Chapitre 14

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— C'était trop drôle, aujourd'hui ! s'exclama Shrinlo, leur racontant dans les moindres détails tout ce qu'ils avaient pu faire, en passant par la ruse pour sortir de l'immeuble.

Yüna avait perdu de son éclat et savait que ça ne reviendrait pas aussi facilement, mais faisait bonne figure pour ne pas compliquer les choses pour le groupe qui se pliait déjà en quatre pour l'aider à reprendre goût aux simples choses de la vie.

Chaque petit moment de bonheur avait droit à sa rechute. Elle cherchait pourtant toujours à les endiguer, mais c'était très difficile. Jusqu'à présent, elle n'avait rien à quoi se raccrocher, mais elle avait découvert le groupe et il lui avait apporté un semblant d'apaisement. Aujourd'hui, après ces quelques jours passés avec eux, et surtout avec Lui, elle se demandait si elle arriverait à survivre dehors.

Après un gros effort mental et physique, elle réussit à se lever et partit prendre une bonne douche. Une fois lavée et changée, elle se dirigea vers la cuisine pour explorer l'intérieur des placards et du double frigo à la recherche de ce qu'elle pourrait bien cuisiner, afin de se faire pardonner et dans le même temps, leur faire découvrir un peu la cuisine française.

Elle trouva ce qu'il fallait pour un bon pot-au-feu et opta pour ça.

[...]

Attirés par l'odeur, les garçons se levèrent pour venir voir ce qu'elle faisait, mais furent vite houspillés par Yüna d'un signe de la main, comme si elle chassait une mouche.

Surpris, ils retournèrent dans le salon jusqu'à ce qu'ils l'entendent dire :

— Vous pouvez mettre la table ? S'il vous plaît !

— Vous avez entendu la Dame ? fit Shi Ji en se frappant les cuisses pour se relever.

— Allez ! En plus, ça sent bon, j'ai hâte de savoir ce qu'elle prépare. J'ai faim ! s'exclama
Shrinlo en se frottant le ventre.

Ils se levèrent pour se diriger vers un coin de la pièce, récupérèrent la vaisselle qu'ils allèrent disposer sur la table, avant de s'y installer. Ils tournèrent la tête vers l'arche menant à la cuisine, attirés par la jeune femme qui était en train de fredonner un air qu'ils reconnurent immédiatement, « Street », l'un de leurs anciens succès au moment de leurs débuts. Ils la virent virevolter tel un papillon, passant d'un côté à l'autre de la cuisine, le sourire aux lèvres.

Cette musique fit rougir Shi Ji, car il l'avait écrite à l'époque où le nom de « Nyla » commençait à émerger. Si Yüna savait que cette chanson lui était dédiée, il pouvait aisément imaginer la tête qu'elle ferait.

Soudain, la jeune femme apparut, chargée d'un énorme plat en fonte qu'elle vint déposer précautionneusement au milieu de la table.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Min Ka Si, le plus jeune du groupe, intrigué.

La jeune femme sourit face à cet air enfantin qu'il affichait sur son visage, puis elle souleva le couvercle pour les laisser admirer l'intérieur du plat.

— En France, on appelle ça un pot-au-feu. Ça ressemble à du Nabe* japonais, mais en moins « healthy* ». Qui en veut ? expliqua-t-elle.

Ils lui présentèrent tous leurs assiettes avec une belle synchronisation.

Le plat ne fit pas long feu, pour son plus grand bonheur. Tandis qu'ils étaient affalés dans les canapés et fauteuils du salon, Yüna nettoyait la cuisine. Elle revint vers eux quelques instants plus tard, portant un plateau chargé de tasses fumantes et de biscuits qu'elle avait trouvés dans l'un des placards.

— Tenez, recette de chez moi pour éviter d'être trop... plein. s'amusa-t-elle.

L'énergie leur manquait, mais une fois la tasse en main, ils en burent une gorgée qui les revigora et apaisa la douleur de leurs estomacs trop tendus.

Elle leur souhaita une bonne nuit, puis retourna s'enfermer dans le petit bureau de l'appartement qu'ils lui avaient laissé pour créer.

[...]

Il fallut une semaine à Lovers et Yüna pour confectionner les tenues.

— Sublimes ! s'était exclamé Alexis, une fois le dernier mannequin affublé de sa tenue. Tout bonnement sublimes. Tu as un vrai talent.

— Tu as tout fait, je n'ai fait que dessiner. répondit-elle en rougissant. Tu es bien plus doué que moi.

— Oh, ne te dénigre pas, ma chère, tu as un talent et tu devrais l'exposer. Les gens s'arracheraient tes créations. dit-il, bien plus confiant qu'elle.

Pour se donner une contenance, elle rangea le matériel de couture dans le panier posé sur la table de travail.

— Tu sais bien que non...

— Compris, je ne dirais plus rien dessus, céda-t-il. J'ai hâte de voir la tête des gars quand ils les verront.

— J'espère qu'ils vont aimer...

— Pour ça, il suffit de leur demander. Tiens, j'ai une idée ! Et si...

Pendant qu'Alexis lui exposait son plan simple, les autres guettaient derrière la porte, attendant qu'on les autorise à entrer.

Le plus nerveux était Shi Ji. Il avait du mal à gérer leur rapprochement. De plus en plus, le chanteur expérimentait des difficultés à se séparer ou s'éloigner de la française.

