Epilogue 1/2 : Tout est bien qui jacuzzi bien

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Maeva

— Attention !

J’ai à peine le temps de me retourner qu’Allan attrape la main de Mika à quelques centimètres à peine du dessus de l’appareil à raclette tout juste débranché. Les petits anges transformés en monstres, ou l’inverse, étant donné qu’ils sont et restent des petites terreurs aussi adorables qu’épuisantes. Comment a-t-il pu se lever aussi rapidement de sa chaise ? J’ai à peine tourné la tête quelques secondes pour demander à Albane d’aller chercher les yaourts dans le petit coin cuisine du chalet que nous occupons, et déjà, on a frôlé la catastrophe.

Evidemment, Mika se met à chouiner. La journée a été longue, entre balade, luge et bataille de boules de neige, sans parler des deux énormes bonshommes rondouillets au nez de carotte qui trônent fièrement devant le chalet. Les petits sont crevés, et j’avoue que je ne suis pas sûre de faire long feu ce soir, une fois tout le monde au lit.

— Ça ne sert à rien de pleurer, Petit Monstre, soupiré-je en le prenant sur mes genoux. Papa a eu peur, c’est pour ça qu’il a crié. C’est très chaud, tu te souviens ? On ne doit pas toucher.

La fatigue des enfants a cet effet étrange sur eux. Ils sont à la fois fébriles et sur les nerfs, et à moitié amorphes. Mika se love contre moi en bâillant et je suis sûre que dix minutes dans cette position auront raison de lui. Pour autant, je me dépêche de lui faire manger mon yaourt avant de l’embarquer avec sa sœur à la salle de bain pour un brossage de dents en bonne et due forme. Une fois les petits lovés sous les draps, je leur lis une histoire dont ils n’entendent que les premières pages et souris en voyant Allan sur le pas de la porte. Toujours aussi beau, toujours aussi envoûtant. Pourtant, il ne porte qu’un bas de jogging chaud et un pull en laine basique, mais merde… Il faut dire que même la combinaison de ski lui sied à merveille. Comment peut-on être carrément canon engoncé dans ces trucs ? Si on s’appelle Allan, ça semble facile.

— Albane est couchée aussi ? chuchoté-je en lui laissant la place.

— Oui, le ski, ça l’a épuisée, sourit-il en allant embrasser les petits.

— Tu m’étonnes. J’ai hâte de m’y mettre.

Nous sommes venus ici avec mes frères, mes frangines n’appréciant pas vraiment la neige. L’avantage d’être là à plusieurs familles, c’est que nous pouvons alterner la garde des plus petits. Bon, peut-être qu’on aurait dû coller les jumeaux sur des skis, mais ils sont déjà terribles sur leurs pieds, nous avons préféré reporter ça à notre prochain voyage.

Je file embrasser notre aînée et la trouve évidemment avec un bouquin entre les mains, emmitouflée sous les draps et une couverture supplémentaire. Elle tient de ses tantes, apparemment.

— Vu ta tête, je doute que tu arrives au bout de ton chapitre, ris-je en m’asseyant au bord du lit pour l’embrasser. Bonne nuit, ma Puce. Fais de beaux rêves.

— Oui, je vais dormir, répond-elle en posant son bouquin. Bonne nuit, Maman.

— Je t’aime, mon grand bébé.

Je m’éloigne en l’entendant ronchonner qu’elle n’est plus un bébé, et lui envoie un baiser depuis la porte avant de fermer. Elle grandit si vite, c’est terrible. Parfois, j’aimerais revenir dix, douze ans en arrière, même si j’adore la voir grandir, mûrir et s’épanouir.

Je rejoins Allan dans la pièce de vie et le surprends sur son téléphone. Un sourire fleurit sur mes lèvres lorsque je lui prends des mains par surprise.

— Je rêve ou tu consultes tes mails de boulot ?

