25 juillet, Chaschuri
Dans l’aire où nous nous reposons, deux couples de cyclistes ont successivement débarqué ce matin. Le premier couple arrive de Thaïlande et rentre en Angleterre ; le second, parti d’Angleterre, se dirige vers la Nouvelle-Zélande. Cela vaut bien d’avoir les joues rouges comme des tomates. Les quatre portent un cuissard à bretelles ultra-moulant. Héraclès et Vénus Callipyges. Ils ne se connaissent pas, mais leur communauté de destin les rend complices instantanément. Ils savent ce qu’une montagne implique, et partagent la dureté des nuits passées sous la tente. Leurs vélos sont chargés du même attirail : la cuisine est sur la roue avant, la chambre est sur la roue arrière, et le tout pèse environ 40 kilos, poids de la petite reine incluse. De véritables mules errant sur la carte du monde. Quant à nous, pauvres assistés, nos batteries sont pleines et nous avons des cuisses de grenouille. « Et vous, vous voyagez comment ? » nous demandent-ils en rangeant leurs vélos. Cette question, posée sans aucune intention de nous rabaisser, rehausse indéniablement leur mérite à l’instant même où nous leur répondons presque honteusement : « En fourgon. » Soudaine impression qu’en ayant choisi ce moyen de transport paresseux, nous avons aboli la distance, nous avons rétréci le voyage.
Annotations
Versions