08. Etre ensemble est merveilleux

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Allan

Le bonheur tient vraiment à peu de choses et j’avoue que de voir Maeva rire avec les enfants fait partie de ces petits riens qui me mettent du baume au cœur. Elle s’est installée à l’arrière entre les jumeaux alors qu’Albane s’est assise à mes côtés, toute fière d’être à l’avant de la voiture. Je conduis prudemment mais ne peux m’empêcher de me joindre au reste de la famille lorsqu’ils se mettent à chanter “Les Cités d’Or”. C’est LE dessin animé qui nous réunit tous, même si les enfants préfèrent la nouvelle version alors que je suis plus attaché à celle de mon enfance.

Dans le rétroviseur, j’observe ma femme qui ramasse un jouet tombé par terre et qui le rend à Mika, tout sourire. Elle est merveilleuse quand elle est comme ça et je suis vraiment content qu’elle nous ait fait la surprise de débarquer à l’heure de la fin de la sieste pour se joindre à nous. Elle a même décidé de couper son téléphone pro, ne restant joignable que pour Gaëlle et son assistant, en cas d’extrême urgence, ce qui est déjà un énorme effort de sa part. Elle a l’air tellement heureuse et je suis content de la retrouver comme avant, quand elle faisait ses produits de beauté dans le garage et les vendait à ses amies et amis. Déjà à l’époque, elle avait de l’ambition et plein d’idées, mais j’avais encore ma place dans sa vie. En ce moment, je me demande parfois si c’est toujours le cas. Bref, aujourd’hui, ce n’est pas le moment d’être chafouin, il faut profiter de ce moment en famille, surtout que nous allons chez mes parents pour fêter leur anniversaire de mariage.

— Mika et Nora, vous vous souvenez de ce qu’il faut dire à Moma et Papy Jo ?

Mon regard croise celui de Maeva dans le rétro et nous nous sourions.

— Je t’aime Papy ? demande Nora, toute mignonne.

— Non, non, ris-je. Ma chérie, tu leur rappelles ?

— A vos ordres, mon petit mari, sourit Maeva en me faisant un clin d'œil dans le rétroviseur. On va dire à Moma et Papy, “Joyeux anniversaire de mariage”, mes Amours. Parce qu’ils sont amoureux depuis très longtemps et qu’ils adorent toujours ça. Allez, répétez avec moi. Joyeux… Anniversaire… C’est pas gagné, Chéri !

— Moi, je leur dirai, intervient Albane. Et vous, vous n’avez qu’à être mignons, les mioches.

— Albane, attention à ton langage, la réprimandé-je gentiment alors que les petits éclatent de rire à l’arrière.

— Ça va, c’est affectueux, P’pa. C’est pas pire que “les petits monstres”, et c’est pas moi qui les appelle comme ça

— Non, mais ce sont des petits monstres ! Tu as vu leurs grandes dents et leurs regards sombres ?

— Je vois surtout la bave et leurs mains toujours pleines de nourriture, moi… et mes vêtements tachés.

— Tu devrais surtout voir vos yeux similaires, tout l’amour et l’admiration qu’ils te portent et leur petite bouille à croquer, intervient Maeva.

— Oui, des amours… m’écrié-je, avant de rajouter tout bas en chuchotant à destination d’Albane qui se marre, des amours de petits monstres.

Maeva l’entend et éclate de rire avant de me donner une petite frappe sur le bras. Si seulement nous pouvions passer plus de moments comme celui-ci, songé-je en me garant devant la grande maison de mes parents. Nous faisons descendre les enfants et j’en profite pour voler un bisou à mon épouse qui me répond avec ardeur. Je l’aime, cette femme, c’est fou, et malgré toutes ses absences, j’en reste amoureux comme au premier jour.

C’est mon père, ce géant roux à qui je ressemble, qui ouvre la porte et qui se penche pour prendre chacun de ses petits enfants dans ses grands bras. Ils disparaissent dans son étreinte et j’ai presque peur qu’il les écrase tellement il est imposant. Je ne suis pas petit mais il fait une tête de plus que moi… et cinquante kilos au moins. Albane, quand elle était petite, pensait qu’il était un ogre, ce qui le fait toujours rire, même après toutes ces années.

— Bonjour les petits ! Salut les amoureux ! Quel plaisir de te voir, Maeva, c’est une vraie surprise !

— Salut P’pa ! Toute la petite famille est là, on n’aurait quand même pas raté une bonne occasion d’avoir un des bons gâteaux de Moma !

— Un anniversaire de mariage, ça ne se manque pas, et vous savez comme j’aime les gâteaux de Belle-Maman, lui répond ma femme en le prenant dans ses bras. Toujours aussi charmant, Beau-Papa, chaque fois que je vous vois, je me dis qu’Allan a encore de belles années devant lui et que je vais finir par faire tache à côté de lui.

Je suis amusé de voir que son charme fonctionne avec mon père et qu’il ne sait pas trop comment lui répondre, alors, bourru comme il est, il se contente de la serrer dans ses bras et de nous indiquer d’entrer. Les enfants entourent déjà ma mère, ce petit bout de femme, aussi brune que mon père est roux, et d’une discrétion qui cache cependant le fait qu’elle fait tout ce qu’elle veut de mon ours de père. Elle est déjà en train de leur donner des petits bouts de pain aux épices dont ils raffolent.

— Mon Dieu, ils grandissent tellement vite ! Vous leur donnez de l’engrais ou quoi ? Bonjour, les enfants, je suis contente de vous voir tous les cinq, ça me fait plaisir !

