Chapitre 24
Yüna se réveilla complètement désorientée.
La première chose qu'elle sentit avant d'ouvrir les yeux fut le poids d'une jambe en travers des siennes et un bras enroulé autour de sa taille. Une respiration posée et chaude caressait sa nuque et dans son dos battait un cœur régulier.
L'odeur de Shi Ji vint ensuite la rassurer. Elle ouvrit lentement les yeux pour remarquer qu'elle ne rêvait pas. Elle était bien de retour dans cette chambre qu'elle avait habitée pendant deux semaines.
Hormis la décoration qui lui semblait changée, tout était resté comme dans son souvenir.
Un sourire vint fleurir son visage. L'idée de ces changements ne pouvait venir que d'une seule personne, Shi Ji.
Ça ne pouvait être que lui. Elle étudia le lit dans lequel elle était et remarqua que lui aussi avait changé. Son regard se porta sur une table de chevet qui avait été ajoutée. La parure de lit n'était plus la même, il y avait de la couleur. Au loin, la penderie lui semblait bien vide. Pourtant, elle connaissait son compagnon, il possédait une collection impressionnante de vêtements.
En se retournant, elle croisa le visage paisiblement endormi du chanteur qui se rapprocha d'elle, ne voulant pas la lâcher.
Elle posa la pulpe de ses doigts sur son nez et se mit à tracer son visage jusqu'à sa bouche.
— Tu es réveillée ? l'entendit-elle murmurer.
— Tu ne dormais pas ?
— Si, mais un papillon est venu se poser sur mon visage et je ne voulais pas le perturber.
— Désolée... murmura-t-elle.
Il ouvrit les yeux et planta son regard dans le sien. Le vert se battait contre la noirceur d'un désir brut trop longtemps mis de côté et qui venait de se réveiller d'un coup, menaçant le contrôle que le jeune homme tentait de maintenir.
— Tu es là. dit-il.
— Je suis là... répondit-elle. Merci d'avoir veillé sur moi, je-
— Chut.
Il rapprocha son front pour le poser contre le sien et tous deux profitèrent de cet instant pour se sentir, se redécouvrir sans esquisser le moindre mouvement. Juste être là, tout simplement. L'un contre l'autre, s'entendre respirer, sentir leurs chaleurs corporelles se propager et les rassurer. C'était tout ce qui comptait pour eux, en cet instant précis.
Yüna huma l'odeur de son compagnon qui plongea ses doigts dans sa tignasse, appréciant la masse capillaire qu'il rêvait de toucher depuis un moment.
La respiration de la jeune femme se fit plus courte, plus rapide. Son cœur battait lourdement contre lui, faisant écho au sien, lancé dans une course folle, comme s'il voulait quitter son corps pour rejoindre celui de la jeune femme.
— Je vais aller me doucher, je pense... annonça-t-elle en s'écartant légèrement du chanteur.
Il la laissa se redresser et s'asseoir sur le bord du lit. Elle se leva, mais Shi Ji se précipita pour la rattraper, alors qu'un vertige lui fit tourner la tête.
— Tu veux de l'aide ? proposa-t-il avec inquiétude.
— Je... Je veux bien, s'il te plaît.
Il la vit rougir violemment et ne put retenir ce désir urgent de l'embrasser.
Shi Ji l'attira doucement contre son torse, l'embarquant avec lui pour l'allonger à moitié sur ses cuisses musclées. Il plongea ses doigts dans ses cheveux et attira son visage vers lui pour l'embrasser avec douceur. Sa langue vint taquiner la sienne, narguant cette dernière comme un oiseau en pleine parade nuptiale. Yüna avait la tête qui tournait à cause de ce baiser qui n'avait rien à voir avec ceux qu'ils avaient déjà échangés. Son cœur battait lourdement, cognant contre sa poitrine, et son sang en ébullition lui donnait des sueurs chaudes.
Emporté par ce baiser et l'ambiance qui les entourait, Shi Ji bascula pour se retrouver au-dessus d'elle, la coinçant entre le matelas et lui. Il la dominait de toute sa taille, son regard fauve plongé dans le sien.
— Sh... Shi Ji... gémit-elle, tandis qu'il s'attaquait à la peau sensible de sa gorge.
Utilisant la situation pour la mener un peu plus loin, le jeune homme lui dit :
— Tu devais pas aller te doucher ?
— Si, mais quelqu'un m'en empêche, souffla-t-elle, le regard brillant.
— Oh ? Qui oserait ? s'exclama-t-il d'un air faussement choqué.
— Mon fantasme vivant.
Il fondit sur elle soudainement, sourcil froncés. Yüna devenait la proie d'un rapace vorace qui n'avait d'yeux que pour elle. Il dévora sa bouche avec un soupçon de jalousie possessive. Shi Ji passa un bras derrière son dos, cambrant ses rondeurs contre la dureté de son corps tendu.
— Et il ressemble à quoi ? gronda-t-il.
— Il est grand... commença-t-elle à énumérer.
Shi Ji remonta sa main libre le long de sa cuisse.
— Coréen, continua-t-elle.
Sa main malaxa sa cuisse, imprégnant le passage de ses doigts à travers le jean qu'elle portait encore depuis son départ de l'hôpital, quelques heures plus tôt.
