Chapitre 12

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La nuit avait bien commencé, jusqu'à ce qu'ils se fassent réveiller en sursaut par quelqu'un qui s'était mis à tambouriner furieusement contre la porte. Instinctivement, Yüna se planqua sous sa couette, la panique grimpant en flèche.

Shi Ji, déjà peu content d'avoir été réveillé au beau milieu de la nuit, le fut encore moins quand il l'entendit hoqueter de terreur dans le lit à côté du sien.

— Bouge pas, je vais voir qui c'est, lui dit-il.

Il se leva, enfila son t-shirt et vérifia au judas qui ça pouvait être.

— Je peux vous aider ? demanda-t-il à la personne qu'il apercevait dans le couloir, guettant le moindre passage.

— Je suis de la sécurité de l'hôtel ! Nous aurions besoin de parler à la jeune femme qui est dans votre chambre ! s'exclama une voix d'homme.

— Je peux savoir pourquoi ?

— La femme qui a été vue dans votre chambre avec elle nous a confié qu'elle ne la connaissait pas et nous voudrions l'interroger.

— À 4 h du matin ? Vous avez pas des heures décentes pour travailler ? Si vous êtes vraiment du staff de l'hôtel, vous pouvez très bien attendre demain pour l'interroger. En attendant, on est en pleine nuit et pour n'importe qui, se faire réveiller à cette heure-là, c'est inadmissible ! Répondit Shi Ji, en colère.

Quand il entendit glousser dans le couloir tout près de la porte, il comprit que c'était un traquenard. Il fit signe à la jeune femme, qui avait sorti sa tête de la couette, de prendre le téléphone et d'appeler la réception.

En panique, la main tremblante, autant que sa voix, elle s'exécuta et appela :

« Ici la réception ? » lui répondit une femme.

— Veuillez m'excuser, mais une personne se disant être de la sécurité est devant ma chambre. Avez-vous envoyé quelqu'un ? demanda Yüna sans élever la voix, dans un anglais assez peu maîtrisé, mais suffisamment clair pour être compris par la personne à l'autre bout du fil.

« De la sécurité ? Non, pas que je sache. Je vais vérifier, ne bougez pas. Quel est le numéro de votre chambre ? »

— 305.

Elle entendit la femme taper sur son clavier, puis appeler quelqu'un et elle lui dit :

« Madame ? Non, nous n'avons envoyé personne. »

— Alors qui est devant la chambre à parler avec Hawkly en disant qu'il est de la sécurité ? S'enquit-elle, de plus en plus paniquée.

« Pardon, vous avez dit Hawkly ? »

— Oui.

« Nous envoyons quelqu'un immédiatement ! Désolée du dérangement, Madame ! » s'exclama la femme visiblement très surprise et en panique.

— Merci, je m'excuse de ce désagrément également. répondit à son tour Yüna.

Après quelques politesses échangées, la femme envoya à l'étage du groupe deux molosses qui trouvèrent effectivement un homme et une femme se tenant devant la porte, prêts à l'enfoncer.

— Vous pouvez vous recoucher, fit l'un des deux gardes en colère à Shi Ji qui guettait encore. Nous allons augmenter la sécurité.

— Merci beaucoup. répondit le chanteur en japonais.

Shi Ji retourna dans son lit, mais croisa le regard apeuré de la jeune femme.

Il s'installa, puis ouvrit un pan de sa couette et l'invita à le rejoindre.

— Viens.

Elle ne se le fit pas dire deux fois.

Il rabattit le drap sur eux, mais le corps tremblant et froid qu'il avait contre lui raviva sa colère. Yüna planqua son visage contre sa gorge et il en profita pour lui caresser les cheveux et le dos dans des gestes doux et maîtrisés, malgré la colère sourde qui faisait fureur en lui.

Il comprit qu'elle s'était endormie quand il sentit sur sa peau le souffle long et apaisé de la jeune femme. Il prit son téléphone et envoya un message à ses amis pour les prévenir.

« On repart demain matin. On ira voir la sécurité pour en discuter avec eux. » lui répondit Ho Ly, après avoir pris connaissance de ce qu'il venait de se passer.

« Comment va Noona ? » s'enquit Shrinlo.

« Elle s'est endormie contre moi. »

« Quoi ? » lui répondirent les cinq hommes sur le tchat commun qu'ils avaient.

« Dis donc, tu vas vite, mon ami. » lâcha Lovers, mi-amusé, mi-moqueur.

« La ferme, les gars. Elle tremblait et était froide comme la mort. J'allais pas la laisser toute seule dans son lit ! »

« Non, tu as raison. En espérant qu'elle se sentira mieux au réveil. » envoya Ho Ly.

