60. La faible concentration de l’amoureux

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Allan

J’observe du coin de l'œil Maeva qui s’est installée sur le canapé, son ordinateur portable sur les jambes, l’air soucieux. Elle a à peine pris le temps d’embrasser les enfants pour leur souhaiter bonne nuit avant de redescendre pour travailler. Je finis de ranger la cuisine et continue à me demander ce qui ne va pas pour qu’elle se mette dans des états comme celui dans lequel elle est encore ce soir. Elle a toujours été concernée par son entreprise, mais je ne l’ai jamais vue aussi inquiète. Et cela me chagrine de voir qu’elle ne se confie pas à moi. Je ne sais pas si c’est par peur de ma réaction si elle parle boulot ou si c’est parce qu’elle pense que je ne pourrai pas l’aider. J’espère en tout cas que ce n’est pas parce que Jérôme a raison et qu’elle est au courant qu’il y a une enquête judiciaire contre Belle Breizh. Je n’arrive pas à croire qu’elle puisse avoir ce type de comportement à se reprocher et que ce soit la peur du gendarme qui la mette dans cet état.

J’éteins les lumières une fois que tout est propre et rangé dans la cuisine et m’installe sur le canapé aux côtés de mon épouse qui ne remarque même pas que je me suis approché d’elle. Elle sursaute d’ailleurs quand je finis par m’adresser à elle après un silence même pas brisé par le bruit des touches. Elle se contente de regarder son écran sans rien faire, abattue.

— Je te demandais si tu savais que tu es belle quand tu te concentres comme ça ? répété-je en souriant face à son air surpris.

— Belle ? Il va falloir consulter, Allan. J’ai vu ma tête dans le miroir, ce matin, et j’avais l’air d’un zombie. Mais… merci, t’es mignon et je vais m’accrocher à l’expression “L’amour rend aveugle”. Belle preuve d’amour que tu me fais ce soir, me répond-elle en levant les yeux quelques secondes de son ordinateur avant de se replonger dedans.

— Les zombies, c’est pas censé attaquer les vivants ? demandé-je, la forçant à relever à nouveau les yeux de son écran. Et il se passe quoi pour te mettre dans cet état ?

— Si, mais j’imagine qu’un zombie trop crevé n’est pas très efficace. Il se passe… encore des soucis au boulot, comme d’habitude. Cette année est une catastrophe.

— Une catastrophe ? Rien que ça ? m’étonné-je. Tu ne veux pas m’expliquer ce qui te tombe dessus ? Je peux peut-être te donner quelques conseils.

— Je… j’ai pas très envie de parler de tout ça, honnêtement. C’est suffisamment prise de tête comme ça sans qu’en plus je te barbe avec mes histoires…

Immédiatement, elle se referme sur elle et tout montre qu’elle souhaite que je me taise et la laisse tranquille. Elle baisse la tête, cesse de me regarder. Je crois que si elle avait des écouteurs, elle les mettrait pour m’exclure de ce monde où elle baigne et qui me semble entouré de miradors et de barrières encore plus imposantes que la grande muraille de Chine. J’hésite entre être fâché et la pousser un peu dans ses retranchements, mais je repense aux propos de Jérôme et je me dis qu’il faut que je sache.

— Ce sont des problèmes d’argent ? Si c’est aussi grave, c’est que ça ne tourne pas rond à Belle Breizh. Je me trompe ?

— Possible qu’on ait eu les yeux plus gros que le ventre, soupire-t-elle en refermant son ordinateur après un silence suffisamment long pour que je me demande si elle m’a entendu. Bref, ne t’inquiète pas, ça va s’arranger…

Est-ce qu’elle veut dire par là qu’elle a voulu trop détourner d’argent et qu’ils ont dépassé les limites ? Pourquoi ne veut-elle pas en parler ? C’est vraiment étrange.

— Je ne t’ai jamais vue comme ça, normal que je m’inquiète un peu, non ? Tu sais que tu peux tout me dire ?

— Je sais, Allan, mais c’est bon, ça va aller. Je préfère autant couper d’avec le boulot, là, me lance-t-elle en déposant son PC sur la table basse. On peut s’occuper autrement, non ?

— C’est toi qui t’es remise à travailler, je te signale. Et qui as l’air de porter tout le poids du monde sur les épaules. Tu sais que je peux t’aider à le porter ? Quand on s’est mariés, c’était pour le meilleur mais aussi pour le pire. Je suis là pour toi, Chérie. Vraiment. Tu peux me dire ce qu’il se passe et on affrontera tout ce qui te tracasse à deux.

— Je n’ai pas envie de parler boulot, susurre-t-elle en s’installant à califourchon sur moi. Il y a bien plus agréable à faire, tu sais ?

— Plus agréable ? commencé-je alors qu’elle se penche vers moi et que je sens ses lèvres si douces se poser sur les miennes pour me couper la parole.

Ses mains se posent sur mes joues et m’enserrent dans une délicate prison alors que nous nous embrassons. Sa langue joue avec la mienne tandis qu’elle caresse tendrement ma barbe dans laquelle elle adore entrelacer ses doigts. Je ne sais pas comment je fais mais je parviens à stopper cette embrassade et à l’écarter légèrement.

