34. Les nuages de la jalousie s’amoncellent

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Allan

Ce matin, en me levant, j’ai hésité à remettre mon kilt, vu le succès qu’il a eu auprès de Maeva qui m’a littéralement sauté dessus hier soir, une fois nos invités partis. J’étais parti pour jouer au policier et sa prisonnière consentante, je me suis retrouvé à devoir gérer une groupie excitée comme jamais et qui m’a offert un merveilleux cadeau de jouissance et de volupté. Ces vacances font un bien fou à notre libido, kilt ou pas d’ailleurs. C’est un peu comme si nous étions revenus au début de notre mariage mais je n’arrive pas à me sortir de la tête que tout ça est temporaire, que ce n’est que du sexe… Quoique non, cela va au-delà, c’est certain. C’est trop fort pour n’être qu’une réaction physique à des stimulis.

Aujourd’hui, au programme, nous allons pique-niquer sur la plage de Rochebonne, près de Saint-Malo. Il y a un club pour les enfants, ce qui nous permettra de laisser les deux petits et de profiter pleinement de la plage de sable et du beau temps qu’il fait. Nous avons pris la voiture de Maeva, plus compacte, afin de pouvoir plus facilement nous garer, et je la laisse donc conduire, ce qui me permet de l’admirer sans trop avoir l’air d’insister. C’est fou que je la trouve toujours aussi belle, même avec les années qui passent. Quand je pense que j’étais à deux doigts de demander le divorce… Elle a bien fait de tout jeter parce que je crois que j’aurais fait une grosse erreur. Si seulement elle pouvait passer le reste de sa vie en vacances. Je crois que Maeva est aussi en train de repenser à la soirée d’hier car elle me reparle de cornemuse. Quel effort il m’a fallu pour oser jouer devant eux, mais finalement, tout le monde, même les jumeaux, ont eu l’air d’apprécier.

— J’ai regardé un peu sur le net, ce matin, y a possibilité de prendre des cours sur Saint-Malo, si tu veux te perfectionner. Après, je n’y connais pas grand-chose, mais il y a une asso qui regroupe une bagad, un orchestre et… e ne sais plus le nom du troisième groupe, un cercle de quelque chose. Ça vaudrait le coup d’approfondir la chose, non ?

— C’était si terrible que ça que tu veux que je prenne des cours ? tiqué-je avant de voir qu’elle n’est pas en train de se moquer de moi.

— Non, ce n’est pas du tout ce que je voulais dire, Allan, pardon, je… C’était super, et tu as vraiment l’air d’aimer ça, je pense surtout au fait que tu pourrais partager cette passion avec d’autres personnes. Pour le reste, je crois que les cours serviraient surtout à te faire gagner en confiance, tu avais l’air un peu flippé, mon petit mari, sourit-elle timidement.

— J’avais un trac de fou, tu veux dire ! C’était pas facile, mais le kilt a aidé. C’est l’idéal pour détourner l’attention de la musique. N’est-ce pas ? me moqué-je gentiment.

— Crois-moi, je suis capable de regarder et d’écouter en même temps, rit-elle. Et puis, j’avais déjà l’intention de profiter du kilt après… J’ai écouté attentivement, je le jure, Monsieur l’agent.

— Je regarderai, oui, mais bon, les cours sont sûrement en soirée… Pas sûr que tu puisses te libérer pour que je puisse m’y rendre.

— Je ferai ce qu’il faut. Je t’ai dit que les choses allaient changer, Allan.

Encore une promesse mais je sens qu’elle tient vraiment à ce que notre relation évolue. J’ai un peu de mal à me faire à cette nouvelle Maeva, mais j’ai besoin d’y croire et je me dis qu’il faut que je lui laisse une chance. Que je NOUS laisse une chance, en vérité.

— Oui, alors je m’inscrirai à la rentrée, souris-je pour marquer ce cessez-le-feu qui a l’air de la soulager.

— D’accord. Je crois que je vais reprendre la piscine, moi, mais je ferai ça sur le temps du midi… Je passe tellement de temps assise derrière mon bureau, j’ai l’impression de me ramollir.

— Eh bien, ça promet si tu te considères comme ramollie en ce moment ! rétorqué-je en éclatant de rire. Je ne sais pas si je vais survivre à tes assauts une fois que tu te seras encore renforcée !