« Bonne nuit, les gars. »

« Bonne nuit ! »

[...]

Devant le comptoir de la réception, les garçons n'étaient pas très bien réveillés et Shi Ji était plus que tendu.

Les récents évènements l'avaient empêché de bien dormir et le corps froid de Yüna l'avait inquiété une bonne partie de la nuit, jusqu'à ce qu'il la sente plus détendue vers 6 h du matin.

Mais avec très peu d'heures de sommeil et une colère qu'il avait eu du mal à calmer, ce fut l'alarme de son téléphone qui s'était liguée contre lui.

Ils étaient donc en train de régler la note de leur court séjour quand on les appela.

— Pouvons-nous vous parler ?

— C'est à propos d'hier et de cette nuit ?

— Oui...

Près d'une heure plus tard, ils étaient dans le taxi-van, direction l'aéroport pour rentrer à Séoul et profiter de deux semaines de vacances bien méritées.

Yüna était entourée par les garçons. Elle se cramponna à la main libre de Shi Ji, qui s'était liée à la sienne, son sac de voyage et sa valise dans l'autre . Elle voulait à tout prix se retrouver dans un endroit silencieux et apaisant, mais n'en connaissait aucun...

D'ailleurs, que comptaient-ils faire d'elle une fois rentrés ? La laisseront-ils dans l'inconnu ? Est-ce qu'elle sera congédiée ? Que ferait-elle une fois seule à Séoul ? Son plan initial avait été un échec dès son arrivée à Incheon, à cause de l'intervention de Shi Ji. Que devait-elle faire ? Que deviendrait-elle ?

À mesure que le temps passait, elle sentait poindre une nouvelle crise.

Shi Ji allait devoir la laisser seule, elle le savait. Leurs vies n'étaient pas compatibles et elle se devait de vivre comme elle l'avait décidé avant de venir en Corée.

Mais maintenant ?

Une fois installée dans l'avion, les questions continuèrent de parasiter son esprit et de la tourmenter. Ils l'avaient bien vu, mais aucun d'entre eux ne pourrait lui dire comment ça allait se passer ni ce qu'ils voulaient.

Shi Ji n'avait pas plus décidé de ce qu'il allait faire pour elle. Cependant, une question le taraudait. Accepterait-elle de séjourner chez lui s'il lui demandait ?

Il devait lui poser la question, mais en était bien incapable.

Ce ne fut qu'une fois devant le tapis des bagages de l'aéroport de Séoul qu'il sentit qu'elle lui échappait.

Yüna attrapa sa valise et, après un rapide au revoir, quitta l'endroit sans demander son reste. Elle n'avait pas à s'imposer auprès de qui que ce soit et sa nouvelle vie l'attendait déjà.

Mais une main ferme lui enserra le bras soudainement pour la ramener contre un corps dur qu'elle percuta peu gracieusement. En releva la tête, elle découvrit le visage masqué de Shi Ji dont le regard sombre lui indiquait clairement qu'il n'avait pas apprécié sa fuite.

— Sh... Lâche-moi ! Tu dois retourner à ta vie et moi à la... mienne... dit-elle au comble du désespoir.

— Non. Tu viens avec moi.

Elle le détailla, surprise, et fut soulagée qu'il ne la laisse pas dans la jungle coréenne qui l'effrayait.

Il glissa ses doigts entre les siens, la tirant fermement à sa suite vers un van qui les attendait.

— Vous avez fait bon voyage ? demanda le chauffeur.

— Oui.

Aucun ne parla durant le trajet qui les ramenait chez eux, dans le grand complexe des idoles.

Une fois garés devant, ils furent accueillis par une foule de fans et de paparazzi qui ne manquèrent pas de les mitrailler.

T et X-Life sortirent en premier, récupérant les sacs de tout le monde, tandis que les trois autres étaient occupés à faire sortir Yüna sans qu'elle ne soit prise par les flashs.

Une fois à l'intérieur, ils foncèrent vers l'ascenseur pour se retrouver le plus vite possible à l'étage qui leur était dédié.

— Viens, lui dit Shi Ji qui n'avait toujours pas décoléré. Ma chambre est par là.

La jeune femme tourna la tête vers les autres garçons, qui lui firent un petit signe de tête, et dut suivre le chanteur jusqu'à une suite dans laquelle il les enferma. Plantée au milieu d'une pièce qu'elle n'aurait jamais espéré voir, mais qu'elle avait fantasmée d'innombrables fois, elle n'osa plus bouger, étudiant l'espace plus ou moins bien rangé. Une paire de bras s'enroula autour d'elle, l'attirant contre le torse chaud et dur du jeune homme qui tentait de maîtriser le flux d'émotions qui se livraient bataille en lui.

— Reste avec moi... Yüna.

***

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