19. Au cœur du désert - 2/2

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— J’ai toujours détesté courir. Merci, dit l’individu en ramassant l’artefact.

  Il aida Ethan à se remettre sur ses pieds.

— Tu pensais vraiment pouvoir m’échapper ?

— Ça valait le coup d’essayer, répliqua Ethan les dents serrées.

— Tu es courageux, je dois bien te l’accorder. Malheureusement, j’ai une mauvaise nouvelle pour toi. Sais-tu quel est mon rôle au sein de mon Ordre ?

  Ethan s’empressa de ramasser sa baguette, qui était tombée au sol avant de répondre :

— Non et je m’en fiche.

— C’est là où tu te trompes, déclara-t-il avec un rire glacial. Vois-tu, si je suis ici, ce n’est pas seulement pour la pierre. Je suis un assassin. Et il y a un de mes collègues qui m’a grassement payé afin que je t’élimine.

  Ethan recula de quelques pas, apeuré.

— Quoi ? Pourquoi moi ?

— Tu as commis une erreur. Une grossière erreur en t’attaquant et en humiliant son fils de la sorte.

— Vous vous trompez de personne, répondit Ethan qui ne comprenait rien.

  L’homme ricana et abaissa sa baguette. Il semblait trouver la situation particulièrement drôle.

— Seth. C’est grâce à lui que nous nous rencontrons ce soir. Dommage que ce soit dans des conditions si… fâcheuses.

  Ethan sentit une puissance terrifiante se rassembler autour de l’assassin. Gagne du temps, trouve quelque chose. N’importe quoi, mais gagne du temps, se morigéna-t-il intérieurement.

— Attendez ! Pitié, accordez-moi une faveur avant de me tuer, le supplia-t-il.

— Te laisser la vie sauve n’est pas une option, railla l’homme.

— Je me doute. Je veux seulement savoir quel est le lien entre Seth et tout ça.

— Eh bien… j’imagine que je pourrais t’octroyer cette faveur. Ce n’est pas comme si tu allais pouvoir le répéter à qui quiconque, ajouta-t-il avec un rire.

  Il abaissa sa baguette et sembla réfléchir un instant.

— Le père de Seth est un membre important de notre Ordre. C’est toujours pratique d’avoir quelqu’un d’aussi haut placé au ministère de la Magie. Depuis ton arrivée sur le territoire, il travaille d’arrache-pied à ton expulsion. Malheureusement, le ministre de l’Éducation empêche la procédure à chaque fois. J’ignore pourquoi, mais tu l’intrigues.

— Seth l’avait mentionné en début d’année, mais je ne comprends pas. Je suis un sorc…

— Non, le coupa l’assassin. Tu es une anomalie. Une incohérence qui n’a pas lieu d’être. Un ignoble humain avec des pouvoirs.

— J’ai une marque de sorcier !

— Cela n’a plus aucune importance. Tu as attaqué son fils.

— Je lui ai simplement fait peur, se défendit Ethan. C’était un leurre.

— Penses-tu que ça l’intéresse ? Après ça, t’expulser d’Isthos n’était plus suffisant pour lui. Heureusement, Seth adule son père, il n’a pas été difficile de le persuader pour mettre le plan en place.

— Il sait que vous allez me tuer ?

— Ne sois pas idiot. Il sait que son père fait partie de l’Ordre et que nous recherchons la pierre du voleur, mais il ignore tout de ses activités illégales. Après le décès du garde, il s’était montré inquiet bien sûr. Néanmoins, Zander a réussi à le convaincre qu’il s’agissait d’un regrettable accident. Que c’était de la légitime défense.

  Il marqua une pause et joua distraitement avec sa baguette.

— Seth pense que je suis chargé de te faire tellement peur que tu n’auras plus jamais l’idée de t’en prendre à lui. En un sens, ce n’est pas si loin de la vérité.

— C’est vous qui avez placé le portail ? l’interrogea Ethan.

— Bien sûr que non. Je te l’ai dit, si tu es devant moi c’est uniquement grâce à Seth. C’est lui qui a disposé le portail. Son père lui a confié un objet capable d’en créer un qui se lie à une seule personne. Tout ce qu’il faut, ce sont quelques cheveux de la cible. Tu saisis l’utilité d’avoir quelqu’un de haut placé dans les sphères de pouvoir maintenant ?

  C’est pour ça qu’il m’était tombé dessus dans le couloir, comprit-il aussitôt. Il voulait récupérer mes cheveux !

— Vois-tu, dans tous les cas ta vie s’achevait ce soir. Lorsque je suis payé, j’accomplis toujours ma mission. Récupérer la pierre n’est qu’un bonus. Et là encore, sans Seth, nous n’aurions pas su que tu cherchais à nous mettre des bâtons dans les roues.

  L’assassin releva lentement sa baguette en direction d’Ethan.

— Quel dommage que tu ne puisses assister au retour de Morgane.

— Vous savez où se trouve sa prison ? demanda Ethan précipitamment.

— Pas encore. Néanmoins, avec ceci, répondit-il en montrant la pierre du voleur, nous serons prêts lorsque nous la localiserons.

  Il fit sauter la baguette des mains d’Ethan d’un geste bref, mais ce dernier la rattrapa de justesse.

— Le temps est écoulé, mon jeune ami. Il est l’heure de mourir.

Ventus !

  Ethan eut tout juste quelques secondes pour réagir. Un éclair fulgurant fonça sur lui et explosa au contact de la barrière d’air compact qu’il avait érigée.

— Je croyais que tu étais en première année ? s’écria l’assassin avec surprise. Tu ne devrais pas être capable de créer un tel bouclier.

  Il lança à nouvel éclair qui subit le même sort. Il éclata d’un rire sinistre et frappa avec plus d’ardeur. Ethan savait bien que sa protection improvisée ne tiendrait pas longtemps, mais il ne pouvait rien faire d’autre. Les assauts de l’individu étaient incessants.

— Abandonne, lui cria l’homme. Tu ne peux rien face à moi !

  Ethan sentait ses forces le quitter peu à peu. Sa vue commençait à se troubler. Il se mettait en danger en maintenant le sortilège, néanmoins le risque était aussi grand si l’un des éclairs de l’assassin le touchait. Ses oreilles bourdonnaient, chaque muscle le faisait atrocement souffrir. Sa baguette s’abaissa d’elle-même et il sut que le bouclier avait cédé. Une secousse parcourut son corps. L’un des maléfices de l’homme venait de l’atteindre.

  Étrangement, il ne ressentit pas la moindre douleur. Il se sentit propulsé dans les airs. Le vent sifflait avec force autour de lui. Un froid intense s’insinua peu à peu à l’intérieur de ses membres. Il attendait l’atterrissage, qui ne sembla jamais arriver. Ses yeux se voilèrent et les ténèbres l’enveloppèrent.

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