Chapitre 6

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Idri enfilait fébrilement sa chemise de lin blanche et pestait devant la résistance du dernier bouton. Le jour fatidique était arrivé. Il avait passé plus d'une heure à s'habiller, se demandant s'il était suffisament présentable, préparait les phrases qu'il allait dire et changeait mille fois d'avis. Il allait se marier et, surtout, il ne connaissait pas celle qu’il allait épouser. Il ne l’avait même jamais vue et n’aurait que peu de temps avant la cérémonie pour s’entretenir avec elle. Était-elle jeune, ou plus âgée que lui, jolie ou disgracieuse, gentille ou mégère?

Il n’en savait absolument rien, il n’avait pas osé poser plus de questions que ça. Il avait un peu mieux digéré le second challenge que son père lui avait imposé. Après tout, les responsabilités dont on le chargeait auraient pu être bien pires. Son père aurait pu lui confier les relations diplomatiques pour lesquelles il était assez médiocre. Ou l'arbitrage de la salle d'audience, il en aurait cauchemardé. Parler en public et prendre des décisions en un claquement de doigt n'était pas son fort. Plutôt que de ressasser son angoisse, il décida d'aller glaner à la bibliothèque du palais des informations diplomatiques justement. Il feuilleta quelques livres pour compléter les informations éparses dont il disposait sur les îles du sud. Pour quelqu’un qui se prétendait futur monarque, il réalisa qu'il n’était pas très bien renseigné. Il finit par trouver quelques bribes de données intéressantes. 

Les îles du sud étaient composées de cinq petits îlots à plusieurs miles de leur île et étaient régies par un gouverneur qui habitait l’îlot central, le plus peuplé. Son père s’y était parfois rendu en voyage d’affaires pour négocier des contrats commerciaux mais Idri n’était alors pas impliqué dans les détails des négociations, son père voulant qu’il étudie en premier lieu avant la mise en pratique.

Leurs principales ressources le bois et l’agriculture, le climat étant plus doux dans leur région que dans l’île du volcan. Ici, le temps capricieux empêchaient les cultures de prospérer mais les vapeurs soufrées produisaient de magnifiques pierres précieuses que l’on ne trouvait nulle part ailleurs.

L’autre particularité de leur île était la présence des anges. Il y avait de cela des centaines d’années, lorsque les premiers explorateurs trouvèrent ces amas d’îles isolées au milieu de l’océan, ils rencontrèrent aussi les anges sur l’île du volcan. Les anges étaient alors une espèce peu évoluée, vivant comme un peuple primitif, à mi chemin entre l’animal et l’homme. Les nouveaux colons n'eurent donc aucune peine à s’installer et à rapidement considérer, en tant qu’espèce supérieure, les anges comme leurs esclaves.

Néanmoins, pour mener à bien certaines tâches, certains anges furent instruits, et les années passant, commencèrent à se rendre compte de ce qui leur était imposé. Certains commencèrent à se rebeller et montèrent une révolte. Cependant, ils n’étaient pas assez nombreux et puissants et ceux qui ne furent pas tués furent condamnés à un esclavagisme encore plus drastique.

A l’occasion de cette révolte, le roi Ibrahim, alors simple prince, découvrit le secret des anges: il arrivait que dans certaines rares situations, les larmes des anges se transforment en or. Cette découverte lui valut d’être finalement couronné roi au détriment de son frère aîné. Mais l’enthousiasme de ce prodige s’étiola avec les années et le miracle ne se reproduisit pas, malgré les nombreuses tortures réalisées sur les anges restants pour parvenir à extraire cet or tant. Quand le roi Ibrahim eut connaissance de ces pratiques, il les interdit sur le champ.

Avec le manque de ressources croissant du royaume, beaucoup s’impatientaient et critiquaient le manque de réactivité du roi. Personne ne savait qu’en réalité, le roi avait agi ainsi pour protéger son fils, mi ange mi humain. Idri tressaillit en pensant à cette vérité: il oubliait parfois sa part d’ange tant il se sentait différent d’eux. Il avait pu cacher cette réalité au peuple, mais saurait-il le cacher à sa future épouse?

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