— Papa ! me réprimande Albane qui semble suivre notre discussion depuis le siège arrière où elle est installée.

— C’est quoi, le problème, Chérie ? l’interroge Maeva en me lançant un regard amusé. Tu sais bien que j’adore sauter sur ton père pour l’enquiquiner, il a raison, j’y vais parfois comme un bourrin, je lui ai déjà fait mal au dos…

— Je suis trop jeune pour entendre ça ! répond-elle, nous faisant rire tous en chœur.

— Tu es surtout trop jeune pour pouvoir penser que ce qu’a dit ton père est déplacé pour tes petites oreilles, Jeune Fille. Va falloir qu’on discute, toi et moi, lui lance finalement Maeva en cherchant son regard dans le rétroviseur intérieur.

En vraie ado, Albane se contente de lever les yeux au ciel, ce qui ne fait que renforcer ma bonne humeur sous l’effet du plaisir que je ressens à retrouver une certaine normalité dans notre vie de famille.

Nous nous garons près de la plage et nous nous installons sur une couverture pour partager le picnic que j’ai préparé ce matin avec Maeva. A deux, même trois si on inclut Albane, nous n’avons aucune difficulté à canaliser les jumeaux et le repas se passe dans une excellente ambiance. Nous le terminons avec les restes du gâteau d’anniversaire d’hier que nous dégustons en rigolant aux grimaces que s’échangent Mika et Nora. Une fois le pique-nique terminé, nous rangeons tout dans la voiture et accompagnons les petits au club pour enfants qui se trouve au bord de la plage afin de profiter de l’après-midi tranquillement. Maeva part payer à l’accueil pendant que j’aide Mika et Nora à enlever leurs chaussures.

— Oh, quel heureux hasard ! entends-je dans mon dos. Je suis contente de tomber sur toi, Allan.

Je me retourne, surpris de me faire ainsi apostropher et tombe sur Tiffany, tout sourire, dans un maillot de bain digne d’Alerte à Malibu. Elle est à tomber et le sait si j’en crois la façon dont elle en joue.

— Oh, bonjour Tiffany. Quelle surprise de te voir ici. Tu es venue amener tes enfants au club pour l’après-midi ?

— Oui, j’ai besoin de souffler un peu. Et de les occuper, surtout, sans quoi les vacances vont être très longues, rit-elle alors que nos jumeaux se mélangent déjà. Comment vas-tu ?

— Ça va, on profite de cette belle journée pour venir en bord de mer en famille. Cela fait du bien en effet, pendant les vacances, ajouté-je en jetant un regard vers Maeva qui se rapproche de nous.

— C’est ton aînée ? me demande Tiffany en me désignant Albane d’un coup de menton.

— Oui, elle me ressemble ?

— Heu… Je ne sais pas, mais elle me regarde comme si elle craignait que je te kidnappe, ou comme si elle comptait me fusiller sur la place publique, pouffe-t-elle.

Je me retourne vers Albane et constate en effet qu’elle arbore une moue pas très sympathique avant de sentir quelqu’un me prendre par le bras. En reportant mon attention vers Tiffany, je me rends compte que c’est Maeva qui est venue et qui s’interpose entre la jolie blonde et moi.

— Tout va bien, Chéri ? Est-ce que tu as remis de la crème solaire aux jumeaux ? me demande-t-elle, un sourcil levé en signe de contrariété qu’elle ne tente même pas de masquer.

— Oui, ça va. Les jumeaux sont prêts. Et… je te présente Tiffany. Les deux garçons qui jouent avec Mika et Nora sont à elle. Nous nous croisons de temps en temps chez Boubou, quand on y va. Tiffany, voici Maeva, ma femme.

J’observe les deux naïades se toiser du regard dans un combat qui me semble à la fois terrible et pathétique. Maeva n’a toujours pas lâché mon bras et jauge la blonde et son maillot de bain échancré d’un air pas si sympathique que ça avant de finalement briser le silence qui s’était installé.

— Enchantée, Tiffany, et tout mon respect pour élever deux garçons du même âge. On croit que l’accouchement est le plus difficile, mais c’est du gâteau par rapport au reste, sourit-elle poliment avant de se tourner vers moi. Je… Tu veux que je vous laisse, peut-être ? Je vais aller avec Albane, je ne veux pas déranger.

