Chapitre 17

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Ça faisait déjà un mois que Yüna était partie et son absence se ressentait dans l'attitude du leader, devenu beaucoup plus mélancolique. Il ne savait pas ce qu'elle faisait et ne pouvait pas sortir sans être suivi.

Il aurait pu l'appeler, mais le CEO avait interdit toutes communications avec cette dernière, voulant la tester. Cependant, il ne mesurait pas les conséquences que cette décision pouvait engendrer. Et tout n'alla qu'en se dégradant. L'attitude de Shi Ji se transformait avec son humeur, guettant le moment où elle allait revenir ou tentant de trouver une solution pour la contacter. De plus en plus inquiet, il en était arrivé au point ou lui aussi avait besoin de quelque chose pour se raccrocher à la réalité. Mais comment garder les pieds sur terre quand la seule personne qui vous fait sentir vivant et important n'est plus là ? Il pouvait certes compter sur sa famille et sur ses amis, mais même eux se retrouvaient très affectés par le départ précipité de la bretonne.

Se retrouver dans son appartement leur était très difficile, tant le lieu leur rappelait la jeune femme et les souvenirs qu'ils y avaient avec elle. Le groupe avait même décidé de ne pas porter les costumes qu'Alexis et elle avaient créés.

Lors d'une représentation, qu'ils avaient exécutée avec brio, les fans avaient bien senti que le cœur du groupe n'était plus aussi présent qu'avant.

Ils avaient même pu voir les larmes de Ka Si sur la fin de « Back to Night ». Sans comprendre ce qu'il se passait, les fans avaient décidé de créer beaucoup de sujets, sur divers forums de discussions, pour investiguer et comprendre ce qui arrivait à leurs idoles. Ils étaient allés jusqu'à envoyer des lettres à l'agence, mais sans aucun retour de la part du CEO.

Shi Ji avait été aperçu un soir, des fleurs à la main, alors qu'il était presque minuit. Il était rentré dans un magasin tardif et en était ressorti avec un beau bouquet et un sourire nostalgique plaqué sur son visage. Mais celui-là disparut très vite une fois sorti de la boutique, laissant place à une grande tristesse, à de la colère et à une douleur que personne n'avait de mal à voir. Son beau regard émeraude était devenu terne au fil des jours. Il avait perdu de son éclat si particulier qui faisait de lui un jeune homme mystérieux.

Le bouquet avait été un sujet qui avait enflammé la toile, mais aucune femme n'avait été trouvée.

Shi Ji n'était pas le seul à agir étrangement. Que ce soit devant les caméras ou en dehors des plateaux, les cinq garçons avaient troqué leurs vêtements colorés, qui les rendaient si pétillants, par du sombre. Ils avaient même fini par disparaître, ne se montrant plus, restant cachés dans le van qui les transportait aux diverses représentations ou à l'agence. Beaucoup se demandaient s'ils avaient perdu quelqu'un de cher.

Jusqu'à ce qu'un jour, tout bascule...

[...]

Yüna se donnait du mal depuis son départ pour tenir éloigner ses crises et ses angoisses de se retrouver seule dans cet appartement vide.

Son travail lui plaisait, mais elle n'avait plus cette flamme qu'elle avait eue durant ces deux semaines passées avec les garçons.

Ils avaient été sa source d'inspiration, surtout Shi Ji. Ses réactions encourageantes et drôles lui manquaient autant que sa possessivité excessive. Qu'aurait-elle donné pour retourner là-bas et dire au directeur qu'il pouvait bien la traiter de croqueuse de diamants, qu'elle pouvait être insultée, mais que jamais elle ne quitterait le chanteur et ses amis ?!

Mais elle avait bien compris que ça aurait été futile. Elle aurait été jetée par les molosses qui avait accompagné le CEO ce jour-là et elle n'aurait jamais pu entendre ce cri de désespoir qui résonnait encore dans son esprit.

Les jours avaient passé, mais la douleur ne l'avait pas lâchée. Elle s'était même intensifiée et devenait insoutenable à certains moments.

