14. Une inauguration pleine d’étoiles
Allan
Je souris en regardant Maeva à mes côtés alors que je mets mon clignotant pour sortir de l’autoroute et entrer dans la ville de La Rochelle. Elle a passé une grande partie du voyage en voiture à régler des détails pour l’inauguration de ce nouveau magasin mais, entre deux, nous avons pu profiter d’être seulement tous les deux pour la première fois depuis la naissance des jumeaux.
— Tu crois que ta mère survit ? lui demandé-je. C’est la première fois qu'elle les garde tous les trois en même temps…
— Ma mère a élevé six enfants, je crois qu’il était temps qu’on lui confie les nôtres pour une nuit… Et puis, ça me fait mal de le dire vu que tu dis souvent qu’ils sont de vraies tornades, mais j’étais comme les jumeaux, petite, alors elle va savoir gérer, j’en suis sûre.
Je souris en l’entendant parler d’elle bébé. J’ai vu des photos et c’est vrai qu’elle avait un petit air coquin qui en disait long sur sa capacité à faire des bêtises.
— Elle n’est plus toute jeune, ça m’inquiète un peu. Tu as reçu des messages ou pas encore ?
— Rien du tout, non. Tu t’inquiètes davantage pour les jumeaux ou pour ma mère ? sourit-elle en pressant ma cuisse délicatement.
— Pour nos enfants, voyons ! J’aime bien ta mère, mais bon, ça reste ma belle-mère et je te rappelle qu’elle est toujours convaincue que je lui ai volé son plus beau trésor !
— Mais c’est parce que c’est le cas, Chéri, s’esclaffe Maeva. Albane est là, tout va bien se passer, elle va filer un coup de main à ma mère au besoin, tu la connais. Toujours en train de ronchonner, surtout quand il s’agit des jumeaux, mais aux petits soins avec eux malgré tout.
— Je ne suis pas vraiment inquiet, tu sais ? avoué-je. C’est juste… étrange de ne pas les avoir avec nous ? Tu te rends compte que c’est la première fois depuis leur naissance qu’on se retrouve juste à deux… On aurait dû faire ça avant, non ?
— Oui, je crois qu’on a fait une erreur sur ce coup-là… Trop happés par le quotidien, on s’est oubliés dans l’équation en tant que couple, ces deux dernières années.
— Il va falloir se rattraper ce soir alors ! Elle dure jusqu’à quelle heure, ton inauguration ?
— Eh bien, disons qu’à seize heures, grand maximum, on se tire et on profite de la vie tous les deux. Yoann gèrera la fin avec la directrice du magasin et mon portable pro sera éteint. Il a ordre de ne m’appeler que si la maison brûle.
— Parfait, on va enfin avoir une soirée en amoureux. Ça fait trop longtemps ! C’est bien là, non ? dis-je en me garant sur un parking du centre-ville. Je crois que j’ai aperçu ton chevalier servant.
— Crois-moi, c’est NOTRE chevalier servant, rit-elle. Sans lui… je crois que je dormirais au bureau plutôt qu’à tes côtés. Je devrais l’augmenter et vénérer le sol qu’il foule, mais ne lui dis surtout pas !
— Ah non, ça ne risque pas ! Je ne voudrais pas que tous tes bénéfices y passent ! Je t’aime, Chérie, conclus-je en l’embrassant, ravi de ce petit moment à deux.
— Je t’aime aussi, mon petit mari. Et je te remercie d’être là. Je sais que tout ça… ça t'ennuie, mais ça me fait plaisir de te savoir à mes côtés, tu n’as pas idée.
Nous sortons et je prends sa main alors que nous approchons de sa nouvelle boutique. Malheureusement, ce petit moment de complicité dure peu : Dès que nous arrivons, elle est tout de suite accaparée par une horde de personnes qui n’attendaient qu’elle, on dirait. Je me retrouve un peu à l’écart, avec un sentiment assez bizarre d’inutilité, vu que je ne dois même pas m’occuper des enfants. Cela me permet de l’observer dans son milieu professionnel et j’en profite. Elle rayonne, c’est incroyable, tout le monde attend son avis ou ses directives pour se mettre en mouvement. J’ai le sentiment d’être dans un dessin animé ou la belle au bois dormant réveille toutes les créatures qu’elle croise. Et je m’amuse à voir Yoann, dans ce ballet un peu magique, la suivre comme un petit chien fidèle et dévoué. Elle ne remarque même pas tout ce qu’il fait, que ce soit cette bouteille d’eau qu’il lui tend ou ce paquet qu’il dépose sur une table.
