LE SENS DE LA VIE
Le réveil est toujours difficile. On redescend doucement de son petit nuage pour prendre en plein visage la rage destructrice du monde. Et cependant... qu'il était bon ce repas à l'ombre, cet après-midi tranquille. Le vin n'avait rien d'extraordinaire, pourtant chaque gorgée bue entre deux éclats de rire et l'odeur du printemps nous réchauffaient le cœur. Cette promenade on l'avait déjà faite dix fois, mais ce jour-là quelque chose la rendait unique ; une discussion avec deux inconnus, un enfant jouant avec le chiot que ses parents venaient de lui offrir, un adolescent aidant cette petite vieille à porter son caddie, le souffle d'une légère brise agitant sa chevelure, peut-être... Un arbre, au beau milieu d'une savane aride, vous protégeant de ses feuilles et, si vous êtes chanceux, vous réconfortant de quelques fruits délicieux.
On s'y accroche donc... pas plus au souvenir du bon moment passé qu'à la certitude que bientôt un autre viendra et que pour ces quelques heures, minutes, secondes ou même seulement cet instant, magie de la sensation et du sentiment, on ne doutera plus jamais des raisons qui nous ont plantés là, pièces defectueuses de cette machine infernale, gouttes de bonheur dans un océan de pleurs.
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