19. Au cœur du désert - 1/2

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  Le chemin du retour vers Castel-Lapis se dévoila bien moins difficile que l’aller. Bien sûr, ils n’avaient pas eu d’autre choix que de passer à nouveau par l’important gouffre de la grotte. Par chance, même s’il n’était pas très vaillant, Derek avait repris connaissance. Il peinait à marcher et était soutenu à tour de rôle par ses amis. En revanche, il pouvait toujours se servir de sa magie, bien que son énergie fût bien diminuée. Cela avait rendu la traversée, plus périlleuse, mais bien possible.

  Ils ne furent pas mécontents de quitter le souterrain et de sentir à nouveau l’air pur de la forêt. Cette dernière paraissait aussi sinistre qu’à son habitude, néanmoins cela n’était rien à côté de ce qu’ils avaient expérimenté dans la caverne de Hood.

  Il y eut un vacarme assourdissant tandis que la grotte s’enfonçait sous terre et que les piliers refaisaient surface. Les trois spriggans hochèrent simplement la tête à leur passage en guise d’au revoir.

  Ils suivirent le sentier jusqu’au quai, en silence. Ils avaient vécu suffisamment d’aventure pour tout le reste de l’année et étaient fatigués. Pourtant, ils le savaient, le lit devrait attendre encore un peu. Ils allaient devoir s’expliquer auprès de Tarr et de la directrice.

  Ethan conservait précieusement la pierre contre lui. Même s’ils étaient maintenant dans l’enceinte de l’école, il s’imaginait toujours le pire. L’artefact ne serait en sécurité que lorsqu’il se trouverait dans le bureau de Foubadil.

  Ils s’arrêtèrent un instant devant les grandes portes de chêne qui menaient au hall d’entrée.

— Je ne serais pas surpris que tous les surveillants soient à notre recherche, dit Ethan. Ils ne doivent pas nous attraper, ils risqueraient de nous confisquer la pierre sans savoir son importance.

— Il serait sage de nous séparer, fit remarquer Leah en replaçant le bras de Derek autour de ses épaules. Nous passerons plus facilement inaperçus.

— Je suis d’accord. Conduis Derek à l’infirmerie. Nate, va à la salle commune et envoie immédiatement une lettre à la directrice. Explique-lui le maximum de chose et surtout, soit clair. Je m’occupe d’apporter la pierre à Oliver. Compris ?

  Tous hochèrent la tête. Ethan s’apprêta à pousser l’un des lourds battants, mais il cria de surprise lorsqu’il se sentit happé par une force irrésistible en touchant la porte. Il était propulsé vers l’avant à toute vitesse. Il connaissait cette sensation et cela ne présageait rien de bon.

— Qu’est-ce que je fais dans un portail ? se demanda-t-il à haute voix après avoir rétabli son équilibre.

  Il fit quelques pas pour observer autour de lui. Il n’y avait rien, uniquement la pénombre. Cela lui rappelait étrangement celui qu’il avait emprunté à Paris. Il cria le nom de ses amis à plusieurs reprises, mais il dû se rendre à l’évidence, il était seul.

  Une multitude de questions se bousculaient dans sa tête. Pourquoi y avait-il un portail à Castel-Lapis ? Qui avait bien pu l’installer ? Et pourquoi avait-il été le seul à entrer à l’intérieur ? Cela n’avait aucun sens.

  Résigné, il se mit en marche. Il n’avait pas d’autre choix que d’avancer vers la lumière qu’il apercevait au loin. Il était cependant rassuré de voir qu’il tenait toujours la pierre dans le creux de sa main. Il ignorait comment la faire fonctionner, mais elle lui serait peut-être utile, peu importe où il allait.

  La lueur l’aspira à nouveau et il atterrit la seconde d’après dans un sol particulièrement mou. Il se releva doucement et observa avec stupéfaction le paysage qui l’entourait. Il se trouvait au beau milieu d’un désert. Du sable. Il n’y avait que du sable à perte de vue. D’immenses dunes s’élevaient autour de lui, l’empêchant de voir au loin.

— Qu’est-ce que je fous là ? s’interrogea-t-il.

  Il se frotta énergiquement les bras. L’air était glacial. Il décida d’avancer, rien ne servait de rester ici. Au sommet de l’une des buttes, il aperçut un petit campement de fortune d’où montait le panache de fumée d’un foyer.

  Il s’empressa de le rejoindre. Peut-être que quelqu’un pourrait l’aider à retourner à Castel-Lapis. Il approcha avec précaution. Plusieurs flambeaux avaient été plantés dans le sol, tout autour du bivouac. Une tente et un banc avaient été installés à proximité du feu de camp. Un homme était assis-là. Ethan déglutit péniblement en le découvrant.

  Il portait une armure de cuir rouge sang qui épousait parfaitement les courbes de son corps musclé. Son visage était dissimulé derrière un masque. Seuls deux yeux noisette, qui s’illuminèrent en apercevant Ethan, étaient visibles.

— Tu es en retard, lui dit l’individu en lui faisant signe de se réchauffer auprès des flammes.

  Ethan s’avança en silence. Il n’ignorait pas à quel groupe appartenait l’homme. Ce dont il était certain était qu’il n’avait assurément pas rendez-vous avec lui.

— C’est très aimable à toi de m’apporter la pierre.

— Je ne vous laisserais pas la prendre, répliqua Ethan en la collant précieusement contre lui.

— Penses-tu avoir le choix ?

  L’individu se leva lentement de son siège.

— Cela fait bien longtemps que nous la cherchons. Tu n’imagines pas un seul instant ce que nous avons dû faire pour obtenir des informations à son sujet.

— Bien sûr que si, vous avez assassiné quelqu’un, cracha Ethan.

— Oui. Une grossière erreur si tu veux mon avis. Les forces de l’ordre ne sont pas passées loin de nous coincer. Nous avons dû nous faire discrets pendant un moment. Quelle perte de temps !

  Il sortit sa baguette de l’une des poches de son armure.

— À présent, donne-moi la pierre, lui enjoignit-il.

— Non.

— Ne m’oblige pas à te la prendre de force.

— Jamais ! Ventus, cria Ethan en visant le feu de camp.

  Une buche enflammée s’élança dans la direction de l’homme en rouge. Ce dernier l’esquiva de justesse. Ethan n’attendit pas une seconde et prit ses jambes à son cou. Il fallait à tout prix qu’il gagne du temps. Il savait qu’il n’avait pas la moindre chance de lui échapper. Néanmoins, ses amis l’avaient vu disparaître soudainement. Il ne doutait pas un instant que les renforts finiraient par arriver. Il devait juste conserver la pierre suffisamment longtemps pour que les professeurs viennent à la rescousse.

  L’individu était sur ses talons. Il progressait plus facilement et le rattrapait peu à peu. Ethan décida de gravir une importante dune.

Terra, souffla-t-il en visant derrière lui.

  Le sable commença à onduler, formant des vagues de plus en plus grandes qui emportèrent son poursuivant sur plusieurs mètres. Il en profita pour galoper aussi vite qu’il le pouvait. Avec un peu de chance, il pourrait le semer définitivement.

  Il lâcha brusquement la pierre lorsque l’homme se téléporta juste devant lui et qu’il entra en collision avec son torse. Ethan, sonné, s’étala au sol.

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