L’OISEAU-CON (Blanc, Noir, Rouge)

Une minute de lecture

Dans les cendres fumantes d’un festin gargantuesque,

Gazouille, gratouille, sautille et bruisse trop,

Sans dessein ni moteur, un angelot frivole.

Il zigue et zague, leste, atterrit… vole…

Tel un arsouille céleste ressortant du bistro.

Un flocon, plumet de dent de lion sans flair,

En albes arabesques, imprudences grotesques,

Oh ! foudre d’escampette ! jouant les filles de l’air…

Pourtant se pose… trompettes ! pétulante appétence,

Sur cette flaque d’azur où frétille sa pitance.

Du Douanier Rousseau on dirait une fresque :

Tapi dans l’obscur, d’un sinistre cerbère

Aux billes-bulles vertes, au masque silencieux,

La surface sombre et lisse les iris réverbère,

Fixés, féroces et funestes messagers des cieux,

Sur leur proie étourdie, pauvre andouille un brin dupe,

Ignorée ou moquée des sauveurs chevaleresques.

Prédateur fatal et brutal destructeur

Que Bastet alimente, que Thanatos occupe,

Il zigouille-là la huppe, en divin percepteur…

L’ardeur du braillard s’éteignant enfin… presque !

Un fleuve cramoisi entre ses plumes serpente :

De l’aurore violacée au pourpre crépuscule,

Il porte sur son dos une gabarre pimpante,

Dont le prénom s’étale en lettres majuscules.

Hissant couleurs de ceux qui disent changer le monde

Pour n’en faire, ironie ! qu’un enfer dantesque,

Nous traversons la vie complètement aux fraises

Entre bonté stupide et égotisme immonde,

Car l’oiseau-con renait obstinément des braises.

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