32. La peinture est un art sensuel
Allan
— Les enfants, soyez sages avec Papy Jo et Moma, hein ? Et toi, Albane, n’oublie pas de donner un coup de main à tes grands-parents. Je te rappelle que c’est pour toi qu’on fait ça.
En effet, si je les dépose chez mes parents, c’est qu’on va passer la journée à repeindre sa chambre et nous ne voulions pas de son frère et sa sœur dans nos pattes. C’était prévu de longue date, en ce samedi, mais c’est une journée à marquer d’une pierre blanche : Maeva est en vacances ! Et elle n’a pas son téléphone professionnel avec elle, les miracles arrivent.
— Oui, Papa. T’inquiète. Et vous oubliez pas la frise en haut, hein ? Il faut que ma chambre soit la plus belle.
— On n’oubliera pas. A ce soir ! Et merci, Papa, Maman !
Je m’en vais à la fois content à la perspective de passer la journée sans les enfants mais aussi et surtout un peu angoissé à l’idée de me retrouver seul avec mon épouse. Je ne sais pas dans quel état d’esprit elle va être. Elle a encore fait chambre à part cette nuit et ce matin, elle n’était pas réveillée quand je me suis levé. Elle est juste apparue pour saluer les enfants quand nous sommes partis, les yeux embrumés par le sommeil. Et donc, je m’attends à tout, de la guerre froide à la tentative de reconquête et séduction, tout est possible. Et le pire, c’est que je ne sais pas la version que j’ai envie de voir. J’ai peur que son attitude ne soit que temporaire, pour m’apaiser et que dès que je relâche la pression, elle reprenne son mode de vie comme avant, nous délaissant complètement jusqu’à la prochaine crise, mais en même temps, j’espère vraiment qu’elle a compris mon alerte et que les évolutions seront durables.
Lorsque je me gare devant la maison, Maeva sort et vient aussitôt à ma rencontre. Elle a enfilé une vieille salopette en jean et a fait des petites couettes dans ses cheveux pour se préparer à notre journée peinture. Cela lui donne un air vraiment adorable et je dois me faire violence pour garder la distance que je veux imposer entre nous.
— Eh bien, tu es déjà prête, on dirait ? Pour information, ce soir, on est invités à manger chez mes parents, pas de dîner à préparer.
— Y a plus qu’à espérer qu’on arrive à se bouger après une journée de travaux, rit-elle. Je crois me souvenir qu’on était un peu cassés tous les deux après avoir fait le papier peint dans la chambre des jumeaux.
— Oui, c’est vrai, souris-je à ce bon souvenir. Mais là, c’est juste de la peinture, ça devrait aller, non ? Tu as regardé les motifs qu’Albane voulait avoir ? Tu crois que tu sauras les faire ? Parce que moi, le dessin, ce n’est pas trop mon truc.
— J’ai trouvé des pochoirs sur le net, ça ira dix fois plus vite, je pense. J’ai fini de débarrasser la chambre en t’attendant. Tes parents vont bien ?
— Je crois qu’ils sont en mode commando et qu’ils se sont préparés mentalement à s’occuper de nos deux petits monstres adorables. Et ils ont prévu de les emmener chez Boubou pour les éloigner de tout ce qu’ils pourraient casser chez eux. Heureusement qu’Albane va les aider un peu. Tu me montres les pochoirs ?
— Dingue comment les jumeaux font peur à tout le monde. Tout le matériel est dans la chambre d’Albane. N’oublie pas de te changer, j’aime trop ce tee-shirt sur toi, je ne voudrais pas que tu le taches, me répond-elle avec une moue gênée.
Je jette un oeil sur mon haut qui est effectivement un de ceux que je préfère. C’est d’ailleurs Maeva qui me l’a offert et je sais qu’il lui plaît surtout parce qu’il est assez moulant et qu’il me met bien en valeur.
— Tu as raison, je vais aller mettre un vieux truc qui ne risque rien. Si seulement j’avais une jolie salopette comme la tienne ! ajouté-je en lui mettant une petite tape sur ses jolies fesses.
— Je te la prêterais bien, mais je doute que tu rentres dedans. Il aurait fallu que je garde celle de ma grossesse, et encore, je suis une naine à côté de toi, pas sûre que ça aurait changé grand-chose.
— Tu n’es pas naine partout ! ne puis-je m’empêcher de rétorquer en zieutant son décolleté. Et tant mieux. Allez, au boulot, je me change et je te rejoins.
— Obsédé, souffle-t-elle en montant à l’étage, le sourire aux lèvres.
Je file dans notre chambre et me déshabille, surpris de voir que je suis excité comme je ne l’ai pas été depuis quelque temps déjà. Tout ça parce que j’ai taté les fesses de ma femme et maté son décolleté. C’est fou qu’elle ait toujours cet effet sur moi après toutes ces années et surtout dans le contexte actuel où sur le plan de notre relation, ce n’est pas le top. J’enfile un vieux jogging et me rends dans la chambre d’Albane où je la trouve en train de recouvrir les meubles de plastique pour les protéger. Je m’approche derrière elle et l’enlace, ne pouvant résister à l’attraction que je ressens pour elle.
— Je suis content de passer cette journée avec toi, lui dis-je en l’embrassant dans le cou.
— Moi aussi, Chéri, mais je doute qu’on avance beaucoup si on commence par des câlins, tu sais ? Non pas que ça me déplaise, bien au contraire.
— Oui, c’est vrai, si la chambre d’Albane n’est pas terminée ce soir, on aura l’air bête.
