Chapitre 27

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— Bonjour, Yüna, fit cette voix qu'elle ne pouvait oublier, même si elle le voulait. Je t'avais dit qu'on se reverrait.

Yüna resta figée à l'entrée des bureaux de la petite boutique. Il était là, aussi bedonnant et grisonnant qu'au moment de son agression en France. Ce sourire mauvais lui releva un coin de la bouche, il cherchait à se donner un côté tombeur, mais c'était tout l'inverse. Un peu comme ce pervers baveux à lunettes qui cherchait à faire le beau pour impressionner la gent féminine, mais qui finissait par les faire fuir à toutes jambes.

Yüna ne ressentait rien pour cet homme à part du dégoût. Mais elle revivait son agression et pouvait clairement voir les envies salaces qu'il affichait dans son regard.

Elle se recula quand il fit un pas dans sa direction, d'une démarche lente, mais calculée. Il voulait la tourmenter et il y arrivait très bien.

Sa patronne arriva et, avec un grand sourire, lui annonça leur collaboration avec la boutique bretonne pour qui elle avait travaillé.

— Non... C'est... C'est un cauchemar... murmura-t-elle, les yeux agrandis par l'horreur et la bouche sèche.

— Mais si !! N'est-ce pas merveilleux ?! s'exclama sa patronne coréenne, visiblement toute excitée par la nouvelle.

— C... C'est lui qui m'a agressée chez moi, avant que je ne décide de venir ici, réussit-elle à dire.

Sa patronne lui adressa un regard étrange. La jeune femme appela Shi Ji qui attendait dehors, en compagnie de Shin Ya et Min Ko.

Ni une ni deux, les trois amis entrèrent dans la boutique et la virent sur le point de s'effondrer face à un homme qui ne cacha pas sa surprise de voir les trois jeunes aux gabarits athlétiques entrer pour la protéger.

Le plus grand se posa devant elle et le français lui jeta un coup d'œil mauvais. Il put la voir s'accrocher au bras du chanteur avec désespoir. Elle tremblait comme un petit animal apeuré et l'homme à côté d'elle avait l'air d'être un prédateur furieux que SA petite souris soit prise en chasse par un autre que lui.

Shi Ji enfonça son regard sombre dans celui de l'homme telle une lame qu'il fit pénétrer dans sa gorge.

— Bonjour, dit la patronne, étonnée de ce qu'il se passait devant ses yeux. Je peux vous aider ?

— Yüna, va avec Shin Ya récupérer tes affaires. Ordonna durement le chanteur sans lâcher Gérard des yeux.

— Shi Ji, l'appela Min Ko. Je me charge de transmettre sa démission.

Yüna releva vers le plus jeune un regard étonné de le voir prendre ce genre d'initiative.

Sans dire un mot, Shin Ya posa sa main sur l'épaule de la jeune femme qui sursauta. Il la guida vers un escalier pour se diriger vers l'open space.

— Sh... Shin Ya, j'ai...

— Je sais. Je viens d'envoyer un message aux gars, dit ce dernier. La police arrive pour l'arrêter. Récupère tes affaires.

Elle s'exécuta.

Au bout de quelques minutes, ils entendirent des sirènes retentir et des cris dans la boutique.

— Restez où vous êtes ! Nous avons un mandat d'arrestation contre vous, Monsieur ! S'exclama un policier.

Soudain, un boucan pas possible se fit entendre en dessous. Des hurlements de rage, des meubles qui tombent, des pas se précipitant vers les escaliers...

— Sale garce ! T'as osé me défier ! Où t'es que je vienne te fracasser ta jolie tête ?! hurla-t-il.

Yüna se cramponna autant qu'elle le pouvait à son ami. Les larmes lui brûlaient les yeux. Cependant, elle tint bon, du moins jusqu'à ce qu'elle n'aperçoive le visage défiguré par la haine et la rage de Gérard.

Il avait tant aimé l'effrayer, mais cette garce avait réussi à se rebeller une fois, ce qui lui avait valu un emprisonnement. Il avait pu se faire libérer quand elle avait quitté le pays.

Mais l'autre soir, en la découvrant seule dans cette rue, il avait déjà un plan en tête pour la briser encore plus. Voilà qu'aujourd'hui, elle avait des chevaliers pour la protéger et ces derniers avaient prévenu la police. Cette fois-ci, il en était sûr, il ne s'en sortirait pas. Mais il allait lui donner une leçon qu'elle ne serait pas près d'oublier.