Après de longues réflexions et discussions tous les deux, mon petit mari vient d’ouvrir sa boîte de sécurité. Il a repris le travail et semble plus épanoui que jamais. S’il s’est toujours donné au maximum auprès des jumeaux, lui comme moi sommes faits du même bois, travailler nous est aussi essentiel que passer des moments en famille. C’est nécessaire à notre épanouissement personnel. Aujourd’hui, c’est lui qui bosse plus que moi. Ça marche plutôt bien et il vient d’embaucher une nouvelle équipe, après avoir recruté d’anciens collègues qui ont quitté la police à la création de l’entreprise.

— Tu rêves, oui. Qui oserait faire ça en vacances ?

— Je te dirais bien “pas moi”, mais ce serait mentir, ris-je. Mais… je n’ai pas encore craqué, pour le moment. Et le message de Yoann avec le bilan de décembre ne compte pas, ce n’est pas de mon fait !

— Tu es plus forte que moi, comme d’habitude.

— Tu as dix minutes, Beau Gosse. Après ça, ma proposition de câlin dans le jacuzzi ne tiendra plus, souris-je en sortant la bouteille de blanc sucré du réfrigérateur ainsi que deux verres à pied.

— J’arrive tout de suite, alors ! Rien ne vaut un câlin de ma femme !

— Ils s’en sortent sans toi ? lui demandé-je tout de même. Pas de souci à l’agence ?

— Non, ça roule bien. C’est difficile de laisser la main comme ça, en vacances, mais j’ai confiance, tout va bien se passer.

— Bienvenue dans ma vie, monsieur le chef d’entreprise, souris-je en l’abandonnant sur place pour gagner la terrasse couverte.

Bon sang, il caille… Quelle idée de mettre un jacuzzi à l’extérieur en pleine montagne, sérieusement ! Hors de question de jouer la strip-teaseuse, ce soir, je me déshabille en vitesse et me plonge dans l’eau chaude sans demander mon reste. Je suis en train de verser le vin dans les verres quand mon petit mari débarque, déjà en tenue d’Adam. Toujours aussi beau… Il appelle mon sourire et captive mon attention. Quel homme, sérieusement !

— Tu as semé tes fringues sur le trajet ? ris-je alors qu’il entre à son tour dans l’eau.

— Non, j’ai tout mis dans un coin au cas où quelqu’un de ta famille débarque, sourit-il en se collant immédiatement contre moi.

— Bien vu, pouffé-je en l’enlaçant. Maxence est le pro des apparitions non désirées. Tu te rappelles quand il a débarqué au magasin la veille de l’ouverture alors qu’on fricotait dans la réserve ?

— Je me souviens surtout comment ça t’a excitée et que tu n’as pas voulu arrêter alors que j’essayais de m’écarter ! rit-il en m’embrassant dans le cou.

— J’étais à deux doigts de l’orgasme, bon sang. C’était vital d’aller au bout, soufflé-je en glissant ma main entre nous pour empoigner son sexe déjà en forme.

— Deux doigts ? J’étais plus profond que ça, dans mon souvenir…

Je glousse et glisse ma main libre dans ses cheveux pour attirer sa bouche contre la mienne. Ses mains se promènent sur mon corps, viennent jouer avec ma poitrine alors que nos langues dansent l’une avec l’autre et que sa hampe durcit entre mes doigts. Une décharge électrique me parcourt lorsque je sens la pression de son pouce sur mon clitoris, et je lâche un premier gémissement quand Allan enfonce un doigt en moi. Je suis déjà toute excitée, avide de lui et totalement prête à passer à l’étape supérieure, mais comme souvent, l’un comme l’autre apprécions de faire grimper davantage la température, de pousser l’autre à bout…

