5 novembre, Zaanse Schans (Hollande-du-Nord)
Chauvins, les gens du coin disent de leur région qu’elle est la plus ancienne zone industrielle du monde, avec environ six cents moulins à vent tournant à plein régime entre le dix-septième et le dix-neuvième siècle. Aujourd’hui, une douzaine de moulins nous donnent un aperçu de leur formidable ingéniosité. Le premier broie des épices, le deuxième actionne des scieries, le troisième moud de la farine, le quatrième pile des pigments pour fabriquer de la peinture, le cinquième et le sixième produisent des huiles comestibles, etc. Orientables, édifiés comme des tours, les moulins prenaient le vent dans les plaines rases des Pays-Bas ; l’énergie convertie dynamisait l’âge d’or néerlandais. Après 1850, les moteurs à vapeur ont pris le relais des moulins, pour fabriquer plus vite. Aujourd’hui, grâce aux fossiles, on a passé la démultipliée, on a mis sur pied la société thermo-industrielle, et les moulins à vent ne sont plus que des attractions touristiques.
On monte en haut de l’un de ces moulins carte-postalisés. Le nez au vent, les poumons grands ouverts, on prend quelques photos. D’un côté, les cheminées des usines de notre époque moderne. De l’autre, à perte de vue, des polders entourés de canaux, ces étendues de terre gagnées sur la mer. Les Hollandais sont passés maîtres dans l’éternel combat livré contre les océans. Puissent-ils remporter la titanesque bataille qui s’annonce, avec la prochaine élévation des eaux, dans un pays dont le quart des terres se situe sous le niveau des mers.
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