39. Belle nuit sous un ciel d’Irlande

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Maeva


— On part du magasin, on sera là dans vingt minutes.

— Maman ! Nora elle m’embête et m’envoie de l’eau dans les yeux !

Mon sourire ne dure pas bien longtemps en entendant Mika et Nora commencer à se piocher le nez dans le bain. Je réponds un simple “OK” à Allan, finis de plier les affaires des jumeaux que je remets dans leur valise et rejoins la salle de bain pour séparer les deux petits monstres qui se battent pour le même bateau. Mika va mieux et ça se sent. Si sa sœur l’a laissé tranquille pendant deux jours, le bichonnant à coups de câlins et de bisous, aujourd’hui, elle a senti que son frangin reprenait du poil de la bête, et l’ambiance n’est plus la même. Ça reste mignon quand même, et heureusement.

— Allez, on sort du bain, les Loulous. Papa et Albane vont bientôt rentrer.

Je récupère le peignoir de Mika et lui tends les bras pour le sortir du bain. Même s’il boude, il s’accroche à mon cou et se colle contre moi lorsque je le dépose au sol. Mon chemisier est trempé avant même qu’il ne soit enveloppé dans le tissu éponge aux oreilles d’ours. Nora m’applique le même traitement et finit enveloppée dans son peignoir de petit lapin. Et je n’ai pas le temps de sortir les jouets du bain qu’ils sont déjà partis en se courant après. Intenables…

— Stop, hé, on se calme un peu, sinon, pas de dessert ce soir.

Mika s’arrête immédiatement et Nora lui rentre dedans, les faisant chuter tous les deux. Parfait, on n’est plus à quelques larmes près. Au moins, ils ne courent plus dans tous les sens et je peux leur mettre leurs pyjamas tranquillement avant de servir de doudou. Quand Allan débarque avec Albane, nous sommes en pleine séance de câlins sur le canapé et son regard vogue entre les jumeaux et mon chemisier encore humide, et je souris en coin, moqueuse.

— Vous avez trouvé ce que tu cherchais, Albane ? demandé-je en voyant les sacs qu’elle porte et qui n’ont rien à voir avec des vêtements, à première vue.

Nora saute du canapé et réclame les bras de son père tandis que notre aînée dépose ses paquets dans le petit coin cuisine.

— Oui, mais je crois que je vais avoir besoin d’aide finalement. Tu peux continuer à t’occuper des deux petits pendant que Papa m’aide à finaliser ma surprise ?

— Bien Madame. J’ai le droit de rester là ou on doit aussi déguerpir ?

Elle regarde son père un instant qui se contente de hausser les épaules pour lui signifier que c’est à elle de choisir et je la vois qui hésite avant de se décider.

— Tu peux rester, mais il faut me promettre de ne pas faire de remarque avant que j’aie terminé, d’accord ?

— Juré, mais pas sans un bisou ! Je crois que je suis en manque, tu grandis trop vite…

— Je ne suis pas grande, je suis encore plus petite que vous deux ! me répond-elle en s’avançant vers moi pour déposer un petit baiser sur ma joue.

— Peut-être, mais tu en as déjà marre des bisous. Je vais être obligée de me rabattre sur les jumeaux et ton père, soupiré-je en la prenant dans mes bras, Mika toujours accroché à moi. Je voudrais remonter le temps à la naissance des jumeaux, quand tu étais jalouse et que tu passais ton temps à nous faire des câlins. C’était le bonheur total, entre les petites tornades et toi, ton père et moi, on était à la limite de l’overdose.

— C’est toujours le bonheur total, non ? intervient Allan qui lui aussi me fait un bisou sur la joue et me fait profiter d’une petite gratouille de sa barbe.

— Un truc dans ce genre-là, oui, souris-je alors que Mika s’accroche à son cou pour avoir lui aussi droit à son bisou. Bon, c’est quoi cette surprise alors ? Et pourquoi ton père est dans la confidence et pas moi, petite chipie ? Je suis jalouse !

