Quand la vie ne suffit plus, les mots ne sont plus là. Quand rien ne va plus, je tombe au plus bas. Les mots me manquent, le souffle m'abandonne, mon esprit part en lambeaux dans un océan de larmes envahi de poubelles qui détruisent mon moral. Je n'y arrive plus, à m'exprimer, tout est bloqué, comme si j'étais devenue tordue.

Tordue de rire sur ma propre incapacité, faire front, rester patiente, même ça j'en suis incapable. Trouver les bons mots, injonction, pouvoir sur ma vie, contrôle de la situation, se libérer à tout prix, quand ça ne vient pas. Quand la vie ne me suffit plus, que me reste-t-il. Une trace de mon passage sur terre qui n'intéressera personne, une solitude marquante et marquée, dont tout le monde se souviendra mais c'est tout. Je suis une mauvaise personne, aussi, même si c'est pas ma faute, et la faute d'orthographe est faite exprès, je ne fais que répéter ce que ces enfoirés m'ont dit après m'avoir détruite, pas la première fois mais pas la dernière non plus, et ça ne s'arrêtera jamais, donc à quoi bon continuer. Faire semblant de vivre, mais pour qui, pour quoi, au nom de quoi ? Quand la vie ne suffit plus, c'est que je ne dois plus être là. Je me dois de disparaître, seule, sur une île, l'île des suicidés, où l'enfer n'est rien à côté. Je dois accepter de souffrir, tout simplement, et continuer. On doit pas chercher à être heureux, non, on doit savourer nos souffrances, vivre chacune de nos blessures chaque jour ad vitam eternam, c'est ça la vie. Quand la vie ne suffit plus, il ne faut écouter personne. Je dois accepter cette souffrance et montrer aux gens qu'ils se trompent tous, ils se fourvoyent, le bonheur n'existe pas, c'est une illusion. Chacun doit porter sa croix, quitte à en mourir à la fin de tristesse, car ça existe. Et bien je fais ce choix, aujourd'hui, de mourir de chagrin. De me laisser aller, pour une fois, à ce puits sans fond. De ne plus jamais sourire, de ne plus jamais parler aux gens qui ne comprendraient pas. Que la vie ne suffit pas.