Chapitre 16

5 minutes de lecture

Il était 6 h du matin quand le réveil se mit à sonner.

Shi Ji étendit son bras pour atteindre son portable et stopper l'alarme. Il prit un temps pour ouvrir les yeux et réaliser que c'était peut-être la fin de son rêve. Un corps pesait contre lui, des cheveux miel s'étaient enroulés autour de son avant-bras, comme pour le retenir prisonnier.

Il tourna son visage et trouva celui de la jeune femme posé sur son épaule, une main fermée en poing contre sa bouche. Elle dormait tel un bébé et ça lui crevait le cœur de devoir la réveiller.

Personne ne viendrait les chercher s'il s'accordait encore un peu de temps avec elle, jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux et qu'ils comprennent que plus rien n'irait à partir d'aujourd'hui.

Il passa un bras et une jambe par-dessus Yüna, la serrant un peu plus contre lui. Il la sentit bouger. Elle frotta son nez contre la gorge du jeune homme, humant son odeur, comme à son habitude, pour s'assurer qu'il était là et que ce n'était pas un rêve. Comme un besoin de garder un pied dans la réalité et de ne pas paniquer au moment d'ouvrir les yeux.

— Dors encore un peu, lui dit-il de sa voix éraillée du matin.

Elle déposa ses lèvres contre la pomme d'Adam du chanteur, puis repris sa place initiale.

Il leur fallut bien une quinzaine de minutes avant de pouvoir totalement émerger. Mais aucun ne voulut quitter l'autre et encore moins sortir de ce lit, ce qui signifierait la fin.

Pourquoi se battre, alors que la réalité était aussi cruelle ? Ils savaient tous les deux qu'ils ne supporteraient pas ce que cela impliquerait, autant pour lui que pour elle. Mais ils ne se voyaient pas séparés et il aurait du mal à se concentrer sur son travail en la sachant seule et perdue.

— Et si on fuyait ?

— Ne dis pas n'importe quoi. Tu sais très bien que peu importe où tu iras, les gens te reconnaîtront... souffla-t-elle.

— Je peux changer de visage. tenta le jeune homme.

Mais la pique ne passa pas. Elle se redressa et lui renvoya un regard furieux et triste.

— C'était une mauvaise blague, consentit-il en l'obligeant à se rallonger contre lui. Excuse-moi.

— Je... Je suis désolée, j'ai réagi un peu trop...

— Je sais, j'aurais dû trouver autre chose.

Aucun d'eux n'osa plus parler, jusqu'à ce que l'on sonne à la porte d'entrée.

Ayant l'habitude des visites de Ho Ly ou des gars, qui vivaient dans leurs propres appartements au même étage que Shi Ji, ce dernier s'attendait à ce qu'ils rentrent sans sonner. Surpris et quelque peu suspicieux, il demanda à Yüna de ne pas bouger, mais de s'habiller, tandis qu'il attrapa un t-shirt et l'enfila. Il ferma la porte de sa chambre pour se diriger vers celle de l'entrée.

Il alluma la caméra et vit plusieurs hommes en costumes accompagner le CEO. Il n'eut pas le temps de la prévenir que Ho Ly se montra aussi à l'écran. Le jeune homme s'empressa de leur ouvrir.

— Bonjour.

— Bonjour, Shi Ji. Tu en as mis du temps. gronda le CEO.

— Désolé, mais j'ai été surpris que quelqu'un sonne à la porte.

— Tu savais pourtant que je viendrais aujourd'hui, rétorqua l'homme.

Il s'effaça pour les laisser entrer, mais ne répondit rien.

— Où est Yüna ? demanda le manager.

— Dans la chambre. Je lui ai demandé de se changer.

— Va la chercher, s'il te plaît, et appelle les autres, lui demanda Ho Ly.

Le chanteur s'inclina rapidement, avant de partir retrouver Yüna, habillée et assise sur le bord du lit. Il afficha un sourire, mais ce dernier disparut aussitôt.

— Il est là.

