16. Une douce vengeance - 2/3

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  Seth n’était déjà plus en vue lorsqu’ils pénétrèrent dans le hall. Ils s’empressèrent de gravir les marches de marbre. Il fallait absolument l’intercepter avant qu’il ne retourne dans sa salle commune.

  Ils le retrouvèrent au milieu d’un couloir du second étage. Il discutait avec Samus et une jeune fille dont Ethan ignorait le nom. Trop absorbé par sa conversation, il n’avait pas remarqué les deux garçons approcher.

— Reste là, dit Ethan à Derek. Si ça tourne mal, je ne veux pas que tu aies de souci à cause de moi.

— Tu rigoles ? répliqua ce dernier. Moi aussi, j’ai failli me faire attaquer dans la forêt. Je désire me venger autant que toi.

— Je comprends, mais ce n’est pas avec toi qu’il a un problème depuis le début de l’année. C’est avec moi. J’aimerais régler ça seul.

— Tu es sûr ?

— Oui, assura Ethan. Va rejoindre les autres, je ne serais pas long. Je vous raconterais tout.

  Derek soupira, mais acquiesça quand même.

— Tu n’as pas intérêt à oublier le moindre détail, le prévint-il en partant. Je veux tout savoir.

  Ethan lui fit un clin d’œil en guise de réponse. Il comprenait que Derek soit déçu de ne pas être impliqué, mais Seth était son problème. Et il avait bien l’intention de le régler.

  Il s’approcha d’un pas décidé en direction de Seth et murmura :

Elicere.

  Trois Spriggans apparurent à ses côtés. Pour le moment, il le savait, personne d’autre que lui ne pouvait les voir. Il s’était exercé sans relâche et était certain que n’importe quel individu dans un rayon de trois mètres pouvait observer son illusion. Seth et ses amis ne tarderaient pas à faire la rencontre des trois créatures.

  Alors qu’il arrivait dans le dos de son ennemi juré, Samus et la jeune fille levèrent les yeux vers lui et les écarquillèrent de peur.

— Seth, l’interpella Ethan. J’ai trois personnes avec moi qui ont deux mots à te dire.

  Ce dernier se retourna et hurla en se retrouvant face aux Spriggans. Ses deux amis balbutièrent quelque chose d’inintelligible puis prirent leurs jambes à leur cou.

— Ils ne sont pas très contents que je sois rentré sur leur domaine à cause de toi, continua Ethan. Et moi non plus d’ailleurs.

— J… je… J’ignorais qu’il s’agissait de leur territoire, bafouilla-t-il en se collant contre le mur du couloir.

— Tiens donc ? Et pourtant tu as su m’indiquer exactement l’endroit précis.

— Je ne savais pas ce qu’était ce lieu, se défendit Seth. J’avais simplement entendu un élève de cinquième année parler de ce cercle de pierre. Je n’y suis jamais allé. Je le jure.

  Ethan leva sa baguette et les créatures s’approchèrent un peu plus de Seth.

— Admettons que ce soit vrai. Explique-moi pourquoi les deux surveillants de ton clan nous cherchaient quand on est rentré au château.

  Seth fronça les sourcils et resta muet. Ethan pointa sa baguette sur le visage de son ennemi.

— Réponds. Ou ils te feront parler, ajouta-t-il en désignant les Spriggans.

  Seth écarquilla les yeux et s’exclama aussitôt :

— Je me fous de ton petit copain. Je voulais simplement que tu sois attrapé et expulsé.

  Les traits d’Ethan se durcirent. Certes il ne savait pas qu’il les avait envoyés sur un territoire hostile, mais il avait bel et bien cherché à leur nuire.

— Tu es pitoyable. Je ne t’ai rien fait. Mon seul défaut ? Avoir grandi dans le monde des humains. Je te dégoute tant que ça ? Eh bien, tu ferais peut-être mieux de te regarder dans le miroir.

  Ethan se retourna et s’adressa aux Spriggans imaginaires qui l’accompagnaient.

— Je vous le laisse. Faites-en ce que vous voulez.

— Non ! Ne fais pas ça ! cria Seth, terrorisé. Je suis désolé ! Je ne t’embêterais plus !

  Il se mit à hurler à la mort tandis que les créatures se rapprochaient de lui, toutes griffes dehors.

— Qu’est-ce qui se passe ici ? s’écria Aubépine qui s’était amplement avancée pour voir ce qui causait autant de grabuge. Ethan, ça suffit !

  Ce dernier mit aussitôt fin au sortilège. Seth l’observa avec incrédulité. Il mit quelques instants pour retrouver ses esprits puis bouscula violemment Ethan, qui s’étala sur le sol, afin de se libérer. Il détala sans un regard en arrière.

