Chapitre 7
Ils attendaient tous sur la plage de sable blanc l'arrivée des invités. Le roi Ibrahim, idri, les membres de la cour, les serviteurs prêts à bondir pour récupérer les nombreux bagages, et les voiturettes disponibles pour éviter aux dames de marcher sous le soleil de plomb.
Le bateau arrivait droit sur l'embarcadère de bois, déjà bien rempli par tout ce beau monde. Il s’arrima et les premiers serviteurs commencèrent immédiatement à évacuer les sacs, les parasols, quelques pièces de mobilier, les malles, les étoffes, les paniers d’osiers. Une fois que tout ce matériel fut pris en charge par les serviteurs du roi Ibrahim, le gouverneur des îles du sud et sa famille firent leur apparition et commencèrent à descendre de l’embarcation.
Le gouverneur était un homme petit aux traits fins agrémentés d'une petite moustache soigneusement peignée. Sa peau était halée mais plus pâle que les habitants des îles du volcan et ses cheveux étaient noirs et lisses. Il portait un pantalon léger de soie orange avec une longue tunique de même teinte ornée de bordures cramoisies. Derrière lui, suivait une fille de grande taille en robe longue vert émeraude avec un voile de tête assorti. Ses longs cheveux tressés en natte dépassaient du voile lorsqu'elle tournait la tête, riant et s'enthousiasmant devant toutes les choses qu'elle voyait.
Suivait ensuite une deuxième demoiselle, plus petite, vêtue d'une longue robe de soie rouge et soigneusement drapée dans son voile de tête de sorte qu'Idri ne pouvait pas voir son visage. En dernier trottait un petit garçon qui ne devait pas avoir plus de huit années et qui regardait tout autour de lui d'un air émerveillé. La future femme d'Idri serait donc vraisemblablement la grande exubérante ou la petite discrète.
Il ne saurait dire exactement ce qu’il aurait préféré, ses connaissances en matière de femme étant pratiquement inexistantes. Il y avait bien eu quelques filles du village qui lui avaient plu. Mais il avait à peine le temps de s’y intéresser que son père le requisitionnait pour tel ou tel dossier. Et quand il était de nouveau libre de rêvasser, le sentiment était passé. C’est donc le ventre un peu noué d’appréhension qu’il regardait arriver sa future épouse. Le gouverneur s’arrêta d’abord saluer son père, qui l’accueillit chaleureusement mais pudiquement, comme à son habitude. Puis il vint saluer Idri, qui bredouilla tant bien que mal trois mots d’une platitude absolue, tandis que son invité lui donnait une accolade amicale et enjouée.
Le gouverneur fit ensuite les présentations: Jacinda était l’aînée, la plus grande en taille et en âge donc, Meera la cadette et Palak le plus jeune. Tandis que le gouverneur et son père échangeaient quelques mots sur la situation politique, Jacinda et son frère Palak voulurent monter dans une voiturette pour admirer le paysage, tandis que Meera et Idri restèrent en tête à tête. La jeune fille restait toujours emmitouflée dans son voile, évitant le regard d’Idri. Quand ils se mirent tous en branle pour remonter jusqu'au palais, elle suivit d’un pas ferme le chemin et resta à hauteur d'Idri qui se trouva forcé de faire la conversation. Il tenta une première approche:
- Avez-vous fait bon voyage?
- Oui, je vous remercie.
La voix de Meera était douce et elle ne semblait pas être contrariée, mais elle ne semblait pas être très bavarde. Idri sentit qu’il faudrait faire quelques efforts afin de percer sa carapace. Voilà qui promettait d’être un challenge plus éprouvant qu’il ne l’aurait pensé! Gérer les carrières semblait d’un seul coup beaucoup moins ardu. Peut-être que finalement Jacinda aurait été un meilleur choix pour lui, mais étant donné qu’il n’avait pas eu voix au chapitre, il faudrait se contenter de Meera. Il appréciait au moins qu’elle se soit donné la peine de marcher et son pas souple et assuré montrait qu’elle en avait l’habitude. C’est donc dans le silence qu’ils rejoignirent le palais.
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