partis puis traversèrent le hall d’entrée sans un bruit. Ils arrivèrent finalement face à l’importante porte de chêne du château et sortirent dans la nuit noire.

  Ils restèrent encore muets un instant, mais après avoir parcouru le grand pont et dépassé l’imposante fontaine, Derek rompit le silence.

— On a réussi, chuchota-t-il avec un sourire. On a quitté l’école.

— C’était plus délicat que je ne le pensais, répondit Ethan. Et dire qu’on va devoir faire pareil au retour.

  Ils continuèrent sur le sentier qui menait jusqu’au quai, seulement éclairés par la lune. Cette dernière était pleine et très haute dans le ciel, ce qui permettait d’y voir suffisamment clair pour se déplacer sans difficulté.

  Ils eurent une nouvelle fois la sensation de recevoir un seau d’eau froide sur la tête lorsqu’ils traversèrent la barrière magique. Ce n’était pas cela qui allait arrêter Ethan, il était en mission. Il poursuivit sa route d’un pas décidé, laissant derrière lui une terre, en apparence, dévastée.

  Ils arrivèrent rapidement au quai par lequel ils étaient venus quelques mois plus tôt. Pas de train à l’horizon. En revanche, comme l’avait annoncé Seth, un petit sentier se trouvait là et semblait s’enfoncer dans la forêt.

  Derek, qui jusqu’à présent s’était montré très sûr de lui, paraissait bien moins serein au moment de pénétrer dans cette dernière.

— Namirion nous avait dit que les créatures pouvaient s’aventurer hors de la forêt pendant la nuit. On peut s’estimer heureux de n’en avoir croisé aucune, dit-il pour se rassurer lui-même.

— On devrait quand même prendre nos baguettes, lui répondit Ethan en s’exécutant. Je doute qu’on ait autant de chance en allant sur leur territoire.

  Derek déglutit péniblement et hocha la tête. Il sortit sa baguette et murmura :

Lux.

  Le bout de cette dernière s’alluma, dégageant une lumière blanche qui éclairait un peu la voie. Ethan l’imita. Il fallait se rendre à l’évidence, une fois dans la forêt, la lueur de la lune ne leur serait plus d’aucune utilité tellement les arbres étaient denses.

  D’un même hochement de tête, ils s’élancèrent sur le sentier. Un kilomètre, c’est ce qu’avait dit Seth. Ce n’est pas une distance très longue, on devrait s’en sortir, pensa Ethan. En effet, les premiers mètres ne leur posèrent aucun problème. En revanche, lorsqu’ils se retournèrent et s’aperçurent que le quai n’était plus en vue, la situation se modifia quelque peu.

  À mesure qu’ils avançaient, les arbres avaient un aspect de plus en plus menaçant. D’épaisses racines sortaient du sol, ce qui rendait la progression difficile, et Derek manqua de trébucher à plusieurs reprises. Les lourdes branches s’abaissaient en direction des deux garçons, donnant l’impression qu’elles cherchaient à les attraper.

  La luminosité était quasi nulle à l’intérieur de la forêt et malgré la lueur de leur baguette, ils avaient toutes les peines du monde à distinguer où ils posaient les pieds. Dans un arbre, une chouette hulula à leur passage, faisant sursauter Derek. Il jura.

— Comment tu fais pour être si stoïque alors que nous sommes probablement entourés de monstres ? se plaignit-il. J’ai l’impression de devenir fou avec tous ces bruits autour de nous.

— J’essaie justement de ne pas y penser, répondit Ethan, les dents serrées.

  Ils continuèrent à avancer à tâtons, regardant derrière leurs épaules à chaque pas. Puis, à leur surprise, ils virent une lueur à travers les arbres.

— Qu’est-ce que c’est ? dit Derek avec étonnement.

— Peut-être que Seth a allumé un feu en nous attendant ?

  Rassurés par la lumière, ils progressèrent avec plus de vigueur, mais n’en oubliaient pas la prudence pour autant.

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