À l'étage, il tomba sur l'un des molosses qui avait accompagné la jeune femme. Il n'allait pas se laisser démonter pour autant, même si point de vue gabarit, il était loin d'égaler le jeune homme. Rien ne pouvait l'arrêter, il allait la détruire une bonne fois pour toutes.

Quand il fut sur le point de l'atteindre, Shin Ya lui attrapa le bras qu'il tordit et le plaqua au sol.

— Shin Ya ! s'écria-t-elle, horrifiée.

— Recule ! ordonna ce dernier, pesant de tout son poids sur l'homme qui gigotait sur le sol.

Des bruits de pas résonnèrent et les cris des policiers remplirent la pièce. Yüna avait les oreilles qui bourdonnaient, elle tremblait et son visage était souillé de larmes. Elle était sur le point de craquer quand une voix... CETTE voix retentit, plus forte que les autres.

— Yüna ! Yüna, recule tout de suite ! Reste hors de sa portée !

Elle sentit son corps bouger tout seul. Ses jambes raides réussirent à la déporter sur la droite, derrière plusieurs bureaux qui faisaient office de barrage.

— Tenez-le ! hurla l'un des policiers à ses coéquipiers qui s'était précipité vers Shin Ya pour mettre les menottes à Gérard, tandis que le chanteur le maintenait toujours au sol.

— C'est bon, chef ! avertit le flic. Merci, jeune homme.

— Emmenez-le ! ordonna un autre depuis l'étage du dessous.

Shi Ji attendit que l'homme soit évacué pour s'approcher de Shin Ya et échanger avec lui un regard.

Yüna buta contre une table, faisant se tourner les trois amis. Ni une ni deux, Shi Ji se précipita vers elle pour la rattraper et la prendre dans ses bras.

— Shi Ji... J'ai eu si peur... Il... Shin Ya...

— Je suis là, tout va bien. Ils l'ont embarqué, tu ne crains plus rien. Merci, Shin Ya.

— Pas de soucis, répondit ce dernier.

— Tu te sens de bouger ?

— Je... Ça devrait aller, je pense...

Un bras autour de sa taille, il l'aida à marcher, mais ses jambes avaient du mal à la porter. Elle tremblait encore et sentait que si on ne la tenait pas, elle allait s'effondrer.

Shin Ya et Shi Ji la soutinrent pour l'aider à descendre les escaliers. Mais une fois en bas des marches, ils entendirent les flics hurler. L'homme avait réussi à se défaire de leur emprise et fonçait droit sur eux. Il fut balayé par un coup de pied de Min Ko, le faisant tomber lourdement sur le béton de la rue. Son visage frappa le bord du trottoir, lui ouvrant l'arcade sourcilière et lui brisant le nez, ce qui l'envoya au tapis direct.

Gérard grognait de douleur, complètement sonné sur le béton de la rue, le visage ensanglanté, les mains menottées dans le dos. Les policiers se précipitèrent pour le récupérer et le chef de l'escouade vint leur dire :

— Nous allons l'embarquer, mais nous vous demanderons de venir avec nous.

— On vous suit. dit Shi Ji, la jeune femme collée à lui. On va devoir appeler notre manager et notre avocat avant, ainsi que son médecin.

— Pas de problème, vous pourrez faire ça sur le trajet. fit le chef d'équipe en faisant signe aux autres d'embarquer Gérard.

Les trois garçons et la bretonne apeurée suivirent les policiers et on les fit entrer deux par deux dans des voitures. Yüna s'accrocha à son compagnon, en pleine conversation avec la psychologue de la jeune femme à qui il tendit le téléphone.

La femme de l'autre côté du fil tenta de rassurer Yüna et de la féliciter pour ce qu'elle avait fait. Elle lui indiqua qu'elle venait d'entrer dans sa voiture pour les rejoindre au poste du quartier.

Shi Ji appela ensuite Ho Ly qui se chargea de prévenir le CEO, ainsi que l'avocat.

Le petit groupe fut rejoint par les autres garçons, Mika et son mari qui s'étaient précipités après l'appel de Shin Ya.

Gérard reprit doucement conscience et se mit à hurler, vociférant, malgré les douleurs, tout un tas de choses. Il continua même une fois sorti de la voiture et qu'il croisa la jeune femme avec ses camarades. À l'intérieur, ils firent face à deux hommes en costumes, un pin en or épinglé sur le pan gauche de leur veste, un attaché-case à la main.

Gérard blêmit, comprenant qu'ils étaient là pour finaliser son propre cauchemar.

***

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