— Musclé...
Il dévia pour entrer sous son pull, touchant la peau marquée de vergetures qu'il pouvait sentir sous la pulpe de ses doigts.
— Il danse très bien... gémit-elle.
— Ah ouais ?
— Ou... Oui...
— Quoi d'autre ?
— Il... Il a un regard émeraude qui s'assombrit quand il est en proie à de fortes émotions et froid quand il est en colère... Il est possessif et à un côté très dominant...
Le pull disparut, la laissant en chemise dont il détailla la fermeture avec supplice.
— Il rappe comme un dieu... souffla-t-elle, le stress montant.
— Tu n'es pas objective, dit-il.
— Si ! Non... Je sais pas. Peut-être...
Un premier bouton sauta.
Sa respiration s'accéléra. Combien de temps arrivera-t-elle à tenir ce jeu avant de l'implorer ?
Il ancra son regard dans le sien, la défiant de continuer, pendant que lui aussi subissait cette torture. Il la vit se tendre quand trois autres boutons sautèrent.
— Il... Il est fort et autoritaire... Mais c'est un homme juste et réfléchi ! s'exclama-t-elle soudain.
Shi Ji se stoppa pour la scruter, touché par cette déclaration sortie du cœur.
D'un coup, pris d'impatience, le jeune homme tira d'un coup sec sur la chemise, faisant sauter les derniers boutons qui ricochèrent dans la chambre.
Elle était là, allongée dans son lit, la chemise fichue, ouverte sur un buste haletant. Elle avait une peau dorée zébrée de vergetures pâles. Sa poitrine, enfermée dans un soutien gorge bleu nuit, se soulevait rapidement. Il ne put s'empêcher de la détailler, hypnotisé par ce mouvement rapide.
Son propre corps lui criait de la prendre, de ne plus attendre, mais une interrogation le refroidit.
— Est-ce que tu...
Il la vit détourner la tête, les yeux brillants de larmes qui menaçaient leur moment intime.
— Il y a longtemps... répondit-elle.
— Ton premier ?
— Oui...
Le timbre de sa voix était si triste qu'on pouvait presque entendre à quel point elle n'avait pas apprécié et qu'il l'avait visiblement blessée. La colère foudroya les veines du chanteur qui gronda.
— Sh... Shi Ji... l'appela-t-elle, apeurée.
Il captura sa bouche pour faire taire cette jalousie et cette envie de corriger celui qui avait osé la toucher pour ensuite la détruire. Il l'embrassa pour canaliser cet accès de rage qui lui faisait peur, car oui, elle avait peur et il pouvait la sentir trembler sous lui.
Shi Ji se redressa, retira d'un coup son haut pour lui laisser voir la marque de son passé qui entravait son torse. Il la vit blêmir et frissonner de la tête aux pieds.
— Viens.
Ni une ni deux, il se leva du lit et lui prit la main, la précédant vers la salle de bain. Elle le vit hésiter quelques instants au milieu de la pièce d'eau, avant de finalement se mettre entièrement nu. Il lui dévoila son corps qu'elle put admirer à loisir jusqu'à cette partie qu'elle trouva bien trop imposante pour elle. Après son expérience ratée avec son seul compagnon, Yüna n'avait jamais retenté quoi que ce soit du genre, ne faisant que s'ignorer jusqu'à ce qu'elle découvre ce jeune homme.
Shi Ji entra en silence dans la cabine de douche et alluma l'eau. Elle le vit plaquer ses mains contre la paroi de cette dernière, laissant l'eau couler sur le jeune homme qui tentait de canaliser cette fureur qui grondait sourdement en lui. Elle pouvait presque l'entendre.
Yüna se regarda dans le miroir. Elle ne se sentait pas belle, n'aimait pas le reflet que le miroir lui renvoyait d'elle. La jeune femme hésita à se montrer, mais il avait vu son corps et ne l'avait pas rejetée, alors elle décida de se lancer et retira sa chemise ruinée que Shi Ji entendit chuter sur le sol.
Il tourna la tête et ce fut comme si le temps s'était suspendu. Il la regarda, à travers la vitre de la cabine, se défaire de ses vêtements pour se retrouver honteusement nue, en plein milieu de la pièce.
Il capta le regard dégoûté qu'elle jetait au miroir de la salle de bain. Comme si ce qu'elle y voyait était beaucoup trop douloureux pour elle.
— Entre, ordonna-t-il d'une voix rauque.
Ce ne fut que quand elle tourna la tête vers lui qu'il réalisa l'étendue de la blessure qu'elle gardait au fond d'elle depuis tant d'années. Yüna avait été fragilisée par un amour trompeur et en payait encore le prix, même aujourd'hui. Il resta là, dans la cabine, l'eau ruisselant sur son corps comme une cascade. Yüna croisa son regard et comprit que c'était enfin le moment qu'elle redoutait. Devoir l'affronter sans cette vitre, voir son regard se poser réellement sur elle et affronter la dure réalité qu'elle aurait préféré ne jamais revoir surgir. Alors elle entra dans la cabine et se retrouva immédiatement plaquée face contre le mur, le torse dur et brûlant du jeune homme contre son dos.
— Yüna... Yüna... souffla-t-il à son oreille.
***
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