20. Tout ne finit pas si mal - 1/2
Il ouvrit lentement les yeux. Il était allongé sur un matelas. Il ignorait où il se trouvait, pourtant, le plafond de la pièce lui était familier. Il se redressa doucement sur sa couche en grimaçant de douleur. Chaque parcelle de son corps le faisait souffrir. Il observa autour de lui et constata avec surprise qu’il était à l’infirmerie. Il était de retour à Castel-Lapis. La salle était plongée dans le noir, ce devait être la nuit. Pourquoi suis-je toujours en vie ? s’interrogea-t-il.
Un pichet, rempli d’eau, ainsi qu’un verre étaient posés sur une petite table à côté de son lit. Il prit soudainement conscience qu’il mourrait de soif. Il voulut se servir, néanmoins son bras, encore trop faible, céda et le pichet explosa au sol, déversant son contenu sur le carrelage.
Une porte s’ouvrit immédiatement et Mme Neda en sortit afin de découvrir ce qui avait produit un tel vacarme. Elle vit Ethan, assis sur son lit.
— Luménia soit louée, tu es enfin réveillé, s’exclama-t-elle en avançant vers lui.
Elle posa une main sur son front.
— La fièvre est tombée, voilà une bonne chose, marmonna-t-elle. Comment te sens-tu ?
— J’ai l’impression d’avoir été piétiné par un cheval, croassa Ethan d’une voix rauque comme s’il n’avait pas parlé depuis plusieurs mois.
— Et tu peux t’estimer heureux, cela aurait pu être bien pire.
— Je suis ici depuis longtemps ?
— Le professeur Tarr t’a amené il y a trois jours. Tu es resté inconscient tout du long.
— Et la pierre ? s’exclama aussitôt Ethan en se souvenant de ce qui l’avait conduit dans ce lit.
— Ce n’est pas l’heure des questions, mais l’heure de dormir. J’irai prévenir la directrice que tu as repris connaissance. En attendant, bois, lui ordonna-t-elle en lui mettant un gobelet de force dans les mains.
Ethan baissa les yeux vers le liquide. La mixture avait une couleur verdâtre et avait une agréable odeur de pelouse fraichement tondue. Un philtre de sommeil, pensa-t-il avec un sourire. Il n’hésita pas une seconde et but l’intégralité d’un seul trait. Il n’eut que le temps de déposer le verre sur la table avant de sombrer dans un sommeil sans rêves.
Il ouvrit à nouveau les yeux quelques heures plus tard.
— Bonjour, Ethan.
Il se redressa vivement et constata avec surprise que Foubadil était assise au pied de son lit.
— Comment te sens-tu ? lui demanda-t-elle.
— Ça pourrait être pire, professeur.
Elle acquiesça lentement.
— En effet. Je suis revenu dès l’instant où j’ai reçu la lettre de monsieur Parpanet. Lui et mademoiselle Monroe m’ont tout raconté. Comment vous avez découvert l’existence de la pierre du voleur et que la secte de la dame rouge était à sa recherche. La façon dont vous vous êtes rendu à Havenrock puis au cœur de la forêt noire.
Ethan baissa les yeux et garda le silence. Ils avaient enfreint le règlement à de nombreuses occasions ce soir-là. Il se doutait bien qu’ils ne pourraient pas s’en sortir sans sanction.
— Vous avez pris des risques considérables. Et pourtant, vous êtes revenu jusqu’à Castel-Lapis entier. Peu d’élèves de premières années pourraient se vanter d’un tel exploit. Néanmoins, ce n’est pas une raison pour recommencer, ajouta-t-elle en fronçant les sourcils.
— Oui, professeur.
— Il y a cependant certains éléments que je ne comprends pas. Qui et comment cette personne a-t-elle bien pu placer un portail au sein de l’école ? Mais surtout, comment êtes-tu restés en vie si longtemps face à un assassin professionnel ? Le professeur Tarr a pu, après d’interminables minutes de bataille acharnée, emprunter le même portail que toi et il a été particulièrement surpris de te retrouver vivant après avoir mis en déroute ton adversaire.
— J’ai tout fait pour gagner du temps, professeur. Nate, Leah et Derek m’avaient vu disparaitre. Je savais que les renforts finiraient par arriver. Cependant, j’ignorais quand. J’ai commencé par essayer de lui échapper, mais il m’a rattrapé facilement. Il pouvait se téléporter. Je lui ai donc posé des questions avant qu’il ne m’attaque.
— As-tu appris quoi que ce soit d’utile ?
— Le père de Seth est un membre de la secte. Quand j’ai fait peur à son fils avant les vacances de printemps, alors il a décidé de se venger en m’éliminant. Il lui a alors confié un artefact provenant du ministère de la Magie permettant de créer des portails. En récupérant quelques mèches de mes cheveux, il a pu faire en sorte qu’il ne s’ouvre que pour moi.
— Ce sont des faits graves que tu me relates, Ethan. Je vais devoir rapporter cela au roi lui-même.
— D’après l’homme qui m’a attaqué, Seth ignorait tout du plan. Certes, il a mis en place le portail, mais il ne savait pas quel en était le véritable but. Il croyait que c’était simplement pour me faire peur.
— En êtes-tu certain ?
— Oui, affirma Ethan. Je pense qu’il m’a dit la vérité. Il était persuadé que j’allais mourir. C’est pour ça qu’il m’a tout raconté.
Elle garda le silence puis se leva.
— Je vais devoir discuter avec monsieur Haddon. Je sais qu’il te mène la vie dure depuis le début de l’année et les derniers éléments que tu m’apportes ne sont pas en sa faveur. Je te laisse cependant le choix. Dois-je l’expulser ?
— Je ne préfère pas, professeur.
Il avait répondu sans hésiter. Certes, Seth et lui ne s’appréciaient pas, mais il ne pouvait pas détruire son avenir à cause des agissements de son père. Une idée lui vint soudainement à l’esprit.
— Et la pierre, professeur ? Avez-vous pu la récupérer ? s’exclama-t-il.
— Je crains que non, répondit-elle en secouant la tête. C’est vraiment regrettable que toi et tes amis ayez pris tant de risque, Ethan. La secte mettra du temps pour s’en apercevoir, néanmoins la pierre que vous avez retrouvée était une fausse. La véritable pierre n’a jamais quitté Castel-Lapis.
— Quoi ?
— À l’époque où monsieur Hood est décédé, Castel-Lapis existait déjà. Il savait que son artefact attirerait les convoitises, et que les créatures ne pourraient la défendre efficacement contre un sorcier qui ne reculerait devant rien pour s’en emparer. À la fin de sa vie, il conçut une copie et nous confia la vraie.
— Je ne l’ai pas vu pendant ma retenue dans la salle des reliques, déclara Ethan qui ne comprenait plus rien.
— Je pensais que tu étais malin. Crois-tu vraiment que j’allais laisser un tel objet à la vue de tous les élèves ? Si vous m’aviez fait part de vos suspicions dès le début, cela vous aurait évité bien des épreuves.
Ethan reposa sa tête sur son oreiller avec un soupir de soulagement. La secte n’avait en leur possession qu’une jolie pierre sans aucun intérêt.
— Je vais te laisser, à présent. Il y a d’autres personnes qui souhaitent te voir. Tu es très demandé, ajouta-t-elle avec un sourire.
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