58. Le fouineur jouisseur

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Allan

Mais pourquoi ne veulent-ils pas s’endormir cet après-midi ? La sieste, c’est sacré, non ? Surtout que j’en ai besoin, moi aussi. Parce je n’ai plus vingt ans, surtout après une courte nuit. Quand j’y repense, je ne peux m’empêcher de sourire parce que si je suis fatigué, c’est surtout que Maeva a tenu sa promesse et a effectué un paiement en nature qui s’est révélé être largement à la hauteur ! Cette capacité qu’elle a à faire monter la température lentement et progressivement jusqu’à l’explosion finale est impressionnante. Même si ça fatigue, c’est tellement bon que j’en redemande !

Je referme doucement la porte de la chambre des jumeaux en espérant qu’ils vont arrêter de chouiner et s’endormir paisiblement maintenant que sur le plan matériel, ils ont tout ce qu’il faut : doudou, câlin, veilleuse, je n’ai rien oublié. Je passe dans la chambre d’Albane et m’amuse de la voir dissimuler son téléphone lorsque je rentre dans la pièce.

— Tout va bien ici ? Tu n’as pas besoin de moi ? Parce que je suis fatigué et je crois que je vais aller faire un somme après avoir fait quelques longueurs dans la piscine.

— Tout roule, Papa, j’ai plus trois ans, tu sais ? Si j’ai soif, je me sers, si j’ai envie d’aller aux toilettes, j’y vais, et je te jure de ne pas pleurer si je suis en manque de câlins, sourit-elle en me faisant un clin d'œil.

— Ah mais on va éviter ça, ris-je en m’approchant d’elle pour la câliner avant qu’elle ne me repousse. Ah oui, c’est vrai, tu n’aimes pas quand ma barbe te pique.

— Non, tu devrais la raser, grimace-t-elle. Ou demander à Maman qu’elle développe une gamme de soins pour adoucir tout ça. Tu crois qu’elle pourrait ouvrir un “Beau Breizh” rien que pour toi ?

Je pense surtout qu’elle aime trop le côté un peu rugueux de ma barbe entre ses jambes pour me demander un quelconque changement ou développer un produit.

— On lui en parlera ce soir. Tant que ta mère aime bien, je la garde ! A tout à l’heure ! Si les jumeaux se réveillent, je compte sur toi pour aller voir, hein ?

— Oui, Papa !

Je souris et passe par ma chambre enfiler mon maillot de bain avant d’aller nager un petit quart d’heure, autant pour me détendre que pour faire un peu d’exercice. Je tiens à garder ma forme physique et même à la retrouver un peu si je retourne prochainement travailler. Qu’est-ce que ça fait du bien de se défouler comme ça. J’essaie d’aller le plus vite possible et l’effort physique fourni me permet de ne plus penser à rien d’autre qu’à la prochaine longueur, le prochain mouvement de bras ou de pied, cela me fait un bien phénoménal. Quand je ressors, je suis ravi de ma petite séance et retourne dans ma chambre pour m’allonger et me reposer un peu. La tranquillité est cependant vite brisée par la sonnerie de mon téléphone.

— Coucou Chérie, tu m’appelles pour me dire que tu es sur le chemin du retour, prête à me retrouver pour transformer la sieste que j’allais faire en sieste crapuleuse ?

— J’aimerais bien, mais j’ai surtout besoin d’un service, Amour. Est-ce que tu pourrais aller dans mon bureau pour chercher un courrier que j’ai reçu pendant que nous étions confinés, s’il te plaît ? Je pensais l’avoir emmené au boulot, mais je ne le trouve pas…

— Je vais aller voir ça, soupiré-je, résigné, en me relevant. Il faut que je regarde où ? Dans la grande armoire ou bien dans le caisson en dessous du bureau ?

— Sous mon bureau, j’imagine. C’est un document avec un arbre vert en Logo.

— Tu as l’air préoccupée, encore. Tout va bien ? lui demandé-je en ouvrant la porte de son bureau. Ou alors, ce sont nos folies d’hier soir qui t’ont fatiguée ?

— Oui, oui, ça va… C’est juste un devis dont j’ai besoin pour… vérifier mes comptes du mois.

Etrange, cette demande. Après l’accusation mise en avant par mon ancien collègue, les éléments commencent à se préciser.

— Je regarde. Si je le trouve, tu veux que j’en fasse quoi ? Je le scanne et te l’envoie ?

J’espère qu’elle ne va pas me demander de le détruire. Je l’aime mais je ne suis pas sûr de vouloir la couvrir si elle fait quelque chose de répréhensible et d’illégal.

— Juste me donner le prix final pour que je puisse finir mon dossier pour la demande d’emprunt auprès de la banque.

— Pas de souci, je crois que je l’ai trouvé, dis-je rapidement en sortant le courrier de sa pochette qui s’appelle “A traiter”.

Maeva est très organisée et franchement, j’admire cette capacité à toujours tout connaître et tout savoir.

— C’est 253 320 euros, le montant. Je t’envoie la photo en message. Autre chose, ma Chérie ? Je vais retourner au lit, là… je t’attends ?

— Merci, Amour. Tu as raison de faire une sieste, il est possible que je me sois excitée toute seule en repensant à cette nuit… Du coup… je crois que j’ai déjà très envie de remettre le couvert ce soir.

— L’envie est partagée ! N’oublie pas de rentrer tôt ! A tout à l’heure !

