Chapitre 19

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Shi Ji était assis sur l'une des chaises de la chambre, épuisé. Il regardait Yüna depuis qu'elle avait été remontée de la salle d'examen, voilà bien six heures maintenant. Dès leur arrivée, elle avait été placée dans une chambre commune, mais le jeune homme avait fait des pieds et des mains pour lui obtenir une chambre privée où elle pourrait être plus au calme et se réveiller sans panique.

Entre-temps, les garçons s'étaient répartis des tâches. Shi Ji avait appelé Ho Ly pour lui demander de récupérer les affaires de Yüna dans son appartement. Vu l'heure tardive, Shin Ya et Alexis avaient décidé de se rendre dans une petite supérette pour y acheter quelques petites choses à grignoter. Quant aux deux derniers, l'un s'occupa d'appeler l'agence et l'autre dut rester avec Shi Ji pour ne pas le laisser seul.

Mais quand les garçons et le manager revinrent enfin, ils se figèrent devant l'encadrement de la porte pour voir Shi Ji pleurer. Il laissa glisser ses larmes sur la main de la jeune femme qu'il tenait contre lui, s'excusant de n'avoir été qu'un lâche et de ne pas avoir pu faire plus...

Ka Si vit passer une infirmière. Il l'interpela pour connaître l'état de la patiente.

— Ses signes vitaux sont bons, mais son esprit a lâché prise et elle s'est plongée elle-même dans le coma. répondit la femme, tenant ses dossiers contre la poitrine.

— Vous savez quand elle pourrait se réveiller ? lui demanda le jeune homme.

— Malheureusement, je ne peux rien vous dire, car nous ne le savons pas nous-même... Je suis désolée.

Elle s'éloigna quand une voix s'exclama dans le couloir.

— Alexis !

Ho Ly marchait à grands pas, une valise dans une main et le CEO derrière lui, accompagné de quelques gardes du corps.

— Comment va-t-elle ? demanda le manager.

Les garçons s'inclinèrent, non sans jeter un regard empli d'une froide colère non contenue à leur directeur qui les ignora.

— Entrons, proposa l'aîné en avançant pour rejoindre Shi Ji qui pleurait encore.

— Boss...

— Elle se repose, pour l'instant. dit-il simplement.

— Hyung, il y a...

Le jeune homme ne se leva pas. Il savait bien qui était là. Il ne tourna qu'à demi la tête pour lâcher au CEO, avec toute la haine qu'il avait pu contenir jusqu'à maintenant :

— Vous vouliez vérifier qu'elle était bien une croqueuse de diamants pour mieux la faire taire ? J'espère que vous êtes content de vous être trompé. Je vous avais prévenu de son état !

— Du calme, fit l'homme, mais le regard furieux et agité de Shi Ji lui fit comprendre toute l'étendue de sa possible erreur de jugement.

— Shi Ji, calme-toi. Pense à Yüna. intervint Ho Ly, tentant d'apaiser la situation, en vain.

— C'est ce que j'ai pas arrêté de faire depuis qu'elle a été mise à la porte !

Un médecin entra à cet instant pour venir prendre la tension de sa patiente et vérifier que tout allait bien. Puis il demanda à parler à un membre de sa famille.

— Elle n'en a pas. En dehors de moi. répondit Shi Ji, froidement.

— Oh... euh... eh bien... bredouilla le médecin.

— Est-ce qu'elle va bien ?

— Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, ses signes sont bons et elle répond bien. Malheureusement, son psychique a beaucoup trop subi et ça s'est répercuté sur son corps. Au vu de ses résultats, je peux vous dire que vous avez bien fait de l'amener ici. Un peu plus et je ne pense pas que nous aurions pu faire quoi que ce soit pour elle. expliqua l'homme en blouse blanche. Elle a de la chance de vous avoir, votre réactivité lui a permis d'obtenir des soins d'urgence. Nous ferons tout ce qu'il faut pour la maintenir hors de l'eau jusqu'à son réveil.

— Savez-vous quand elle pourra se réveiller ?

— Malheureusement, non. Je ne peux pas vous répondre. Son subconscient est... Comment dire...? Décroché du reste. Il va lui falloir un moment avant de pouvoir revenir à elle et il lui faudra un suivi psychologique poussé. Savez-vous de quoi elle souffre ?

— Oui, elle est agoraphobe et phobique sociale.