— Tu ne serais pas en train d’essayer de noyer le poisson, là ? J’ai vraiment envie de savoir ce qui arrive à Belle Breizh pour pouvoir te venir en aide. Ce n’est pas une blague.

— Et c’est vraiment adorable de ta part, Amour, mais le boulot n’a pas sa place sur ce canapé, et encore moins quand cette bosse est visible, sourit-elle en effleurant ma braguette. J’ai envie de toi, Allan.

Comment fait-elle pour m’exciter à ce point-là ? Est-ce que c’est cette façon si sensuelle d’onduler contre moi ? Sa voix rendue un peu rauque de désir ? Non, je crois que ce sont ses yeux qui me laissent accéder à son âme. Je n’y lis aucune crainte, aucune angoisse, simplement l’expression pure d’un désir profond qui me fait oublier jusqu’à mon nom. J’essaie de protester, pour la forme.

— Mais, Chérie, c’est important d’échanger sur…

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que sa bouche se plaque à nouveau sur la mienne tandis que ses doigts défont fébrilement les boutons de ma chemise. Si souvent elle s’offre totalement à moi et à mon désir, ce soir, j’ai l’impression de n’être que le jouet dont elle a besoin pour assouvir ses envies et lui faire oublier tout le reste. J’ai envie de savoir ce qui la mine autant au quotidien mais comment me concentrer sur ses soucis quand sa main enserre mon sexe et le caresse sensuellement, dans un rythme en parfaite harmonie avec tout le reste de son corps qu’elle frotte contre moi.

— Mmm, marmonné-je alors qu’elle s’est relevée pour finir de me débarrasser de mes vêtements.

Je me retrouve nu devant elle et l’admire alors qu’elle prend le temps de se déshabiller devant moi. Je ne peux m’empêcher de me caresser en la voyant s’effeuiller ainsi. Elle termine en jetant sa petite culotte qui atterrit sur mon visage et je respire l’odeur de son excitation avec délectation. J’ai d’ailleurs le plaisir que le tissu soit rapidement remplacé par son intimité qu’elle présente devant mon visage, les jambes écartées de chaque côté de mon corps, les mains appuyées sur le mur derrière le canapé. Faible comme je suis dans cette situation, j’obéis à cette demande silencieuse. J’agrippe ses fesses entre mes grandes mains et me mets à la déguster. Je passe ma langue entre ses lèvres et remonte jusqu’à son bouton d’amour que je finis par enserrer de ma bouche. J’en profite pour insérer un puis deux doigts en elle qui ondule en gémissant contre ma bouche. C’est incroyable comme je suis excité par ces petits gémissements qu’elle pousse à chaque fois que ma langue entre en contact avec son clitoris ou que mes doigts s’attardent sur ce petit renflement qui la rend folle. Je suis ravi de voir qu’elle ne résiste pas longtemps à ce traitement avant de connaître un orgasme qui l’oblige à s’appuyer sur mes épaules pour ne pas perdre l’équilibre et inonde ma bouche de son délicieux nectar.

Elle reprend ses esprits et s’agenouille sur le canapé à mes côtés m’offrant une vue imprenable sur ses magnifiques fesses que je m’empresse d’embrasser et de caresser. J’aimerais bien m’attarder un peu plus mais je la connais bien et je sais ce qu’elle veut. Je me redresse et présente mon gland entre ses lèvres humides avant de m’enfoncer lentement en elle. Elle grogne et essaie de me forcer la main pour que j’y aille plus vite et plus fort mais je la maintiens fermement par les hanches et la contrains à s’adapter à mon rythme. Elle se contracte sur mon sexe et reprend ses gémissements alors que l’excitation et la chaleur de cette étreinte montent petit à petit. Je ne peux plus retenir mes râles alors que ses fesses claquent sur mon ventre. J’adore voir ma virilité ainsi s’enfoncer en elle et ressortir trempée, c’est tellement excitant que je ne retiens plus rien. Nous continuons notre ballet qui est pratiqué par l’humanité depuis toujours mais qui semble à chaque fois différent et d’une intensité inimaginable. Dans ce combat épique, je suis le premier à céder et jouis en essayant de retenir mes grognements pour ne pas réveiller les enfants avant d’avoir la joie de la sentir se contracter et connaître à son tour un puissant orgasme.

Je m’effondre sur le canapé et elle se love contre moi, me recouvrant de tout son corps en sueur. Je la caresse et parcours ses magnifiques courbes en l’embrassant. Je sais qu’avant de nous lancer dans cette étreinte, j’étais en train d’essayer de connaître les raisons de ses inquiétudes mais je ne parviens pas à rassembler mes idées, enivré de sa proximité et de ce plaisir qu’elle est la seule à pouvoir m’offrir. Qu’importe le reste, je veux passer toute ma vie dans ses bras à l’aimer. Le monde peut bien s’écrouler, la planète peut être détruite, quand je fais l’amour à ma femme, je suis déjà au Paradis.

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