Lorsque tout est enfin prêt, avant que la gérante du magasin n’ouvre la porte d’entrée devant laquelle patientent déjà de futurs clients attirés par les promotions proposées pour l’ouverture, Maeva se lance dans un petit discours tout court mais percutant.
— Vous n’imaginez même pas ce que ça me fait de voir cette boutique sur le point d’ouvrir ses portes… Ce n’est un secret pour personne, cette folie a débuté dans une cuisine de trois mètres carrés avant de migrer dans un garage. Chaque nouveau magasin me rappelle qu’il faut se battre pour ce qu’on veut. Et Belle Breizh veut que chaque femme qui passe la porte reparte sereine et plus confiante. Voici donc votre mission quotidienne, et je sais que Magalie sera vigilante à ce sujet. Rien n’est plus important que le respect de nos clientes et leur épanouissement. Prenez soin d’elles comme vous aimeriez qu’on prenne soin de vous. Félicitations pour ce beau magasin, la mise en rayon est parfaite !
Je me joins aux applaudissements du petit groupe qui est présent et Magalie se dirige vers la porte pour l’ouvrir alors que mon épouse vient se poster à mes côtés.
— Alors, stressée ? Tu assures, en tout cas, bravo ! lui dis-je en prenant sa main dans la mienne.
— Honnêtement ? Je ne suis pas vraiment stressée. L’étude de marché est positive. Et puis… je n’arrive pas à m’enlever de la tête le souvenir de l’ouverture de la première boutique, chuchote-t-elle à mon oreille, sa main libre posée sur mon torse. Ta façon de me déstresser dans la réserve avant l’heure fatidique… et de tester les plans de travail après la fermeture. Les souvenirs sont tellement clairs que j’ai l’impression que c’était hier. D’ailleurs, on fait toujours l’huile de massage qu’on a utilisée ce soir-là, à l’odeur fruitée, tu te souviens ? Je n’arrive pas à la remplacer.
— Je me souviens, oui. Je vais peut-être profiter des vingt pour cent offerts pour en acheter une bouteille pour ce soir, non ? Quoique, si tu n’es pas stressée, je vais peut-être me priver de ce petit plaisir… la titillé-je en souriant.
— Je crois que je sens le stress monter furieusement en moi, pouffe-t-elle. Profite de ces vingt pour cent, Chéri, je crois qu’on a tous les deux besoin d’un massage pour nous détendre et j’ai hâte de te tripoter jusqu’à épuisement.
— Adjugé ! Je serai le premier client de ce nouveau magasin !
Je lui vole un baiser avant de filer vers le rayon des huiles où je trouve notre petite Madeleine de Proust que j’achète sans hésitation. Quitte à avoir un petit moment à deux, autant le rendre sensuel ! Et en plus, c’est bio, que demander de plus ?
Lorsqu’il est l’heure de partir, je m’approche derrière elle et l’enlace alors qu’elle est en grande discussion avec Yoann.
— L’heure, c’est l’heure, ma Belle. Yoann, à toi de jouer, moi, j’enlève la Princesse avant que le carrosse ne redevienne citrouille. On y va ? lui demandé-je en me pressant contre elle.
— On y va, oui. Yoann, bonne fin de journée. Tu diras à Magalie qu’on se cale une visio dans quinze jours pour faire un point. Pas de question avant que je parte ? Parce que je ne suis pas certaine d’entendre mon téléphone si besoin.
— Non, allez-y, profitez de votre soirée, je vais gérer ici, répond-il en me jetant un regard que je soupçonne être plein d’envie.
— Parfait. On se voit lundi au bureau ! sourit-elle en glissant sa main dans la mienne. Allons-y, mon petit mari, et vite, avant qu’il se passe un truc et qu’on soit obligés de rester !
