Chapitre 8

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Quelque temps plus tard, le groupe se retrouva dans la chambre du leader pour y écouter le déroulé du planning.

Les garçons s'étaient installés là où ils avaient pu, tout en laissant à Yüna un espace vital assez large. Elle, qui s'était mise d'office à l'écart, garda la tête baissée. Cependant, elle ne pouvait se soustraire au regard de Shi Ji qui avait repris sa place sur le siège de bureau. La voir ainsi lui donnait envie de revenir à l'instant d'avant où elle l'avait embrassé d'elle-même. Il sentait des picotements dans ses mains, les lui faisant serrer et desserrer pour tenter de les chasser, faisant craquer ses phalanges sans relâche. Il voulait la voir souriante, la tête fièrement relevée. Mais il était sans doute trop tôt et ils ne se connaissaient pas assez pour réaliser ce genre d'exploit.

Patience, mon ami, patience... Tu as promis de l'aider. Se dit-il.

Après toute cette journée pleine de péripéties et d'émotions, Yüna sentit la fatigue lui piquer les yeux. Son corps et son esprit avaient grand besoin de prendre du repos. De plus, le décalage horaire était en train de la rattraper.

Au moment où elle sentit son corps partir sur le côté, Shi Ji avait anticipé sa chute et la rattrapa avant qu'elle ne tombe à la renverse.

— On devrait la laisser dormir, déclara Lovers.

— Pas étonnant avec tout ce qu'elle a subi, dit Ho Ly.

— Je vais la coucher. Partez devant, je vous rejoins.

La chambre se vida sans bruit, laissant leur leader allonger la belle endormie sur le lit. Il rajusta le coussin sous sa tête, lui retira ses chaussures qu'il déposa au pied du lit, puis la recouvrit de la couette.

Après un moment à la contempler en train de dormir, Shi Ji prit un stylo et une feuille pour lui écrire un mot qu'il déposa sur la table de chevet à côté d'elle. Il lui caressa une dernière fois le front, replaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille, avant de quitter la chambre en silence.

Une fois dans le grand hall, il retrouva son groupe et le staff qui les accompagnait et croisa le regard de T. Il lui adressa un mouvement de tête.

— On y va.

[...]


Durant l'interview qu'ils devaient donner pour leur classement à l'Oricon*, Shi Ji n'était pas concentré et malheureusement, ça se voyait. Ho Ly dut lui faire des signes pour capter son attention, mais put compter sur Lovers pour pincer son leader, afin de le faire réagir.

— Vous êtes sûr d'aller bien ? s'enquit la journaliste.

— Excusez-moi, répondit le jeune homme. J'ai quelques soucis en tête.

— Même en dehors de votre bunker, vous restez préoccupé par des soucis pour votre groupe et c'est tout à votre honneur ! s'exclama la journaliste, comprenant de travers ce que lui disait le chanteur.

Profitant de ce moment, Shi Ji décida de partir.

— Veuillez m'excuser. Dit-il en s'inclinant légèrement par respect.

La journaliste lui adressa un sourire, puis continua son interview avec le reste du groupe, comme si de rien n'était. Ho Ly fit soudainement signe à ce dernier qu'il y avait une certaine urgence.

Inquiet, Shi Ji accéléra le pas et récupéra le portable qu'il lui présenta.

— C'est elle...

— Allô ?

— « ... Où es-tu ? En me réveillant, je n'ai trouvé personne. »

Sa voix tremblait, mais il savait qu'elle essayait de maîtriser sa panique du mieux qu'elle le pouvait.

— Tout va bien, on est en pleine interview pour l'Oricon*, lui répondit-il calmement. Je t'ai laissé une note, tu l'as pas vue ?

« Oh, pardon ! Oui, je l'ai vue, mais je n'ai pas tout compris... Désolée... » l'entendit-il s'écrier, complètement horrifiée et un peu honteuse.

Elle raccrocha immédiatement.

Shi Ji fronça les sourcils. Il aurait pu en rire et trouver la situation mignonne s'ils avaient été à un stade différent de leur relation. Mais sachant ce que Yüna vivait et sa frayeur d'être seule, Shi Ji prit une décision.

Il se tourna vers son manager, lui en toucha deux mots et revint vers la journaliste pour lui demander :

— L'interview est finie ?

— J'ai encore quelques questions, tout va bien ? s'enquit-elle.

— Un problème urgent et assez important vient d'arriver et je dois partir pour le régler. Répondit le jeune homme, tout penaud.

— Je prends la relève, intervint Lovers, captant le regard inquiet de son ami.

— Merci, Hyung.

Il s'excusa auprès de tous et s'empressa de quitter les lieux.

Il prit un taxi et lui demanda de mettre le pied au plancher pour rejoindre l'hôtel.

— Ça va vous coûter cher, Monsieur.

— Je prends le risque, c'est assez urgent.

— Bien.

[...]


Une fois devant la porte de la chambre, il était essoufflé d'avoir couru. Il sortit sa carte d'accès et la passa sur la serrure magnétique, puis ouvrit la porte.

