16. La jolie blonde de chez Boubou

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Allan

Je regarde par la fenêtre et soupire en voyant les nuages qui continuent à s’amonceler alors que la pluie commence déjà à tomber. Cela reste léger pour l’instant, mais si les prévisions sont exactes, cette pluie ne devrait pas cesser avant tard ce soir, ce qui ne me réjouit pas du tout. Les jumeaux sont derrière moi, dans la salle de jeux et, pour l’instant, sont plutôt calmes, mais je sais que ça ne va pas durer. Je voulais les emmener faire un tour sur la plage, il faut donc que je change mon fusil d’épaule. J’ai trois heures à occuper avant de devoir aller chercher Albane au collège et à ce moment précis, cela me semble être une éternité. Je réfléchis où je pourrais aller et je me dis que je pourrais les emmener chez Boubou. C’est un espace immense rempli de jeux pour des enfants de leur âge. C’est un excellent moyen de les fatiguer et en plus, ils vont être super contents d’y aller.

— Allez, on va s’habiller, je vous emmène chez Boubou ! Cela vous plaît ?

— Ouiii ! s'écrient-ils en chœur en se précipitant pour sortir de la salle de jeux.

— Ne courez pas comme ça ! crié-je en me lançant à leur poursuite. Il faut mettre vos chaussures, votre manteau, et surtout, surtout, ne pas vous énerver !

J’ai l’impression de prêcher dans le vide car les deux bondissent comme des fous autour de moi. Être seul face à eux deux requiert des trésors d’inventivité pour réussir à les canaliser, mais je parviens néanmoins assez rapidement à les habiller et nous partons dans la bonne humeur vers la salle de jeux.

Lorsque nous pénétrons dans l’établissement, nous n’avons pas franchi l’accueil que déjà le bruit de tous les enfants présents se fait entendre. C’est un énorme brouhaha et je commence un peu à regretter mon choix. Heureusement, le sourire que Mika et Nora affichent est immense, sinon, je pense que j’aurais déjà fait demi-tour. La petite jeune à l'accueil encaisse mon paiement et me souhaite un bon amusement. C’est plutôt bon courage qu’elle devrait dire, parce que là, ça ne va pas être facile de les tenir, les petites tornades. Je leur enlève leurs chaussures et ils s’élancent immédiatement vers le grand bassin rempli de boules en mousse dans lequel ils plongent avec une vigueur toujours aussi incroyable. Je me poste à proximité et les observe s’amuser pour m’assurer qu’ils ne fassent pas de bêtises ou qu’ils ne soient pas en train d’embêter un des autres enfants présents.

— Des jumeaux, hein ? Comment survivez-vous ? me surprend une voix douce à ma droite.

Je me tourne et constate que celle qui m’aborde est une jolie femme aux cheveux blonds assez clairs, d’une couleur que je pense naturelle, avec un sourire on ne peut plus charmant.

— Je dirais qu’on n’a pas trop le choix quand on en a ! Et avec ce temps, une escapade chez Boubou, ça aide bien.

J’ai répondu rapidement pour ne pas qu’elle me prenne à mater, mais j’avoue que je profite de la vue qu’elle m’offre. Elle doit avoir entre trente-cinq et quarante ans et a des traits fins, des pommettes bien dessinées, je mettrais ma main à couper qu’elle a des origines slaves ou polonaises.

— Vous aussi, vous comptez là-dessus pour qu’ils fassent une bonne sieste cet après-midi ? soupire-t-elle avant de pointer son index en direction du toboggan. Les miens ont quatre ans et ont arrêté les siestes il y a déjà deux ans… sauf quand on vient ici.

— Ah, vous aussi, vous avez des jumeaux ? Les miens vont avoir trois ans, mais c’est clair qu’ils sont fatigants. Je m’appelle Allan, enchanté.

Je ne sais pas pourquoi je me présente, mais ça m’a semblé tout simplement naturel.

— Oh, pas encore d’école pour vous permettre de souffler alors… Tiffany, sourit-elle en me tendant la main. Enchantée également.

Je lui serre la main et réponds à son sourire alors qu’elle prend place à mes côtés, a priori décidée à poursuivre notre discussion. Elle s’appuie sur la petite rambarde près du bassin à boules et je ne peux m’empêcher de jeter un œil à ses fesses moulées dans un legging qui ne laisse que peu de place à l’imagination. Et clairement, elle doit s’entretenir vu le bel arrondi qu’elle offre à ma vue.

— Non, pas d’école, confirmé-je. Ils sont avec moi tout le temps à part quelques heures chez la nourrice pour que je puisse faire des courses et souffler un peu. C’est épuisant, parfois, mais bon, je ne regrette pas parce que c’est aussi beaucoup de bonheur. C’est pareil pour vous ? Vous les avez tout le temps avec vous quand ils ne sont pas à l’école ? lui demandé-je.

— Oui. Leur père… Disons que la naissance des jumeaux a foutu en l’air notre couple, et que le divorce lui a donné l’impression que s’impliquer dans la vie de ses enfants était une option qu’il peut choisir une fois de temps en temps… Mais bon, je ne suis pas sereine lorsqu’il les prend un weekend, de toute façon, et puis ils me manquent trop. Tellement paradoxal quand je pense qu’après une journée complète avec eux je rêve de silence et d’un bain, rit-elle.