Nous sortons rapidement, main dans la main et nous nous rendons à l’hôtel que j’ai réservé, avec Spa, parking, et lit Queen Size. Ce n’est qu’une nuit et je voulais vraiment en profiter. Je récupère le pass pour notre chambre à l’accueil et nous montons dans notre petite suite qui a vue sur la mer.
— Viens voir, Chérie, lui dis-je alors qu’elle s’est directement allongée sur le lit et enlève ses chaussures à talons. La vue est formidable, on voit les tours sur la mer, c’est superbe.
— Tu me dis ça maintenant que je suis allongée ? T’as pas honte de me faire relever ? rit-elle en s’exécutant malgré tout pour se planter à mes côtés.
Je fais un pas de côté afin de me retrouver derrière elle, pose mes mains sur ses épaules et ma tête contre sa joue et admire le paysage, pressé contre elle. Je profite de ce rapprochement pour l’enlacer et nous observons silencieusement les bateaux naviguer au milieu des reflets iridescents que crée le soleil sur l’océan. Elle finit par se retourner, passe ses bras autour de mon cou et nous nous embrassons, d’abord tendrement, mais rapidement, je ne résiste pas à la tentation qu’elle m’offre. Je passe ma main sous son tailleur et attrape ses fesses fermement tandis que nos langues se mettent à danser l’une contre l’autre avec désir.
Maeva comprend tout de suite mes intentions et sans qu’un mot soit échangé, elle s’allonge sur le lit en m’attirant sur elle. Elle me débarrasse de ma chemise qui vole à terre et je m’occupe tout aussi frénétiquement de la déshabiller. Une fois nus, je la surplombe et j’adore le regard qu’elle porte sur mon entrejambe qui témoigne d’une excitation forte.
— Ce soir, c’est juste toi et moi, Chérie. Le reste du monde n’existe plus et je te promets que tu vas te souvenir de cette inauguration comme du jour où tu as connu un de tes plus formidables orgasmes.
— J’ai hâte de voir ça, chuchote-t-elle en empoignant mes fesses. Ce jour marque déjà le retour d’une sexualité avant la nuit tombée, ce n’est pas rien !
Je souris et m’empare à nouveau de sa bouche pour échanger un baiser passionné. Si dans la vie, elle assume sans souci ses fonctions de responsable, au lit, les choses sont différentes. Même si elle est capable de prendre le contrôle, elle adore aussi s’offrir totalement à moi et je la pénètre lentement en la plaquant fermement contre le matelas, ses bras prisonniers d’une de mes mains au-dessus de sa tête. C’est moi qui impulse le rythme de notre étreinte et je m’amuse à faire monter son désir et à me retirer à chaque fois que je la sens approcher de la jouissance. Sa frustration accroît à chaque instant son besoin de jouir et quand je la relâche pour me déchaîner en elle, ma bouche sur ses tétons tendus, mes mains qui caressent sa peau douce à chaque endroit que je sais sensible pour elle, elle gémit sans retenue et je jouis en elle alors que tout son corps tremble sous l’effet d’un orgasme qui est aussi mémorable que je l’avais prédit.
— Je t’aime, mon Amour, soufflé-je en essayant de reprendre mon souffle. Et je vais te faire une autre promesse, je crois.
— Moi aussi, je t’aime, Mari Parfait, sourit-elle en caressant ma joue avec tendresse. J’adore tes promesses, je t’écoute avec attention !
— Lorsque l’on reviendra ici et que la nuit sera tombée, je te promets de tout faire pour que ton prochain orgasme, au milieu des étoiles, soit au moins aussi intense que celui-ci, à l’heure du coucher de soleil.
— Vivement qu’on revienne ici, alors. C’était dément, mais je ne suis pas sûre d’être rassasiée de toi, comme d’habitude.
— Cela tombe bien, je ne suis pas rassasié de toi non plus. Allons d’abord nous sustenter dans un bon restau, pour reprendre des forces, et ensuite, ce sera place aux étoiles !
Elle m’embrasse à nouveau sauvagement alors que je suis toujours en elle. Elle ne me laisse pas reprendre mes esprits et me pousse pour me chevaucher. J’ai l’impression de revenir à nos premières soirées où la passion ne semblait pas pouvoir s’épuiser. Et tant pis si on est un peu en retard au restaurant, faire l’amour avec la femme qu’on aime, il n’y a rien de plus important.
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