Nous venons l’embrasser tour à tour et j’entends Nora dire à ma mère : “Je t’aime, Moma”, ce qui me fait sourire. Elle s’est à nouveau trompée de message mais ça fait tellement plaisir à sa grand-mère que je me contente de sourire en l’écoutant, la main de Maeva dans la mienne.

— Alors, Maeva, et ton travail ? Toujours aussi prenant ? demande mon père alors que nous nous sommes installés sur le canapé et regardons les enfants jouer avec des gros cubes sur le tapis du salon.

— J’en ai bien peur, oui… Ma collaboratrice est passée à mi-temps, j’ai un peu de mal à m’adapter et m’organiser en conséquence. Mais bon, j’ai bon espoir que mon assistant prenne du galon. Il est doué et efficace, ça devrait me permettre de pouvoir davantage déléguer.

— Et toi, mon Grand, intervient ma mère, toujours heureux à pouponner ?

— Oui, M’man, ça va. Ce n’est pas toujours facile, mais il y a plein de moments merveilleux. Hier, Nora m’a fait un magnifique dessin, ce sera une artiste !

— Il faudra quand même que tu penses à reprendre ton boulot, un de ces jours. Là, c’est vraiment du talent de gâché. Au moins, chez vous, on sait qui porte la culotte, grommelle mon père, un peu exaspéré de la situation.

— On est heureux comme ça, P’pa, ça ne sert à rien de critiquer, souris-je en caressant la main de mon épouse.

— Votre fils est plutôt boxer ou caleçon, de toute façon, vous savez ? Et moi, c’est souvent tanga ou rien du tout. Difficile de dire qui porte la culotte, le provoque Maeva en affichant un sourire divinement charmant.

— Voilà, je crois que c’est Albane qui porte la culotte, ajouté-je. Vous voulez voir tous nos sous-vêtements ?

Le regard que nous lance ma fille dont l’attention a été attirée par l’usage de son nom est typique d’une adolescente qui semble avoir un peu honte de l’attitude de sa famille. Mais cela ne me dérange pas du tout, mon père sait que quand il nous attaque sur notre mode de vie, on réagit tout de suite. Et avec humour, tout passe plus facilement.

— Les jumeaux ne portent plus de couches sous leurs sous-vêtements, vous savez ? poursuit Maeva. Allan a assuré. Dire que j’ai mis Albane à l’école au moins trois mois avec des couches…

— Et dire que toi, mon Roudoudou, tu n’as jamais su changer celles d’Allan, se moque ma mère. Tu vois, mon Chéri, les temps changent. Les jeunes d’aujourd’hui sont plein de ressources.

— Pitié, Beau-Papa, n’allez pas dire que c’est un travail de femme, d’accord ? Je vous adore, je détesterais que ça change.

Je ne sais pas si c’est le petit mot de son épouse ou le regard charmant de la mienne qui le convainc, mais ce qui est sûr, c’est qu’il fond et nous sourit avant d’aller chercher le champagne et le jus de raisin au frigo tandis que ma mère ramène un magnifique gâteau fait maison. Nous nous rassemblons tous autour de la table et pour une fois, je ne suis pas débordé par les enfants car Maeva a pris Mika dans ses bras alors que j’ai Nora dans les miens.

— Bon anniversaire de mariage ! crions-nous tous à l’unisson…

Ou presque. Les jumeaux se font un malin plaisir à crier, tout excités par le moment. Mais Maeva parvient à les calmer avec ses bisous et je peux aider Albane qui a demandé le privilège de pouvoir couper le gâteau.

Nous passons le reste de l’après-midi à jouer et discuter tous ensemble autour de la table. Maeva est très présente à mes côtés pour s’assurer qu’aucun des deux petits ne fasse une bêtise, ce qui me laisse le temps de me détendre un peu et de profiter de mes parents. Après le dîner que ma mère nous oblige à partager avec eux, nous reprenons la route et les enfants s’endorment immédiatement. Albane joue sur son téléphone et je souris à Maeva qui m’observe dans le rétroviseur.

— Tu crois qu’on sera comme ça pour nos trente-six ans de mariage ? C’est fou ce qu’ils ont l’air heureux à deux, lancé-je doucement.

— Je pense qu’on peut y croire, oui. La vie n’est jamais un parcours de santé, mais ce que nous avons nous rend plus forts et, même si parfois, on n’est pas sur la même longueur d’onde, moi, je sais que je t’aime toujours de manière inconditionnelle.

— C’était vraiment bien que tu aies pu te libérer pour être avec nous. Tout seul, j’aurais galéré. Et puis, te voir avec les enfants, ça me fait toujours craquer. Ce soir, je crois que tu risques d’avoir une grosse surprise…

— Papa ! me réprimande ma fille qui lève les yeux au ciel avant de retourner à ses petits jeux numériques.

— Ça m'a fait plaisir d’être là. Je sais que c’est compliqué en ce moment, mais je te jure que je ne me sens jamais aussi complète qu’auprès de vous. Et j’ai hâte de voir ma surprise, termine-t-elle en chuchotant.

Albane continue à lever les yeux au ciel mais sourit. Je sais qu’elle s’inquiète parfois pour nous car nous nous disputons plus souvent, mais Maeva a raison, nous nous aimons et nous ne sommes complets que quand nous sommes tous ensemble. Je ne demande pas grand-chose et si ma femme continue à faire ce genre d’efforts, rien n’est perdu entre nous. En plus, comme nous nous sommes mariés tôt, les trente-six ans de mariage de mes parents, on pourra rapidement les effacer et battre leur record de longévité. Mais avant ça, il va vite falloir mettre les enfants dans leur lit, car moi, j’ai vraiment envie de terminer cette belle journée de la meilleure des façons qui soit, avec mon épouse nue, dans mes bras.

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