Je m’éloigne d’elle, un peu frustré de me faire rembarrer, même si c’est dit gentiment, et rassemble tout le matériel pour la peinture. La première chose à faire est de repasser une couche de blanc. J’ai déjà lessivé tous les murs hier pour pouvoir attaquer dès ce matin et avoir le temps de mettre les différentes couches. Du coin de l'œil, j'observe Maeva qui s’est attaquée au mur opposé au mien et nous progressons chacun de notre côté en écoutant la musique qui passe à la radio. Elle a mis une station musicale et j’aime la voir se trémousser en rythme. Elle chantonne aussi, ce qui montre qu’elle est vraiment de bonne humeur. J’essaie de me concentrer sur ma peinture mais suis surpris lorsque je sens qu’elle se colle dans mon dos, en bougeant au rythme de la musique entraînante de Juanes.
— Tu sais que je n’ai pas de chemise noire ? demandé-je en me retournant, le pinceau à la main.
— Ça n'a pas la moindre importance. Quoique je suis certaine que ça t’irait bien, mais peu importe, sourit-elle en se déhanchant contre moi.
— Serait-ce déjà l’heure de la pause ?
Je passe un bras sur sa hanche et je me mets à danser contre elle, heureux de voir que nous sommes tous les deux dans le même état d’esprit.
— Si seulement on pouvait faire l’école buissonnière ! On pourrait dire aux enfants qu’on n’a pas terminé et qu’ils ne rentreront que demain, non ? me propose-t-elle, mutine. Est-ce que je t’ai déjà dit à quel point j’adorais te voir traîner en jogging ?
— L’école buissonnière, je ne sais pas, mais il faut bien patienter en attendant que ça sèche, non ?
Je pose mon pinceau sur la commode et pose mes deux mains sur ses fesses pour la coller contre moi. Nos bouches se retrouvent et elle ondule contre mon corps en glissant sa main dans mon pantalon pour enserrer mon sexe déjà bien vigoureux. Je ressens chez elle la même urgence, le même désir que le mien. Cela fait peut-être six ou sept semaines que nous n’avons pas fait l’amour et là, je pense que rien ne peut nous empêcher de concrétiser cette envie qui nous dévore. Je fais glisser sa salopette le long de son corps et lui retire sa petite culotte alors qu’elle me débarrasse de mon haut puis m’entraîne jusqu’à la chambre où elle s’agenouille devant moi, m’offrant la vue de ses magnifiques fesses qu’elle trémousse de manière très sensuelle.
J’aime quand elle s’offre ainsi à moi et me laisse la dominer. Je la recouvre de mon corps et m’enfonce lentement en elle, retrouvant avec un plaisir que je peine à retenir cet antre qui semble juste fait pour moi. Nos mouvements se coordonnent naturellement et j’adore retrouver la sensation de ses tétons qui durcissent entre mes doigts, de ses seins voluptueux qui gonflent sous mes caresses. Et ces gémissements qu’elle pousse alors que déjà je sens poindre l’orgasme me rendent fou de désir. Notre étreinte est brève et sauvage mais se termine dans une jouissance commune qui me rappelle à quel point je suis prêt à tout pour elle. L’amour que je lui porte est énorme et, à cet instant, je suis convaincu qu’il est plus fort que tout.
— Je t’aime, mon Amour. Il faut qu’on arrive à se retrouver comme ça, juste tous les deux, plus souvent… soufflé-je à son oreille alors qu’elle s’est nichée dans mes bras, sa bouche dévorant mon cou.
— Oui, même si toi et moi, on sait que le sexe ne résoudra pas tout, soupire-t-elle avant de poser ses lèvres sur les miennes. Je t’aime tellement…
Elle a raison, le sexe ne résout pas tout, mais ça fait quand même un bien fou de la retrouver ainsi, totalement abandonnée dans mes bras. Elle est câline et sensuelle et j’avoue que je profite de la situation pour la caresser, l’embrasser, redécouvrir ce corps toujours aussi parfait à mes yeux. Elle frotte sa joue contre ma barbe et, si elle était un chat, elle se mettrait à ronronner tellement elle apprécie cet instant. Malheureusement, nous ne pouvons passer notre vie au lit et bientôt, plus raisonnable que moi, elle se relève et m’observe, ses formes clairement mises en valeur par la lumière du soleil à travers la fenêtre. Elle rit en voyant mon sexe se redresser.
— Tu sais que ce n’est pas avec ce manche qu’il va falloir jouer, là, hein ? se moque-t-elle en enfilant sa salopette sans me quitter des yeux.
— Ah oui ? rétorqué-je en empoignant mon sexe tendu. Et pourtant, il me semble que je suis assez habile avec cet outil. Tu crois qu’on aura un peu de temps entre la deuxième couche et la frise pour voir s’il fonctionne toujours aussi bien ?
— Y a des chances, si tu ne sors pas de ce lit dans deux heures… Et puis, au pire… je rêve d’une douche coquine avec toi depuis des mois, sans risque que les tornades nous interrompent, alors… au boulot, beau gosse ! Remets-moi ces jolies petites fesses dans ton jogging moulant, et vite !
Je souris en l’entendant me provoquer ainsi et bondis du lit pour la serrer une nouvelle fois contre moi. C’est tellement bon de nous retrouver ainsi, complices et pleins de désirs l’un pour l’autre. J’ai cependant le sentiment que, comme elle l’a dit plus tôt, notre entente sexuelle n’a jamais fait défaut. C’est surtout tout le reste qui pose problème, allant même jusqu’à réduire notre libido. Et sur ce reste, nous sommes loin d’avoir tout réglé. Alors, faut-il que je sois rassuré suite à cette étreinte passionnée ou bien encore plus anxieux en me disant qu’il n’y a plus que ça qui nous rapproche et nous unit ?
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