— Non, non, indiqué-je un peu trop précipitamment. Je te suis. Tiffany, à bientôt, sûrement, ajouté-je en me tournant vers la blonde qui fait une grimace de dépit.

— Oui, sans aucun doute… Tu sais où me trouver le mercredi matin, de toute façon. Bon après-midi à vous….

Je m’éloigne rapidement et constate que l’ambiance s’est clairement rafraîchie du côté de Maeva qui ne daigne plus m’adresser un regard. Nous allons nous installer près de l’eau et laissons Albane se précipiter pour aller nager alors que nous nous asseyons sur nos serviettes sous le parasol. Je n’ose pas briser le silence mais regarde Maeva avec insistance, jusqu’à ce qu’elle se décide enfin à m’adresser la parole.

— Elle te drague comme ça à chaque fois que vous vous voyez ou elle a senti le challenge quand tu lui as dit que ta femme était là ? me demande-t-elle presque innocemment en ouvrant un bouquin.

— Elle ne me drague pas, tenté-je mollement de me défendre. Enfin, qu’est-ce qui te fait dire ça ?

Quel instinct elle a ! C’est fou, ça. Je suis bien embêté, moi, maintenant, parce que vu comme elle est, si en plus j’avoue qu’elle n’a pas fait que me draguer mais que nous nous sommes aussi embrassés, je suis mal. J’essaie de rester cool mais intérieurement, mon coeur bat à cent à l’heure.

— Ce qui me fait me dire ça ? Je ne suis pas aveugle, c’est tout. Elle était bien trop proche de toi pour que ce soit une discussion classique, surtout depuis le COVID… Les yeux qui pétillent, le sourire niais. Elle jouait avec ses cheveux et, crois-moi, c’est le premier signe de drague chez une femme, ça. Sans parler du fait qu’elle te collait ses miches sous le nez. M’enfin… si ça te plaît de croire le contraire… ou ça flatte ton ego, j’imagine.

Wow, même si je sais qu’elle en pince pour moi, je n’ai pas vu tous ces signaux-là, moi. Et c’est moi qui suis censé être le flic dans notre couple…

— Il y a des moments où ça fait du bien quand quelqu’un flatte notre égo, non ? Je n’ai pas vu tous ces signes dont tu parles, mais oui, c’est vrai qu’à plusieurs reprises, elle m’a fait des avances…, avoué-je doucement.

— Est-ce que je viens de tomber nez-à-nez avec la maîtresse de mon mari ? me demande-t-elle après ce qui m’a semblé être une éternité.

— Mais non ! Qu’est-ce que tu vas t’imaginer ! Je… Elle a pu me tenter à un moment, mais jamais je ne te tromperais ! Tu le sais bien, voyons, je suis quelqu’un de fidèle.

Je plaide ma cause en essayant d’y mettre le maximum de sincérité dont je suis capable. Et je ne suis pas en train de mentir, on peut difficilement parler de “maîtresse” alors que nous n’avons échangé qu’un simple baiser qu’elle m’a plus ou moins volé.

— J’espère, Allan, parce que tu sais très bien ce que je pense de l’infidélité de mon père. Remarque, c’est la solution idéale si tu veux divorcer. Quand je pense que je refoule avec fermeté chaque mec qui peut me draguer… alors qu’apparemment tu te laisses tenter de ton côté, marmonne-t-elle en s’allongeant sur le ventre. Et elle ne se gêne pas pour te reluquer même à distance, j’y crois pas.

— On s’en fout d’elle, dis-je plus fermement. Tu veux que je te passe un peu de crème solaire sur le dos ?

— Vas-y, mais ne va pas croire que je vais oublier les regards qu’elle te lançait simplement parce que tu me tripotes.

Je soupire et m’approche d’elle en la badigeonnant de crème solaire. Ce moment qui aurait pu être si érotique en temps normal se transforme presque en calvaire tellement je la sens peu réceptive à mes caresses. Je pense que le plus gros de l’orage est passé, mais la connaissant, ça m’étonnerait que ça en reste là. Et pourquoi Tiffany s’est-elle installée de telle sorte à rester à portée de vue ? Franchement, elle abuse, là.

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