15 mars, Tivoli.
Villa d’Hadrien. Domaine impérial au périmètre immense, au sein duquel on trouve, à proximité d’un vaste jardin, le petit théâtre maritime où se retirait l’empereur Hadrien. Au cœur de ce théâtre (qui n’a de théâtre que le nom), une villa dans la Villa, bâtie sur une île entourée d’un canal, avec un pont reliant – séparant – l’empereur et son empire. Construction circulaire, donc, nombril de la puissance, omphalos de la pensée, endroit propice à la profonde méditation de l’empereur.
À l’intérieur de son théâtre maritime, on dit qu’Hadrien n’aimait rien tant que de s’adonner à l’otium. Conception typiquement romaine du loisir. L’otium : temps pour soi, de retour à soi, congé par lequel on s’extrait de la vie matérielle et de ses contingences afin de revenir au centre, à l’esprit. L’enjeu : ne plus donner le change, faire tomber le masque, essayer de se rencontrer. Les moyens : l’art, la réflexion, l’engagement personnel, le voyage physique ou mental. La finalité : revenir à la vie matérielle et traduire en actes une éventuelle modification de son état d’esprit. L’otium, un privilège bourgeois par excellence ; on devrait le proclamer droit fondamental pour tous.
Pour Marie et moi, ce voyage à travers l’Europe est une espèce d’otium, un moyen pour tenter de reconsidérer notre vie, de la redéfinir à l’aune de notre époque. Que voulons-nous faire de notre existence ? La réponse est – doit être – au bout de ce voyage.
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