— Je t’aime. A ce soir.

Je raccroche et lui envoie la photo du courrier dont elle a besoin. J’en profite pour faire un petit selfie de moi, torse nu, vêtu d’un simple short, tout sourire dans ma barbe rousse et je lui envoie aussi. Elle me répond par un simple petit cœur mais je suis sûr que j’ai réussi à l’exciter. Espérons que j’ai aussi réussi à lui donner envie de tenir sa promesse de rentrer pas trop tard.

Je remets le courrier dans la petite pochette où je l’ai trouvé et en profite pour jeter un œil aux autres documents. Rien de bien excitant à part des relances de quelques fournisseurs qui n’ont pas été payés à temps. En même temps, si je veux trouver quelque chose de compromettant, il va falloir que je fasse un peu plus d’efforts. J’hésite un peu mais continue à farfouiller dans son bureau. J’ouvre les tiroirs et examine les documents que j’y trouve, en faisant attention à ne rien déranger pour ne pas laisser trace de mon passage. J’ai un peu honte d’agir ainsi, de ne pas lui faire confiance, mais j’ai aussi envie de m’assurer que Jérome s’est trompé. C’est ambivalent, mon attitude. Je devrais lui faire entièrement confiance puisque c’est mon épouse, ma partenaire, mais en même temps, le doute est là. Et ça, c’est horrible.

Ne trouvant rien de spécial, je retourne dans notre chambre pour me reposer mais ne parviens pas à fermer l'œil, mes pensées tournant en rond autour de ces histoires de malversation. Qu’est-ce qu’il se passe à Belle Breizh ? Et pourquoi ne puis-je m’empêcher d’être aussi inquiet ?

Je finis par me lever et, pris par un soudain sentiment de culpabilité et de trahison, je file me mettre aux fourneaux pour préparer un bon repas à Maeva. J’alterne entre surveillance des enfants et cuisine, et la fin de l’après-midi passe vite. Quand Maeva rentre enfin, je l’accueille à la porte, toujours torse nu, et la serre fort dans mes bras avant de l’embrasser avec gourmandise. Je sens ses mains parcourir mon torse et je sais que s’il n’y avait pas eu les enfants à l’intérieur, nous aurions fait l’amour là, dehors, sur le pas de la porte. Mais il faut rester sérieux. Sans oublier que je suis aussi un peu un salaud qui essaie de se faire pardonner.

— Contente d’être rentrée, Femme de ma vie ? Je t’ai préparé un petit gratin dont tu me diras des nouvelles.

— Contente d’être rentrée, oui, et je meurs de faim, merci Chéri.

— Moi aussi, j’ai très faim. Vivement que les enfants soient au lit !

Je lui mets une petite tape sur ses magnifiques fesses alors qu’elle glousse et la suis à l’intérieur où nous passons à table. J’ai toujours en tête mes doutes et mes interrogations mais j’essaie de les faire passer au second plan afin de profiter de ce moment en famille. Cependant, je ne peux m’empêcher de revenir au sujet qui me préoccupe tant.

— Le courrier que je t’ai envoyé t’a servi, alors ? Tu fais des vérifications, c’est ça ?

— Oui, oui, il m’a servi, merci. Je devais boucler un dossier pour la banque et rentrer cette dépense dans notre tableau comptable, c’est tout.

— Ce n’est pas la période des bilans, pourtant. Tu t’es pris d’une soudaine affection pour la comptabilité ?

J’ai l’impression d’être un éléphant dans un magasin de porcelaine et de manquer absolument de discrétion, mais pour l’instant, même si elle a l’air un peu intriguée, Maeva me répond sans hésiter.

— Je garde toujours un œil sur la compta, mais cette année particulièrement, avec tous les investissements qu’on a faits. Et puis tu me connais, j’aime que tout soit à jour.

— Oui, justement, je te connais, d’habitude, la partie plus technique de la compta, tu laisses ça aux équipes de terrain. Tu as des soucis avec le nouveau ou quoi ?

— J’ai peur d’avoir merdé en voulant trop développer nos magasins, cette année, alors je surveille les dépenses, aucune envie de devoir licencier des employés parce que je n'aurais pas fait suffisamment attention, c’est tout.

Elle me lance un regard un peu soucieux et je me demande si je suis allé trop loin avec mes questions. Autant j’ai envie de connaître la vérité, de savoir ce qu’il en est, autant je ne veux pas qu’elle se rende compte que je doute d’elle, que je me demande si elle n’est pas en train de détourner de l’argent. J’avoue cependant que l’idée qu’elle mette de l’argent de côté pour faire des folies avec Yoann disparaît totalement quand elle me saute dessus à peine ai-je refermé la porte de notre chambre, une fois les enfants couchés. L’entrain et la fougue qu’elle met dans l’étreinte que nous partageons n’est clairement pas feinte. C’est moi qu’elle a dans la peau et, peut-être aussi pour me faire un peu pardonner de ce que je peux ressentir comme remise en cause de son intégrité, je me donne encore plus totalement que d’habitude à elle. Notre jouissance est telle que je suis obligé d’étouffer ses gémissements en enfonçant sa tête dans l’oreiller, ce qui a pour effet de décupler son orgasme… et le mien par la même occasion. Même si j’ai quelques doutes sur ce qu’il se passe à Belle Breizh, je n’en ai aucun sur ce qu’il se déroule à la maison. Nous nous aimons comme au premier jour, sans aucune hésitation.

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