13 octobre, Weimar
Repris dans le tourbillon du voyage, et pressés par notre prochain woofing dans la Hesse, nous avons dû quitter Jody et Markus. D’incroyables personnes, hautes en couleur, pareilles aux chatoyantes peintures qu’offre l’automne à ce moment de l’année. Cette après-midi, dans le charmant centre-ville arboré de Weimar, nous mesurons l'ampleur des beaux dégâts causés par l’arrière-saison. Dans les frondaisons, tout rouille, tout se brunit. La chlorophylle a disparu, la nature est en train de fermer les yeux. Les feuilles fauves ne cessent de choir sur les rues pavées, nous déroulant comme un tapis rougeâtre à mesure que nous nous promenons. Les ginkgos biloba résistent encore, et s’accrochent à leurs couronnes d’or. Il y a tant d’arbres et de parcs, à Weimar, qu’on n’y voit guère le gris du béton. Dans le parc de l’Ilm, Marie continue d’alimenter son herbier, plus que jamais, tandis que je suis allongé sous un arbre centenaire. Les couleurs pétillent au soleil. Ici, nous faisons face au pavillon de Goethe, à la lisière du parc. À propos des splendeurs que le poète apercevait de sa fenêtre, il faisait dire à son Faust :
« La Nature devint mon splendide royaume
Et je pus la goûter et je pus en jouir,
Non comme un visiteur qui froidement s’étonne :
Grâce à toi, j’ai pu voir jusqu’au fond de son âme,
Comme on regarderait dans le cœur d’un ami.
Tous les êtres vivants défilent devant moi
Et tu m’apprends comment reconnaître mes frères
Dans le calme des bois ou dans l’air ou dans l’onde. »
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