— Eh bien, Papa a payé pour tout… Je pouvais pas ne rien lui dire, répond-elle, embêtée. Mais il y aura une surprise pour lui aussi.

— Bien… Je me tais et je vous laisse gérer alors, ris-je. Nous, on va jouer tranquillement avec les jumeaux.

— Tranquillement ? se moque Allan en rejoignant Albane dans la cuisine.

— Bien sûr, tranquillement. On va faire un puzzle, ou… oui, ça me paraît bien, ça. Mika a voulu prendre celui de la Pat’ Patrouille.

Je sors le puzzle et m’installe au sol, près de la table du salon, et souris en voyant les petits s’installer sur mes genoux. Si Mika va mieux, il reste encore fatigué et ne tarde pas à récupérer sa tétine et son doudou pour se caler contre moi, tandis que Nora reste concentrée sur sa tâche. De mon côté, j’essaie de ne pas jeter trop de coups d'œil à la cuisine, et suis surprise de voir apparaître les assiettes des jumeaux sur la table basse.

— C’est bon ? demandé-je à Albane.

— Non, mais il faut que les jumeaux mangent maintenant.

Docile, je les aide à couper leur morceau de poulet et profite de ce petit moment à trois, jusqu’à ce qu’Albane et Allan nous rejoignent. Notre aînée récupère les jumeaux et les emmène dans la chambre, et j’attrape la main que mon mari me tend pour me relever.

Je souris en voyant la table, auparavant cachée par le dossier du canapé, dressée pour deux, la bouteille de vin posée dessus ainsi qu’un joli bouquet de fleurs.

— Elle a sorti le grand jeu, non ? souris-je. Elle t’a plumé ?

— Oui, et attends, il faut que j’allume les bougies aussi. Mais je n’ai pas trouvé de briquet. Tu en as vu un quelque part ?

— Y a des allumettes dans le tiroir de l’entrée, attends, soufflé-je en allant les récupérer.

C’est le moment que choisissent les enfants pour ressortir de la chambre et je souris en les voyant tous les trois avec un torchon noué à la taille comme un tablier. Ils sont trop mignons.

— A table, Papa, Maman ! Et elles sont où les bougies, Papa ? le gronde Albane qui tire ses frère et soeur vers la cuisine.

Je fonds en observant ma petite famille se mettre en marche. Allan allume les bougies avant de tirer une chaise et de me faire signe de m’installer, Albane donne aux jumeaux une bannette de pain et des serviettes qu’ils viennent déposer sur la table et un frisson me parcourt quand Allan passe son bras sur le dossier de ma chaise, sa main caressant ma nuque avec délicatesse.

— Depuis quand a-t-on des enfants aussi… sages, mignons et serviables ? chuchoté-je.

— Depuis que notre fille s’inquiète pour nous, répond sérieusement mon mari qui m’adresse un grand sourire.

Albane dépose une belle assiette de spaghettis bolognaise sur la table et tend à son père le tire-bouchon pour qu’il ouvre la bouteille avant de nous servir.

— J’ai presque envie de vous demander dix trucs différents, comme quand vous nous faites tourner en bourrique avec votre père, ris-je. D’ailleurs, il manque nos assiettes pour se servir, ma Puce.

— Non, Maman, fais comme le chien, me lance Nora en me tendant une fourchette.

— Toi aussi, Papa, ajoute Mika en donnant une autre fourchette à son père.

— C’est vrai qu’elle est belle, votre maman, mais vous me prenez vraiment pour un clochard ? rit Allan en commençant à se servir.

Je pouffe en entortillant des spaghettis sur ma fourchette tout en posant mes lèvres sur la joue barbue de mon homme.

— Le plus mignon de tous, juré !

— Le plus amoureux aussi, juré !

Sa main libre presse ma cuisse alors que nous goûtons le plat sous les regards attentifs de nos enfants. Et je me promets, à cet instant, de tout faire pour que nous partagions plus de moments comme ça, tous les cinq.