Sa patronne était une femme adorable et compréhensive. Elle lui avait laissé carte blanche et elle appréciait beaucoup cette femme. Yüna était très solitaire, même si elle essayait, autant qu'elle le pouvait, de faire un pas vers ses collègues. Cependant, dès que l'un d'eux lui témoignait un peu d'attention, elle se braquait et tentait de fuir. Elle s'en voulait tellement de réagir de cette manière et se demandait parfois pourquoi son corps et son esprit se liguaient contre les gens, Mika et les garçons du groupe mis à part. Même Ho Ly ne la rebutait pas ! Alors pourquoi n'arrivait-elle pas à accepter l'être humain auprès d'elle ?

Mais voilà, ce qui devait arriver arriva. L'absence, l'éloignement et la dépendance s'étaient fait une place dans son esprit et avaient recommencé à la bouffer, au point de l'empêcher d'interagir correctement avec le monde extérieur.

— Yüna, l'appela sa patronne. Nous allons sortir dans un bar pour fêter la vente de tes premiers design, tu viens avec nous ?

Sentant que le piège se refermait sur elle, Yüna ne voulut pas décevoir cette femme qui lui avait tendu la main. Elle accepta, mais lui précisa qu'elle rentrerait chez elle si elle ne se sentait pas bien.

Elle approuva la condition et annonça aux autres employés sa présence avec eux, créant une certaine agitation que Yüna aurait voulu éviter à tout prix. Mais comment prouver au CEO de ToXy Entrainement qu'elle était digne de Shi Ji et du groupe si elle fuyait constamment ?

Elle se retrouva donc dans un petit restaurant-bar du quartier où il y avait déjà du monde et une ambiance électrique due à l'alcool.

Yüna fut enjointe à s'installer aux côtés de sa patronne.

On leur apporta des verres d'eau, puis furent commandés des plats en tout genre, des snacks et du soju*.

Certains prirent même de la bière, mais Yüna demanda un soda, ce qui lui avait valu un regard en biais de la part de certains collègues qu'elle avait préféré ignorer.

Du poulet frit, des morceaux de poulpes, du kimchi* et d'autres petits assortiments leur furent servis, accompagnant les boissons commandées. Yüna tenta de goûter à ce qu'elle pouvait, mais ce fut sans compter sur son mal-être qui l'empêchait d'avancer le bras pour picorer sans avoir le sentiment qu'on la jugeait. Malgré le fait qu'ils venaient à peine d'arriver, Yüna sentait bien qu'elle ne tiendrait pas plus longtemps. Elle se pencha vers sa patronne pour le lui faire savoir, mais alors qu'elle allait se lever, la femme à ses côtés lui attrapa l'avant-bras, l'obligeant à s'asseoir.

La pauvre sursauta et se dégagea violemment de cette poigne pour lui annoncer qu'elle partait, lui rappelant que c'était sa condition pour venir ce soir.

Elle fut critiquée, mais n'en tint pas compte. Yüna paya sa consommation et n'attendit pas qu'on lui rende la monnaie pour disparaître le plus rapidement possible dans la rue, cherchant à tout prix à rentrer chez elle en urgence.

— Yüna Kaelikast ?

Cette voix. Était-ce un cauchemar ? L'avait-il suivie jusqu'ici pour finir son œuvre ? Avait-il décidé de la poursuivre pour la détruire encore plus ? Elle se retourna pour voir Gérard, accompagné de plusieurs de ses anciennes collègues qui lui adressèrent des regards étonnés de la voir aussi loin, compte tenu de sa maladie.

Quant à lui, son sourire s'élargit encore plus en trouvant dans son beau regard azur la peur qu'il avait toujours aimé voir briller.

— Tu es toujours la même. dit-il, content de la voir.

Gérard s'approcha de la jeune femme, posa une main ferme sur son épaule, lui faisant faire un bond en arrière. Elle se mit à courir aussi vite qu'elle le put pour mettre de la distance entre eux. Elle entendit des rires, puis sa voix qui lui criait qu'il allait la retrouver.

C'était un cauchemar...

— Shi Ji... Shi Ji...

***

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