17. La pierre du voleur - 3/3

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— Je crois qu’on l’a semé, dit Nate en tendant l’oreille.

— Je n’en serais pas si sûr, il ne doit certainement pas être loin, répondit Ethan.

  Ils avancèrent dans les corridors, jetant de temps à autre un œil derrière leurs épaules.

— On a eu de la chance qu’il n’ait pas eu le temps de voir nos visages. Et je doute qu’il ait reconnu nos voix, fit remarquer Nate.

— Vilains petits, vilains morveux, ricana quelqu’un à leur gauche. Si vous n’êtes pas pris, vous serez bienheureux.

  Ethan se tourna aussitôt en direction de la voix et constata avec surprise que cela provenait de l’un des tableaux. Il s’agissait d’une femme brune avec les cheveux complètement ébouriffés. Elle était accroupie sur le sol, face au mur. Sa robe sale et déchirée était miteuse, mais elle ne semblait guère s’en soucier. Elle était occupée à gratter la paroi de pierre de ses ongles.

— Taisez-vous, lui intima Ethan, il va vous entendre.

  Elle interrompit son œuvre, rejeta la tête en arrière et éclata d’un rire tonitruant.

— Mais vous êtes dingue ? s’exclama Nate. On est fichus maintenant, il sait où on est.

  Elle poursuivit son travail et marmonna :

— Pris au piège comme… des rats, pris au piège comme Isidora. Il fait si froid ici… Bientôt, vous serez à sa merci.

  Elle se retourna vers les deux garçons qui découvrirent avec stupeur qu’elle n’avait pas de globes oculaires. À la place se trouvaient simplement deux trous sombres.

— Peut-être puis-je vous aider à lui échapper ? leur dit-elle avec un sourire.

  Effrayés, ils s’éloignèrent de quelques pas.

— Je ne suis pas certain de vouloir de votre aide, madame, lui répondit Nate.

— Vraiment ? Je connais un lieu secret, discret, qui vaut assurément votre intérêt.

— Et vous êtes sûre que monsieur Igor ne nous repèrera pas ? l’interrogea Ethan.

  Elle hocha vivement la tête.

— Tout ce que vous avez à faire est de répondre à ma devinette.

— Vous pensez que nous avons le temps de jouer ?

— Les règles sont les règles. Je suis si seule… Oui, si seule, ajouta-t-elle en montrant la lugubre cellule dans laquelle elle se tenait.

  Ethan et Nate se regardèrent subitement, ils entendaient des bruits de pas approcher. Igor était sur le point de les trouver.

— Très bien, dites votre énigme, la pressa Ethan.

  Elle sourit et agrippa brusquement les barreaux de sa geôle.

— Je parle sans bouche et j’entends sans oreilles. Je n’ai pas de corps, mais je m’anime grâce au vent. Qui suis-je ?

  Ethan s’était attendu à quelque chose de plus simple. Il se répétait la devinette en boucle pour essayer de réfléchir, mais Nate ne l’aidait pas vraiment. Il le stressait à lui rappeler que le bibliothécaire allait leur tomber dessus d’une seconde à l’autre.

— Silence, j’ai besoin de calme, le houspilla-t-il.

  Le vent. Cela avait un rapport avec le vent, il en était persuadé. Seulement il n’arrivait pas à saisir exactement lequel.

— Où sont passés ces maudits gamins ? entendirent-ils Igor maugréer, sa voix se répercutant en écho dans l’un des couloirs adjacents.

— Oh non, il est là, paniqua Nate.

  Ethan n’avait plus le choix, il fallait donner une réponse. Il eut un sourire, Igor venait de lui donner une idée. Il n’était pas certain que ce soit la bonne réponse, mais le temps lui manquait.

— L’écho ? tenta-t-il.

  Un sourire se dessina sur le visage de la femme et elle s’éloigna en direction du mur qu’elle grattait quelques minutes plus tôt.

— Isidora est satisfaite, susurra-t-elle. Isidora n’a qu’une parole.

  Le portrait devint soudainement translucide, permettant d’entrapercevoir, derrière lui, un tunnel qui semblait s’enfoncer dans la montagne.

— Bonne route, vilains petits, leur souhaita-t-elle en leur faisant signe d’avancer.

  Ils ne se le firent pas dire deux fois. Ils s’engagèrent dans le souterrain au moment même où le bibliothécaire faisait irruption dans le couloir. À peine eurent-ils passé le tableau que ce dernier disparut et se vit remplacer par un épais mur de roche, les laissant dans le noir complet. Ethan sortit sa baguette.

Lux, marmonna-t-il.

  Devant eux s’étendait un long chemin creusé dans le roc qui semblait se diriger vers les profondeurs de la montagne. Le sol était étonnamment lisse et des marches avaient été soigneusement taillées.

— Où sommes-nous à ton avis ? lui demanda Nate.

— Je ne sais pas, mais monsieur Igor ne risque pas de nous trouver ici.

  Ils empruntèrent les escaliers et continuèrent à avancer durant plusieurs minutes.

— Cette femme était vraiment bizarre, songea Ethan.

— Elle était effrayante. Quelle idée de mettre un tableau pareil dans une école !

  Ils se retrouvèrent finalement face à un cul-de-sac. À leur approche, le mur de pierre se volatilisa, leur permettant de passer. Ils regardèrent autour d’eux avec étonnement.

— J’hallucine, on est dans la tour d’Hydro, s’exclama Nate.

— C’était un passage secret, fit Ethan avec stupéfaction. C’est bon à savoir, il fait gagner beaucoup de temps.

  Ils échangèrent un sourire et gravirent les quelques marches qui les séparaient de la salle commune.

— Ce n’est pas passé loin, mais ça valait le coup, je crois, déclara Nate.

— C’est vrai, acquiesça Ethan. Nous avons une piste maintenant. Si nous retrouvons ce Robin Hood, il y a de fortes chances pour que nous trouvions la pierre.

— On en parlera aux autres demain, ils auront peut-être déjà entendu son nom quelque part.

  Ethan acquiesça d’un bref mouvement de tête.

— En attendant, allons dormir, décida-t-il en s’engageant dans le corridor qui menait aux dortoirs.

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