27 août, Cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg
On la voit de loin, cette cathédrale. Un clocher de 123 mètres de haut. Jaune de la tête aux pieds, de la flèche aux fondations. Un fétu de paille, encore un. Depuis le pont qui enjambe la Neva, on dirait une seringue en train d’inoculer de l’or aux nuages. Il paraît qu’un petit ange est perché tout en haut de l’aiguille. Il doit servir à réguler les doses. À l’intérieur de l’édifice, on découvre une nécropole un peu particulière : tous les Tsars de la maison Romanov y sont enterrés, c’est-à-dire trois cents ans d’empereurs et d’impératrices. Atchoum ! La cathédrale est une poussière d’Histoire que nul éternuement ne pourra balayer.
Devant le tombeau de Pierre le Grand, j’écoute un guide accompagné de son couple d’Américains retraités. Je regarde ailleurs, feignant de me passionner pour l’iconostase, et me paie de la sorte un petit cours d’histoire à l’œil. Lyrique à souhait, le guide est en train de planter le décor, dépeignant l’atmosphère à Saint-Pétersbourg sous le règne de Pierre le Grand (durant lequel la cathédrale fut construite) : interminables guerres contre la Suède, expansion de la nouvelle capitale de l’Empire, assèchement des marais dans le delta de la Neva, rudesse et longueur des hivers… En ce temps, des températures minimales de -30 °C étaient relativement fréquentes, alors qu’il fait de nos jours entre -4 °C et -8 °C au plus fort de l’hiver. L’Américain devine où veut l’emmener son guide, et le coupe en déclarant sur un ton péremptoire que l’homme n’y est pour rien dans ce dérèglement : tout cela n’est dû qu’aux variations de l’activité solaire. C’est la faute du soleil ! U-ni-que-ment. Le guide se mord les lèvres, à peine une fraction de seconde, puis choisit de ne pas relever cette remarque, et les emmène au tombeau suivant. Comme je me trouve en travers de leur chemin, j’avance d’un pas tout contre la grille qui me sépare de Pierre le Grand – ah non vraiment, cette iconostase est de toute beauté !
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