Chapitre 3
Après avoir enfilé des vêtements secs et s’être installé à table, Silvio regarde sa mère. Elle lui sert un bol de soupe dans lequel flottent des morceaux de pain dur. Le garçon les rassemble vers le centre du récipient et tente de façonner une maquette comestible de la ville, sans y parvenir.
— Cesse de jouer avec la nourriture et mange, lui ordonne Maman, un sourire sur ses lèvres.
— Dis maman ?
— Oui, mon chaton.
— Tu connais la vieille dame de la vieille maison du campo ?
— Je connais beaucoup de vieilles dames par ici, et il y a beaucoup de vieilles maisons autour du campo.
— Je parle de la vieille maison toute fine, rose avec des fenêtres rondes.
— Tu veux dire la signora Sgarlatta ?
Silvio ignore le nom de la vieille dame, mais il acquiesce en silence devant l’assurance de Maman.
— Tout le monde connaît madame Sgarlatta, c’est comme si elle avait toujours existé, reprend sa mère en retournant au fourneau.
— Tu lui as déjà parlé de moi ?
— Oh, non ! Je n’ai jamais osé lui adresser la parole, je la voyais quand j’avais ton âge. Maintenant que j’y pense, je l’ai toujours connue vieille. C’est curieux.
— Dis-moi. Elle te fait peur ?
— C’est une brave dame, elle sourit tout le temps, elle m’a parlé juste une fois avant que tu naisses, pour me dire que tout se passerait bien. Le lendemain, tu étais là. Et depuis… Tout va bien, mon chéri.
Silvio voit un sourire triste parcourir les lèvres de sa mère et se prend d’une irrésistible envie de la serrer dans ses bras.
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