— Je sais, je vous ai entendus. J'ai déjà envoyé un message aux autres. Je me suis dit qu'il voudrait que tout le monde soit là.

Il s'approcha d'elle et effleura sa joue du bout de ses doigts.

— Merci, ma belle.

Aucun mot ne pouvait être ajouté. Ils savaient que tout ce qu'ils pouvaient se promettre ne ferait qu'alimenter de faux espoirs.

Il lui prit la main et la guida vers le grand salon où étaient déjà installés le CEO et le manager du groupe. Les autres arrivèrent à cet instant. Ka Si, le jeune fougueux du groupe, s'approcha de la jeune femme, qu'il devinait dans un état de panique ultime, posa une main réconfortante sur son épaule et eut droit à un regard triste, mais reconnaissant.

— Salut, fit Alexis en arrivant.

Le groupe salua le CEO qui s'était déjà installé sur l'un des fauteuils du salon. Yüna les imita, tentant de juguler son angoisse.

— Installez-vous, ordonna l'homme imposant.

Timidement, elle suivit Shi Ji qui ne la lâchait pas, rassurant la belle bretonne à deux doigts de faire une crise due au stress. Tout le groupe s'installa sur le plus grand canapé du salon de Shi Ji et un fauteuil qu'ils avaient rapproché pour rester les uns contre les autres.

Soudain, Yüna se leva et se précipita dans la cuisine pour aller préparer des boissons et quelques snacks, sachant ce qu'il était coutume de faire quand on recevait quelqu'un chez soi.

Elle revint et déposa des tasses devant tout le monde. Elle en proposa également aux gardes du corps en costumes, non sans trembler. Ces derniers acceptèrent.

Elle disposa les bols remplis de snacks sur la table. Bien qu'ils soient affamés, venant tout juste de se réveiller, ni les garçons ni Yüna n'y touchèrent.

— Vous savez pourquoi je suis là, fit enfin l'homme assis, jambes croisées, le regard dur.

— Oui, Monsieur.

— Racontez-moi tout. Je prendrai ma décision en conséquence.

Shi Ji et Yüna se jetèrent un regard. Ils savaient pertinemment qu'il ne leur accorderait pas ce qu'ils désiraient le plus et qu'il n'en comprendrait pas les raisons.

[...]

Devant l'immeuble, Yüna se retint de verser une larme.

Si elle avait su qu'ils en arriveraient là... mais elle le savait déjà depuis le début. Elle entra dans l'immeuble de quatre étages qui se dressait devant elle et se dirigea vers le dernier où se trouvait à présent sa nouvelle vie.

Elle ne devait pas flancher. Elle n'en avait pas le droit.

De ce que j'entends, votre maladie vous gâche la vie. Vous m'en voyez navré pour vous, mais elle a également causé des problèmes à notre agence. Plus particulièrement au groupe. Que comptez-vous faire si cela s'apprend ?

Si pour montrer ma bonne foi, que je ne suis pas ce que vous sous entendez de moi, je pars dès aujourd'hui pour faire ce que j'avais prévu au départ, c'est-à-dire vivre dans mon coin et faire ce que je sais faire de mieux, est-ce que ça vous rassurerait ? J'ai été engagée pour designer des vêtements dans une petite boutique, donc si ma présence cause autant de problèmes à votre agence ou... à votre image, alors je partirai.

Elle se leva, s'inclina devant tous ces hommes réunis, dont certains semblaient vouloir lui crier de rester, et alla faire sa valise.

Elle ne s'était pas retournée, bien qu'elle avait envie de prendre chacun d'entre eux dans ses bras et de leur dire à quel point elle les aimait et voulait rester. Mais comprenant que l'éthique du CEO était plus importante que leurs propres sentiments et bien-être, elle devait donc disparaître... quitte à se détruire plus qu'elle ne l'était déjà.

Elle s'était de nouveau tournée vers eux, une fois la porte d'entrée ouverte, pour les saluer une dernière fois, avant de la refermer et de l'entendre hurler son nom.

Adieu... preux chevalier...

***

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Samarra Okayo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0