— Ah oui, c’est compliqué et je comprends tout à fait le besoin de silence et d’un bon bain pour se détendre. Mais bon, tout ça ne dure qu’un temps, non ? Ils vont finir par grandir et après, ça devient plus facile. J’ai aussi une ado qui est au collège et franchement, même si les soucis sont différents, c’est surtout moins épuisant !

— Une ado ? Eh bien… c’est la totale ! Mon Dieu, je n’ai pas hâte que les petits en arrivent à l’adolescence… C’est sûr qu’ils gagnent en autonomie en grandissant, mais… ils prennent en caractère, et ça, ce n’est pas rien. Surtout quand ils ont le caractère du mauvais parent…

— Vos enfants n’ont pas l’air d’avoir un mauvais caractère, commencé-je avant de m’interrompre en voyant Nora tirer son frère par le bras pour sortir du bassin. Excusez-moi, je dois y aller, mes tornades ont repris leur route !

Je me précipite pour rejoindre mes enfants et nous nous dirigeons vers une activité où ils peuvent escalader une structure qui ressemble à un arbre, avec plein de toboggans. J’aide les deux dans les endroits qui sont un peu plus difficiles à gravir et suis à nouveau agréablement surpris quand Tiffany s’adresse à moi, ses enfants sur les traces des miens.

— Ils sont vraiment mignons, vos petits, ils ont de bonnes bouilles. Et vous, vous semblez gérer les choses, je vous envie. D’ici peu, les miens feront n’importe quoi et comme je n’ai aucune autorité, je vais finir par lâcher l’affaire…

— Ce n’est qu’une impression, ris-je. Je ne gère pas grand-chose, au final, même si, oui, je sais faire preuve d’autorité. Sûrement un reste de mon ancien métier. J’étais policier, vous savez ?

— Ah oui ? Et vous n’arrivez pas à gérer vos petits ? pouffe-t-elle. Vous devez pourtant en avoir vu des vertes et des pas mûres !

— Rien d’aussi fou que mes tornades ! Et puis, je ne mets plus l’uniforme pour les impressionner.

— Je vois… Peut-être que vous devriez essayer, quand même. Je suis sûre que ça fonctionnerait sur mes fils.

— Et ça ne fonctionnerait que sur eux ? la provoqué-je en plongeant mon regard dans le sien, d’un bleu presque transparent.

— Je crois bien, oui, je ne suis pas très fan de la police. Je n’ai pas toujours été innocente, rit-elle.

Je ne sais pas ce qu’il m’a pris de lui sortir ça, et je fais mine de tousser pour calmer le rougissement qui s’est emparé de moi. Je me suis un peu lâché et je suis content qu’elle ne se soit pas laissée tenter.

— Tout l’opposé de mon épouse, alors. Elle adore l’uniforme, elle.

Je fais exprès de mentionner Maeva afin de refroidir un peu toutes nos ardeurs.

— Ah oui ? Vous vous êtes rencontrés grâce à l’uniforme ou c’était la cerise sur le gâteau, pour elle ? me demande-t-elle avant de rougir. Pardon, je suis du genre curieuse.

Une nouvelle fois, je me dis qu’elle est bien mignonne et je me demande ce qui a provoqué son divorce. Quel homme pourrait se dire que finalement, elle n’est pas à son goût ?

— Il n’y a pas de souci, je n’ai rien à cacher. On va dire que c'était la cerise sur le gâteau car nous avons commencé à nous fréquenter avant qu’elle sache que j’étais policier.

— Je vois. Eh bien, c’est une chanceuse alors ! Oh, regardez, Théo aide votre fille sur le toboggan, c’est trop mignon !

Effectivement, il n’a qu’un peu plus d’an de plus mais semble déjà très mature pour son âge et il essaie d’empêcher ma fille de sauter en bas du toboggan.

— Il a été bien élevé ou c’est déjà un petit charmeur ? la questionné-je en souriant.

— Un peu les deux. Il tient de son père pour le côté charmeur… Espérons que ce soit positif sur le long terme.

— En tout cas, ma fille n’a pas l’air de se plaindre !

Nous les regardons tous les deux en silence avant de reprendre notre petit tour des activités. A plusieurs reprises, je me retrouve près de Tiffany alors que nos enfants ont l’air d’apprendre à se connaître aussi. Lorsqu’il est l’heure de partir, j’interpelle les tornades et essaie d’éviter de croiser son regard que je trouve un peu trop insistant.

— Allez, c’est l’heure d’aller chercher Albane, on rentre ! Bonne fin de journée, Tiffany. Un vrai plaisir de passer ces moments en votre compagnie.

— Le plaisir fut partagé. Nous venons ici tous les mercredis matins, si des fois… Enfin, les enfants ont l’air de bien s’entendre, ça leur ferait sans doute plaisir, me dit-elle en rougissant, apparemment gênée de son audace.

— On verra, je suis plutôt un adepte des grands espaces et de la nature, moi. A bientôt peut-être.

— A bientôt, Allan… Au revoir, les enfants !

Je m’éloigne avec Mika et Nora visiblement fatigués de cette matinée à courir et à jouer. Le résultat espéré est atteint. Et en plus, j’ai passé un agréable moment avec cette Tiffany qui est ma foi très agréable. Espérons que nous nous reverrons, c’est toujours plus plaisant de partager ces moments avec quelqu’un de sympathique que tout seul dans son coin.

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