— C’est délicieux, Albane. Merci à tous les trois pour ce dîner, vous êtes des amours.

— Nous aussi, on peut avoir des pâtes ? demande Mika doucement à sa sœur qui lui fait non de la tête.

— Installez-vous avec nous pour manger vos desserts, suggéré-je, mais Albane fait à nouveau non de la tête.

— On veut le bisou ! réclame Nora en tapant dans ses mains.

— Viens là, souris-je en lui tendant les bras.

— Mais non, Maman ! Le bisou avec Papa !

— Oui, un bisou et on va manger le dessert au salon avec les jumeaux, intervient notre cuisinière du soir.

— On n’est pas obligés de le faire avec un spaghetti dans la bouche ? demande Allan à notre fille.

— Mais non, pouffe-t-elle. Vous mangez avec des fourchettes, forcément c’est pas possible. Allez, bisou !

Allan et moi nous sourions et obéissons. Nos lèvres se rencontrent délicatement, plutôt chastement devant les enfants, même si Allan appuie davantage le baiser en glissant sa main sur ma nuque. Nous rions tous les deux en entendant les enfants applaudir, puis Albane les embarque au salon, nous laissant en tête à tête même s’ils ne sont pas bien loin.

— Je crois qu’on a bien géré avec Albane, non ? Elle est plutôt ronchonne, mais c’est un amour.

— Oui, aussi romantique que son Papa et aussi déterminée que sa Maman. Quel mélange détonnant ! Et quelle bonne idée elle a eue d’organiser ce dîner… Formidable, non ?

— Oui, c’est trop mignon, souris-je en nichant mon nez dans son cou. Par contre, j’ai faim d’autre chose que de nourriture, on va avoir un problème avec une seule chambre…

— Je me demande comment ont fait la Belle et le Clochard après leur plat de pâtes, rit Allan qui me serre contre lui et m’embrasse à nouveau moins chastement maintenant que les enfants ne sont plus là.

— Si mes souvenirs sont bons, il la raccompagne chez elle et part sans rien faire…

— Quel imbécile ! Avec moi, je te promets, le programme sera différent. La douche est assez loin de la chambre, non ?

— Pas très écolo, mais exceptionnellement, je ne dis pas non. Est-ce qu’il y a un dessert de prévu avant d’aller coucher les enfants ?

— Oui, on a pris des brownies. Avec du chocolat, une soirée est forcément parfaite, non ?

— Forcément, mais dépêchons-nous de finir de manger, parce que le deuxième dessert me semble encore plus appétissant, chuchoté-je à son oreille en faisant courir mes doigts sur sa cuisse.

Allan pousse un léger grognement et m’embrasse abruptement, me faisant glousser comme une ado. Comme avant… Comme souvent durant toutes ces années ensemble. Et ça fait un bien fou de retrouver cette complicité.

Nous terminons de dîner en nous bécotant comme les adolescents que nous sommes parfois encore et devons nous presser de déguster nos brownies parce que les jumeaux s’impatientent. Albane assure en les emmenant se brosser les dents, et nous les retrouvons installés sur notre lit, en train de lire une histoire. Allan et moi nous observons et décidons d’un regard de nous installer avec eux.

Lorsqu’Albane ferme le livre, nous nous pelotonnons les uns contre les autres et savourons ce petit moment calme et câlin, agrémenté de bisous et de sourires. Chacun de nous avait semble-t-il besoin de ces vacances, et j’ai conscience que nous pourrions profiter de ce genre de moments bien plus fréquemment si j’étais plus présente à la maison… Mika et Nora s’endorment assez vite et Allan et moi les installons délicatement dans leurs lits avant d’embrasser Albane avec encore plus d’entrain que d’ordinaire, la remerciant pour cette soirée.

Soirée qui se termine sous une douche chaude où nous sommes bien moins sages que la Belle et le Clochard, d’ailleurs.

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