17. La pierre du voleur - 2/3

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  Un flash lumineux réveilla soudainement Ethan. Il leva les mains afin de protéger ses yeux. Nate se tenait au-dessus de lui, la baguette allumée.

— C’est l’heure, chuchota ce dernier.

  Il se releva sur son matelas. Il avait rêvé. Il ne se souvenait plus du songe, mais il était presque certain que la lumière qui l’avait éveillé n’était pas celle de Nate.

— Quelle heure est-il ? demanda-t-il hagard.

— Une heure du matin, lui répondit Nate. J’ai entendu dire que monsieur Igor reste jusque tard dans la bibliothèque. Enfin, à cette heure-ci, on devrait être tranquille.

  Nate s’apprêtait à enfiler ses souliers quand Ethan l’arrêta d’un geste.

— Oublie les chaussures. On doit être le plus discret possible, je te rappelle.

  Nate hocha la tête et en profita également pour laisser sa robe de sorcier sur son lit. Ils quittèrent le dortoir en prenant soin de ne pas réveiller Evan et Derek.

  Sans surprise, les couloirs sombres étaient déserts. Ils avancèrent sans un bruit, il n’était pas question d’être repéré par l’un des occupants des tableaux. Ils ne pouvaient jamais deviner à l’avance leurs réactions. Impossible de prendre le risque que l’un d’eux donne l’alerte.

  Lorsqu’ils arrivèrent au niveau de la porte de la bibliothèque, au premier étage, ils découvrirent que la pièce était toujours éclairée.

— Tu m’avais dit qu’il serait parti, chuchota Ethan avec mécontentement à l’adresse de Nate.

— J’ai dit que je pensais qu’il serait parti, se défendit ce dernier.

— Qu’est-ce qu’on fait ? Tu veux faire demi-tour ?

— Maintenant qu’on est là, autant jeter un coup d’œil, répondit Nate.

  Ethan entrouvrit discrètement la porte et observa par l’entrebâillement. Toute la bibliothèque n’était pas tout à fait éclairée. Seule une petite lampe sur le bureau de monsieur Igor était allumée. Ce dernier s’était visiblement assoupi.

— Il ronfle comme un tracteur, déclara Ethan avec un sourire.

— C’est quoi un tracteur ? s’enquit Nate en haussant les sourcils.

— Laisse tomber.

  Ils se faufilèrent à l’intérieur de la pièce et suivirent les longues étagères remplies de livres afin d’atteindre la réserve. Cette section de la bibliothèque se trouvait derrière d’immenses barreaux d’acier qui montaient jusqu’au plafond. Seule une petite porte permettait d’y accéder. Nate tenta de l’ouvrir, sans succès.

— Maudit gobelin, jura-t-il. C’est fermé à clef.

  Ethan essaya à son tour de pousser le battant, mais fut bien obligé de se rendre à l’évidence qu’il n’avait pas l’intention de bouger.

— Tu as une idée ? lui demanda Nate en surveillant Igor avec méfiance.

  Ethan étudia le verrou un moment puis sortit sa baguette.

— Peut-être bien. Surveille qu’il ne se réveille pas.

  Il se tourna vers ce dernier, ferma les yeux et se concentra longuement. S’il arrivait à soulever toutes les goupilles en même temps, il était presque sûr que la porte se déverrouillerait.

Ventus, murmura-t-il.

  Un filet d’air s’engouffra par le trou de la serrure et l’instant d’après, le loquet de la porte sauta bruyamment. Ethan se retourna aussitôt afin d’observer la réaction de monsieur Igor. Par chance, ce dernier avait seulement tressailli et reprit ses ronflements de plus belle.

  Nate poussa le battant de la réserve avec un sourire.

— Bien joué.

  Ils entrèrent et refermèrent l’accès pour éviter tout soupçon. Ils passèrent plus d’une heure à fureter de livre en livre, à la recherche d’une quelconque mention de la pierre du voleur.

  D’étranges ouvrages se trouvaient sur les étagères. Certains n’avaient pas de titre, d’autres étaient complètement vierges. Il semblait y avoir des grimoires destinés à la magie noire. Ils s’étaient abstenus de les consulter, mais leurs noms, tel que « Le goût du sang » ou encore « La puissance des ténèbres » ne leur évoquait rien de bon.

  Ils découvrirent avec surprise que quelques livres n’étaient pas écrits en isthosien. Ils n’eurent d’autres choix que de les mettre de côté, car ils n’en comprenaient pas un mot.

  Nate tapota alors l’épaule d’Ethan avec excitation.

— J’ai trouvé, lui dit-il avec un grand sourire. L’artefact est juste mentionné, mais c’est déjà mieux que rien.

  Ethan se détourna du livre qu’il était en train de consulter et lut plutôt ce que lui montrait son ami.


« … contrairement à la pierre du voleur. Cet objet a été créé par Robin Hood. À ma connaissance, c’était d’ailleurs le seul et unique détenteur de cet artefact. Toutefois, il est aujourd’hui introuvable. Hood indique dans ses écrits qu’il s’agit d’une relique puissante permettant à celui qui sait s’en servir de traverser n’importe quel mur ou obstacle. Qu’il soit magique ou non. Cela explique facilement pourquoi Hood était si efficace. »


— C’est évident que c’est précisément ce que cherche la secte de la dame rouge, s’exclama Ethan. Avec ça, ils peuvent entrer dans la cellule de Morgane et ressortir avec elle sans aucun problème.

— Heureusement que la pierre a disparu, répondit Nate.

— Je n’en suis pas si sûr. Quand Sullen m’en a parlé, tout laissait croire qu’il savait presque où la trouver. Je pense qu’elle n’est pas vraiment perdue, juste bien cachée.

— Ce n’est pas une bonne nouvelle alors, ils finiront par le dénicher, songea Nate. Nous devons absolument nous renseigner sur ce Robin Hood. Si c’est le seul à n’avoir jamais possédé la pierre, il l’a peut-être toujours avec lui.

— Il est peut-être mort depuis longtemps, fit remarquer Ethan. Enfin, ça ne peut pas faire de mal d’en savoir plus sur lui.

  Nate sembla tendre l’oreille puis déclara avec surprise :

— Monsieur Igor ne ronfle plus.

  Ethan fronça les sourcils et regarda en direction de son bureau. Ce dernier était vide.

— Il est parti, on dirait.

— S’il a laissé la lumière, c’est qu’il est toujours dans la bibliothèque, dit Nate avec appréhension. Tant pis pour Hood, nous devons absolument sortir d’ici avant de nous faire attraper.

  Ils hochèrent la tête d’un air entendu et quittèrent la réserve, en prenant soin de refermer la porte métallique sans un bruit. Ils jetaient des regards frénétiques autour d’eux à chaque croisement afin de s’assurer que la voie était libre lorsque soudain, une voix derrière eux les interpella :

— Hé, vous n’avez rien à faire dans la bibliothèque à une heure pareille. Montrez-vous.

  Ethan attrapa aussitôt le bras de Nate.

— Ne te retourne surtout pas. Et cours ! cria-t-il.

  Ils s’élancèrent à toute vitesse vers l’entrée, manquant de rentrer en collision avec un mur. Leurs chaussettes, sur le sol dallé, rendaient leur progression particulièrement glissante.

— Arrêtez-vous tout de suite, les prévint monsieur Igor tandis qu’il les poursuivait. N’aggravez pas plus votre cas.

  Ils sortirent dans le couloir et prirent aussitôt la direction des escaliers. Ils devaient absolument distancer le bibliothécaire. Ils ne firent une pause que lorsqu’ils atteignirent le troisième étage.

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