C’est pourtant d’un commun accord, d’un simple regard, que nous nous détachons finalement, juste le temps de changer de position. Allan hausse les sourcils en me voyant lui tourner le dos et m’accouder au bord du jacuzzi, mais je pense que ce sera le plus pratique pour l’étape suivante. L’air frais sur mon buste me fait frissonner et contraste à un point inimaginable avec la chaleur de l’eau, mais je sens le torse de mon mari me surplomber et se presser dans mon dos alors qu’il s’insère en moi d’une lente poussée. Ses mains recouvrent mes seins et les malaxent, sa bouche parsème ma nuque de baisers, de douces morsures sur mes épaules alors qu’il se met en mouvement, et mes gémissements répondent aux siens tandis que le plaisir grimpe en nous. Il prend son temps, m'envahit avec une lenteur qui devient presque insupportable, si bien que mes coups de reins dans sa direction s’accentuent. Allan se redresse, agrippe mes hanches et accélère la cadence, répondant à mon besoin d’intensité. Si j’en crois son enthousiasme à ruer en moi, il était lui aussi au bord de l’implosion à force de jouer. Il enroule son poing dans mes cheveux longs et tire ma tête en arrière pour m’embrasser voracement avant de me plaquer contre son torse. Nos peaux claquent en rythme, l’eau en mouvement frappe contre les rebords du jacuzzi et passe parfois par-dessus la paroie, et il suffit qu’Allan glisse sa main entre mes cuisses et joue avec mon clitoris quelques secondes pour que je décolle brusquement. Mon mari poursuit encore ses assauts quelques instants avant de jouir à son tour et je sens son corps vibrer contre moi lorsqu’un grondement sort de sa bouche.

Nous restons un moment enlacés dans cette position, jusqu’à ce qu’un frisson me traverse. Allan se réinstalle en m’attirant sur ses genoux et nous nous bécotons comme deux adolescents en savourant finalement nos verres de vin.

La nouvelle année commence bien calmement. Les problèmes avec Belle Breizh sont encore une épée de Damoclès, moins proches certes, mais l’année n’a pas été bonne d’un point de vue comptable. Les ventes ont lourdement chuté avec l’affaire Gaëlle… Certaines de nos franchises ont rompu leur contrat, et nous avons voulu nous recentrer sur la création de nouveaux produits pour l’année à venir plutôt que de repartir sur de l’expansion. Paradoxalement à la situation qui aurait pu me rendre plus control freak encore, je délègue davantage aux responsables de chaque service. Je passe plus de temps en réunions qu’avant, mais j’ai moins de charge de travail et je rentre tous les soirs assez tôt, allant parfois même chercher les jumeaux à l’école avant dix-sept heures.

Les petits adorent l’école. Si se détacher de Papa a été un peu compliqué lors de la rentrée, ils se sont vite fait des copains et ils adorent leur maître. Curieux comme tout, ils sont tous les matins ravis d’aller apprendre de nouvelles choses et de s’amuser. Albane continue de grandir, elle m’a même confié avoir un chéri et elle n’ose pas en parler à Allan, ce qui est plutôt drôle. Mon grand bébé et moi nous sommes rapprochées depuis que j’ai lâché du lest au boulot, et j’essaie de lui accorder une à deux sorties mère-fille par mois, tout comme Allan le fait aussi de son côté.

Et nous… nous nous soutenons comme jamais l’un l’autre. Comme si cette année plutôt catastrophique n’avait fait que renforcer notre couple après l’avoir mis en péril. L’amour est toujours présent et nous nous efforçons d’alimenter la passion pour ne pas retomber dans nos travers. Oh, ce n’est pas parfait, il nous arrive toujours de nous disputer, mais nous ne nous couchons plus fâchés, plus de guerre froide à l’horizon.

Dire que j’aurais pu tout perdre l’an passé… Je suis chanceuse d’avoir réussi à conserver mon entreprise, mais plus encore, je me félicite d’avoir voulu me battre pour mon mariage, et je mesure chaque jour la chance que j’ai d’avoir un tel mari et une si jolie famille.

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