— Allez, ne reste pas planté là, le houspilla-t-elle. Le professeur Tarr va se faire un plaisir d’entendre ce que tu as à dire et de trouver une punition appropriée.

  Ethan se releva et suivit la surveillante sans un mot. Rien ne servait de négocier, il avait été pris la main dans le sac.

— Je pourrais te sanctionner moi-même, lui disait-elle, mais utiliser tes pouvoirs pour persécuter un élève, ce n’est pas acceptable.

  Il secoua la tête avec mécontentement, voilà que c’était lui le harceleur maintenant.

— Non, je préfère laisser la main au professeur qui dirige le clan.

  Arrivée devant la porte du bureau de Tarr, elle toqua. Une réponse ne tarda pas à venir et elle poussa Ethan à l’intérieur de la pièce.

— Que puis-je pour vous ? s’enquit Oliver.

— J’ai attrapé ce jeune homme en train de faire usage de la magie dans les couloirs pour faire peur à un autre élève, expliqua Aubépine.

  Le professeur leva un sourcil et dirigea son attention vers Ethan.

— Est-ce vrai, monsieur Thobois ?

— Oui, monsieur, avoua Ethan.

— Merci de m’avoir amené le garçon, Aubépine. Vous pouvez y aller.

  Cette dernière hocha la tête puis quitta la pièce en refermant la porte. Oliver prit place derrière son bureau et fit signe à Ethan de s’installer face à lui.

— Raconte-moi ce qu’il s’est passé, lui intima-t-il.

  Il était inutile de mentir. Il allait certainement interroger Seth par la suite pour avoir sa version de l’histoire. Tout ce qu’il risquait en camouflant la réalité était une plus grosse sanction.

— J’ai utilisé un sortilège de leurre pour faire peur à un élève de Pyro, avoua-t-il alors.

— Haddon ?

  Ethan acquiesça d’un geste de la tête.

— J’espère pour toi que ce n’était pas seulement pour te défouler, l’avertit Oliver.

— Bien sûr que non. Il me harcèle depuis la rentrée. Il me déteste simplement parce que je viens du monde des humains, s’emporta Ethan. Je n’ai rien fait pour mériter sa haine, mais il n’y a rien à faire, c’est impossible de discuter avec lui. J’en ai eu marre, alors j’ai voulu me venger à ma manière.

  Tarr soupira longuement.

— Sais-tu pourquoi les gens ne doivent pas se faire justice eux-mêmes, Ethan ?

  Ce dernier secoua la tête, il n’avait pas envie de dire de bêtises.

— Parce qu’en souhaitant régler le problème, le plus souvent, ils se retrouvent avec de plus gros soucis qu’au départ. Même si je te fais confiance et que je crois ce que tu me racontes, l’élève que tu as attaqué est devenu une victime et je vais devoir te sanctionner. Quel leurre as-tu utilisé pour lui faire peur ?

— Des Spriggans.

— Des Spriggans ? répéta Oliver avec étonnement. Montre-moi.

  Ethan obtempéra. Il sortit sa baguette et s’exécuta aussitôt.

— Tu progresses vite. Ils sont très réussis, le complimenta le professeur. Mais où diable as-tu pu observer des Spriggans ?

— J’ai vu des images dans un livre à la bibliothèque, mentit Ethan.

  Oliver eut un sourire.

— Je suis fier de toi, tu prends tes études avec sérieux. Je n’en attendais pas moins.

  Il retrouva aussitôt son air autoritaire.

— Cependant, je suis obligé de te donner une retenue. Je ne peux pas faire de favoritisme, continua-t-il. Tu aurais dû parler de ce problème à un des surveillants ou bien venir me consulter directement. Je te l’ai dit, je ne peux rien faire si je n’en ai pas la preuve. Néanmoins si tu viens te plaindre de lui à plusieurs reprises, cela constitue à mon sens une preuve suffisante pour que je le convoque dans mon bureau et que je lui souffle dans les bronches. Tu comprends ? Tu n’es pas autorisé à te faire justice toi-même. Et tu le sais, il est également interdit d’utiliser la magie dans les couloirs.

— Je comprends, répondit Ethan.

— Bien, je suis heureux que les choses soient claires. Ta retenue débute maintenant et se terminera dans deux heures.

— Que dois-je faire ?

— Les lutins sont actuellement en train de nettoyer la salle des reliques. Je veux que tu ailles les aider. Explique-leur ce qui t’amène, ils prendront le relais.

  Ethan acquiesça puis se leva de son siège. Il s’appétait à passer la porte lorsque Oliver l’interpella à nouveau.

— Ethan ?

— Oui ?

— Continue tes efforts. Et je souhaite aussi que tu saches que tu peux me faire confiance. S’il y a quoi que ce soit, tu peux venir m’en parler. D’accord ?

— Je m’en souviendrais, répondit Ethan en hochant la tête. Merci, Oliver.

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