Mais le pire, lui semblait-il, était cette once de jalousie qu'il sentait grandir et ce côté possessif qu'il ne s'était jamais connu jusque-là. L'une comme l'autre, ces deux émotions prenaient de plus en plus de place dans son esprit, ainsi que dans son cœur. Il la voulait pour lui et ne voulait qu'une chose, qu'elle dépende de lui. Mais il le savait, cette pensée était dangereuse pour la jeune femme et toxique pour lui.

Un cri retentit dans la pièce, alertant les quatre garçons derrière la porte.

Shi Ji se précipita dessus, mais elle était malheureusement fermée à clé.

— Yüna ?! Yüna ! Alexis, tout va bien ?

L'aîné ouvrit la porte tout penaud et se gratta l'arrière de la tête.

— Je... Je suis désolée, entendirent-ils.

— J'aurai dû faire plus attention, dit Lovers à son ami, avant de se tourner vers l'intérieur de la pièce pour s'exclamer : Excuse-moi, Yüna !

Shi Ji fonça vers elle pour lui prendre les mains et l'examiner, à la recherche de la moindre blessure. Cependant, il ne trouva rien.

Étrange, serait-ce un coup monté ?

Il tourna la tête vers Alexis, l'aîné, et découvrit celui-ci en train de sourire, fier de son petit tour.

— Désolée, Shi Ji, fit-elle en rougissant, consciente qu'il ne le prendrait pas bien.

Elle le vit froncer les sourcils. Pour accentuer le mystère, elle posa sa main devant les yeux émeraude du jeune homme qui lui attrapa le poignet.

— Laisse-toi faire, boss ! Tu vas adorer ! s'amusa Alexis.

Peu enclin à se laisser faire, il faisait néanmoins confiance à la jeune femme et se laissa donc guider docilement.

— Reste là, lui dit-elle au creux de l'oreille.

Tout son corps réagit violemment, mais dut faire preuve d'un immense self-control pour ne pas lui montrer à quel point il avait envie d'elle.

Paupières clauses, il se fit installer sur un tabouret et entendit que ses autres amis avaient droit au même mystère. Soudain, ils entendirent :

— Vous pouvez ouvrir les yeux !

X-Life fut le premier à le faire pour découvrir une tenue de scène qui lui correspondait à la perfection. Assez classieuse, sans pour autant faire trop dans le viril ou le vintage, l'ensemble se composait d'un pantalon en pinces noir et aux reflets rouges bordeaux, une chemise bleu nuit, un pardessus* de la même couleur que le pantalon et une veste rouge tirant sur le noir, le tout faisant penser à la tenue d'un vampire noble.

Back to Nigth ! pensèrent les quatre jeunes hommes en détaillant leurs tenues de scène.

— C'est...

— Yüna qui les a dessinés et nous les avons confectionnés nous-même, expliqua Alexis, appuyé sur le bar, admirant la réaction de ses amis. Je te l'avais dit qu'ils allaient adorer.

Elle n'en était pourtant pas si convaincue quand elle jeta un coup d'œil à Shi Ji qui n'avait toujours rien dit, alors que les autres s'étaient levés pour toucher du doigt les tissus.

T était même déjà parti essayer la sienne.

Alexis vint l'aider avec le fermoir de sa cape.

— Sh... Shi Ji ? Tu... Tu n'aimes pas ? demanda la jeune femme, prête à essuyer une colère.

Sans un mot, Shi Ji était simplement en train de pleurer face aux chefs-d'œuvre qu'ils avaient créés, mais qu'elle avait dessinés pour lui... Pour eux.

Il voyait cette tenue comme un cadeau très spécial et il avait du mal à trouver les mots pour exprimer ce qu'il ressentait en cet instant.

Il sentit un corps peser contre son dos et deux bras entourer sa taille.

— Je suis désolée... l'entendit-il murmurer.

Pensait-elle qu'il était en colère à cause de cette petite mise en scène ? Il ne pouvait pas nier qu'il avait paniqué et qu'il en voulait à Alexis. Il se doutait que c'était son idée à lui et non à elle.

— Pardon, Yüna. C'est juste que... c'est... magnifique. Je ne m'attendais pas à ça.

— Tu aimes ? Vraiment ?

Il se tourna et passa un bras autour de sa taille pour la coller à lui. Son regard s'arrima au sien et il lui transmit tout ce que son cœur cherchait à lui crier, au point qu'elle en écarquilla les yeux de surprise. Il vit alors ses joues se teinter d'une adorable couleur rosée.

— Tes dessins sont sublimes et votre travail à tous les deux est une combinaison qui détonne, dit-il enfin en admirant le costume suspendu devant lui. Vous avez fait un travail remarquable et j'en reste sans voix.

— Cette fille est magique ! s'exclama Alexis. Ses dessins sont de véritables œuvres d'art ! Et je suis content qu'elle m'ait demandé de les faire avec elle.

Shi Ji adressa à son ami un sourire, puis à Yüna un regard brûlant.

— Je vous dois beaucoup, se justifia-t-elle.

— Tu ne nous dois rien du tout, mais je suis content d'avoir la première pièce de luxe d'Alexis Tang et Yüna Kaelikast, sourit Shi Ji.

Après avoir enfilé leurs nouveaux costumes, ils se lancèrent dans un shooting improvisé qui se termina sur une photo du groupe où Yüna apparut au milieu des cinq jeunes hommes.

Ce souvenir resterait gravé dans sa mémoire et ce, pour toujours.

***

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