GRANDEUR & DÉCADENCE
Guère (ou si peu !) nous parvint
De vous, peuples décents de naguère.
Ni mausolées funestes,
Ni murailles écarlates...
Ni guerres glorifiées, ni barbares.
Libres, sans demander vos restes,
Aïeux vernis, vous échappâtes,
Aux fers, aux jougs et aux tribarts,
Aux mégalos cinglés du marbre,
Aux colonnes et aux prêtres,
Aux larcins et aux reîtres,
En nous léguant les chants, les arbres,
Quelques arts sains et... le bon vin !
Désormais, amers fadas céciteux,
Adulant ce qu’on nous concéda
- Vieux monstres fissurés replets de roches stoïques,
Temples altiers saoulés de lymphe teinte-brique,
Promesses de fruits juteux auxquels nous goûterons !
Du Roi-prospère qui décéda, ou ceux du Président-foison -
Obstinés, nous consacrons nos heures
À défricher ces terres, les saturons
De pierres, de sable, de goudron,
De la somme de nos orgueils capiteux ,
De nos souillures, de nos poisons.
Bien sûr, ces phares de verre éteints
Tomberont aux laudes du matin.
Aucun quidam, pas de bipède,
Plus de César, plus de Tancrède
Passant ici pour s’ébaubir…
Deux-trois velus sur un vélo, au pire !
Toute l’éternité, toute postérité,
Le dictionnaire des noms re-sus-cités,
Fâcheuses prières et lourdes proses,
Créées pour résonner toujours
N’auront pas même vécu un jour,
À l’humble échelle de toutes choses
Qui ne sont pas humaines,
Ni divines, ni sérieuses ! Amen.
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