Ses craintes se confirmèrent quand il la vit assise par terre derrière le lit, la tête enfouie dans ses bras, des sanglots brisant le silence de la chambre.

— Yüna !

Il se précipita vers elle pour la prendre délicatement par les épaules.

— Yüna, c'est moi. Je suis là, tu n'es plus toute seule.

Elle releva la tête, pensant d'abord à une hallucination. Mais quand elle sentit ses doigts de poser sur sa joue, elle sursauta.

— Qu-

— J'avais peur que tu sois en pleine crise et j'avais bien raison. Viens là.

Il se laissa tomber à côté d'elle et lui ouvrit les bras dans lesquels elle n'hésita pas à s'engouffrer pour pleurer tout son saoul.

« Fragile ».

Il comprenait enfin ce que voulait dire Mika. Oui, elle était fragile et bien plus que ce qu'il avait pu imaginer, ce qui le brisa. Qui avait pu la rendre aussi apeurée du monde et des gens ? Qui avait pu blesser cette douce femme ?

Une colère sourde gronda en lui à mesure que ses larmes coulaient contre son torse. Une colère qu'il dirigea contre lui-même, se sentant con à l'idée d'avoir pu penser qu'elle serait assez forte pour tenir seule dans un endroit qu'elle ne connaissait pas. Il resserra son étreinte autour d'elle, murmurant des paroles qu'elle ne comprendrait de toute façon pas, pour pouvoir la calmer.

Ce fut près d'une heure plus tard que l'on toqua à la porte. Ayant une seconde carte d'accès, le manager entra, suivi du groupe. Ils les trouvèrent allongés dans le lit de la jeune femme. Yüna était cachée sous la couette, contre le chanteur qui était encore réveillé. Il leur fit signe d'approcher en silence.

— Comment elle va ? demanda le plus jeune.

— Plus calme. Comment ça s'est passé ?

— Ne t'en fais pas pour ça, on a pu conclure l'interview sans difficultés. Lui répondit Lovers.

— Désolé de vous avoir abandonnés comme ça.

— Il y avait urgence. Tu n'as pas à t'excuser, Boss, elle avait besoin de toi. Rétorqua Shrinlo, le plus jeune de leur groupe.

— C'est tellement étrange, mais je peux pas m'en éloigner, alors qu'on vient juste de la rencontrer.

Les garçons commandèrent à manger au room-service. Ne sachant pas ce que la jeune femme mangeait, Shi Ji lui commanda la même chose que lui.

Ce fut attirée par la bonne odeur qu'elle se réveilla.

— Coucou, fit Shi Ji quand elle se redressa. Bien dormi ?

— Hmm... désolée pour tout à l'heure...

— Mais non ! s'exclama Shrinlo avec un grand sourire. Tu te sens mieux, Noona* ?

Surprise, elle lui jeta un regard curieux, avant de reporter son attention sur le leader toujours allongé contre elle. Il lui caressa la joue avec tendresse.

— J-Je... Oui, merci. Co... Comment s'est passée votre in-terview ? bafouilla-t-elle.

— Bien, Alexis nous a fait du grand Lovers, soupira T en allant ouvrir pour récupérer le chariot quand ils entendirent toquer à la porte.

— Eh ! Au moins, grâce à moi, elle n'a pas pu poser de questions déplacées ! S'exclama l'aîné du groupe.

Tiquant sur cette phrase, Yüna baissa la tête, culpabilisant.

Shi Ji vola à son secours :

— Je ne savais pas quoi te prendre, alors je t'ai commandé la même chose que moi.

Il lui montra le bentô* composé de riz, de pommes de terre en mayonnaise, de morceaux de karaage* et de plein d'autres bonnes choses.

Yüna en saliva d'avance.

— M-Merci...

Il lui tendit la boîte, des baguettes et tous s'installèrent pour manger dans une certaine bonne humeur. Elle put assister à leurs enfantillages, ce qui la fit sourire par moment.
Ils tentèrent de l'intégrer dans leurs conversations, mais sa timidité la tenait souvent coite.

Ils ne lui en tinrent pas rigueur. Quand ils durent quitter la chambre pour la suite de leur journée de travail, la jeune femme sentit son inquiétude remonter en flèche.

— Regarde-moi, ordonna Shi Ji en lui prenant le visage entre ses grandes mains chaudes. Tu as mon numéro, je serai toujours joignable. On rentrera tard, mais je te ferai parvenir un dîner pour que tu ne meures pas de faim.

— Je... je veux pas t'embêter pendant ton travail...

Il pencha la tête pour poser son front contre le sien et murmura :

— Tu ne me dérangeras pas. Ho Ly Hyung viendra te voir vers 19 h pour manger avec toi. Tu ne laisses personne entrer si ce n'est pas lui ou l'un d'entre nous, d'accord ?

Yüna hocha la tête et sentit sa bouche lui voler un baiser.

— C'est pour tenir jusqu'à ce que je rentre. murmura-t-il avec un clin d'œil et un sourire en coin.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter les lieux, elle leur dit :

— Bon courage ! Faites attention à vous...

Ils la saluèrent, puis la porte se referma.

***

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