Le médecin ouvrit son carnet et nota ce que Shi Ji venait de lui donner comme information. Le chanteur proposa à l'homme de contacter la meilleure amie de la jeune femme, en France, pour qu'elle lui donne plus de détails, ainsi que les coordonnées de l'hôpital et des psy qui se sont occupé de Yüna.

Le médecin écrivit tout ce que lui indiquait le jeune homme, avant de prendre congé.

— Nous allons mettre en place une surveillance. Au vu de son dossier, mieux vaut être prudent et ne louper aucune information.

[...]


Il faisait chaud, c'était l'été et la brise fraîche était la bienvenue. Une plume se posa sur sa joue et glissa jusqu'à ses lèvres pour les caresser. Dans un souffle, le climat changea et le cauchemar revint encore plus dur qu'il ne l'avait été en réalité.

Pourtant... une lumière vacillante perça la noirceur de la scène.

« Je suis là, tu n'es plus seule, je veille sur toi. »

Cette phrase, cette voix, ces mots... elle les connaissait.

La lumière semblait l'appeler, mais ne bougeait pas. Elle était beaucoup trop loin pour que Yüna puisse l'atteindre.

Elle tenta par tous les moyens de la rejoindre, mais à chaque fois, il y avait comme une main ferme qui l'attirait dans le sens opposé, lui murmurant de terribles choses.

Pourtant, la voix chaude qui provenait de cette lumière, elle la connaissait. Elle lui rappelait un souvenir assez vague d'une paire de bras musclés qui l'entourait pour la maintenir au chaud et en sécurité. Le timbre bas et profond de cette voix la berçait, éloignant les nuages menaçant qui la terrorisaient.

— Qui es-tu ? Pourquoi tu m'appelles ?

La voix chaude s'éloigna plusieurs fois, puis revenait toujours vers elle. Pourtant, elle n'arrivait jamais à l'atteindre.

— Qui suis-je ? lui demanda-t-elle, essayant de comprendre ce que cette personne disait et à qui elle pouvait bien s'adresser. Tu me connais ?

« Yüna... Yüna... »

— Yüna ? Est-ce que c'est mon nom ?

Mais alors qu'elle pensait qu'on allait enfin lui donner une réponse, la voix disparut pour ne plus revenir.

— Non ! S'il te plaît, ne pars pas ! Attends !

[...]

— Comment va-t-elle ?

— Pareil qu'hier et avant-hier... Pareil que la semaine dernière et les deux semaines d'avant...

— Elle va se réveiller, t'en fais pas.

— Mika et son mari arrivent dans une semaine, tu pourras te poser un peu.

— Je refuse de la quitter. répondit Shi Ji. Imagine qu'elle se réveille et que je ne sois pas là ?! Si elle panique et que...

— Respire, tout va bien. Tu es épuisé et tu ne tiens déjà plus quand on est sur scène, lui dit Alexis.

— Vrai ! Tu t'es écroulé deux fois durant le concert de la semaine dernière et on a dû repousser des dates parce que tu jongles entre l'entraînement, ton rôle de leader et Yüna ! s'exclama Ka Si.

— Je veux pas la laisser. J'ai fait l'erreur une fois, pas deux.

— Au détriment de ta santé ? On est tous tristes, à attendre qu'elle ouvre les yeux, mais ça fait déjà un mois qu'elle est dans cet état et elle semble ne pas vouloir se réveiller, dit Shin Ya.

— Ça suffit, tout le monde ! On se calme ! s'exclama Min Ko.

Le silence retomba dans la chambre. Le jeune homme fit signe à tout le monde de quitter la pièce pour laisser leur ami tranquille.

Dans le couloir, le groupe décida qu'il était temps de faire une annonce à leurs fans sur la raison de leur état. Alexis approuva, mais leur crainte était la réaction de Shi Ji. Ils avaient peur qu'il ne supporte pas l'idée.

Pour le bien du groupe, ils étaient prêts à aller voir leur CEO pour lui en faire la demande. L'initiative était à double tranchant, car ils savaient que Shi Ji n'allait pas apprécier que leur directeur ait son mot à dire après ce qu'il avait fait.

Shin Ya fut envoyé auprès du chanteur pour lui expliquer ce qu'ils s'apprêtaient à faire et comme il s'y attendait, ce dernier refusa catégoriquement d'exposer la jeune femme.

Mais après un argumentaire de poids, il accepta à deux conditions. Ils ne devaient en aucun cas montrer le visage de Yüna et ils devaient demander l'avis de Mika.

Shin Ya accepta.

***

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