Chapitre 29

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— Yüna !

— J'arrive !

— Dépêche-toi !

— Ça va, ça va, j'arrive ! s'exclama la jeune femme qui quitta enfin la chambre pour rejoindre tout le monde dans l'entrée, prêts à partir pour le Dôme de Séoul.

Après des mois de dessins, des nuits blanches pour trouver des idées, des prises de becs avec Alexis, etc. Yüna allait enfin pouvoir montrer son travail.

Les garçons refaisaient des concerts, ce qu'ils avaient un peu évité depuis son hospitalisation. Mais depuis sa sortie, le groupe avait repris le chemin du studio d'enregistrement et en l'espace de trois mois, véritable temps record, ils avaient sorti un nouvel album qui s'était retrouvé en haut des charts*.

Elle arriva dans l'entrée, chargée d'une grosse valise, puis de deux sacs qui contenaient toute sa vie, du moins... tout son travail.

D'une main, Shi Ji lui prit la valise et de l'autre vint lier leurs doigts. Elle lui adressa un sourire timide, mais impatient.

— Tout ira bien, lui assura-t-il.

— Je sais. Merci de croire en moi, répondit-elle, nerveuse.

Il lui embrassa les doigts gelés par l'inquiétude et une légère crise sous-jacente. Ils retrouvèrent le grand van qui les attendait au parking sous-terrain.

— Salut, tout le monde ! Les salua Ho Ly avec un grand sourire.

— Hyung ! s'exclamèrent les garçons en chœur.

— Vous avez tout ? demanda le manager en les aidant à mettre les sacs et valises dans le coffre du van.

— Oui ! On est chauds bouillants ! lança le plus jeune.

— C'est surtout toi, Ka Si... soupira Alexis, non sans sourire.

Le jeune garçon rougit et entra dans le véhicule, suivi de toute la troupe.

Sur le chemin jusqu'au Dôme de Séoul, Yüna sentit son stress et sa panique grimper en flèche. Elle sursauta quand une main se posa doucement sur sa cuisse. Elle tourna la tête vers Shi Ji qui se mit à la lui masser pour l'aider à se détendre un peu. Ses doigts forts marquèrent sa peau en dessous de ses vêtements, l'excitant en même temps qu'il lui donnait chaud. Cette fois, son cœur ne battait pas de peur ni de stress, mais d'une autre émotion que lui seul pouvait lui faire ressentir.

— Je suis là, murmura-t-il à son oreille. Ferme les yeux et respire un grand coup, puis expire lentement.

— Shi Ji... feula-t-elle.

Il comprit à ce simple soupir ce qu'elle ressentait et ne put retenir un sourire fier. En presque deux ans passés avec la jeune femme, il avait appris à la détendre en toutes circonstances et s'en amusait parfois. La voir rougir et s'accrocher à son bras ce soir, dans le van, entourés de tous leurs amis, il ne pouvait que s'amuser. Si ça permettait à sa compagne de se détendre... Il pouvait oser bien pire.

Calme-toi, pensa-t-il. Plus tard...

Bien qu'ils travaillent ensemble et passent quasi toutes leurs journées ensemble, ils s'encourageaient mutuellement. L'alchimie qu'il y avait entre eux était si forte et l'amour qui les entourait était si puissant que rien ne pouvait les séparer et le monde le saurait ce soir.

Yüna vivait avec un homme connu dont la possessivité et l'autorité ne lui avait jamais fait peur. En échange, il subissait ses crises sans broncher. Il savait maintenant qu'il était le seul à pouvoir lui procurer ce sentiment de sécurité dont elle avait besoin chaque jour pour évoluer.

Mais cette fois-ci, l'inquiétude grandissante de la jeune femme n'avait rien avoir avec son agoraphobie ou sa phobie sociale. Non, cette fois, sa peur était en rapport avec l'opinion que les fans auraient sur son travail et les performances du groupe.

Enfin arrivés devant le grand Dôme, Yüna sentit ses mains devenir moites, son cœur battait beaucoup trop vite et elle tremblait. Shi Ji lui entoura la taille de son bras fort, plantant un baiser sur sa nuque, faisant s'envoler sa crise.

Ils entrèrent dans le bâtiment et furent accueillis par le staff qui s'occupait de vérifier la grande salle. On les accompagna vers les loges et la jeune femme put avoir sa propre salle, afin d'y étendre chacun des costumes qu'elle rangea par nom et apparition, afin de ne pas se perdre lors des changements rapides.

— Madame, vous avez besoin d'aide ? demanda une jeunette d'à peine la vingtaine.

— Oh ! Non, c'est gentil. Merci. répondit Yüna.

Un effet étrange alarma pourtant la bretonne. Elle avait vu chez cette jeune femme le regard caractéristique des personnes malveillantes. Elle avait déjà affronté les fans extrêmes du groupe quand elle sortait avec eux ou juste avec Shi Ji. Elle avait appris à reconnaître l'éclat dans leurs yeux. Yüna se souvenait d'un incident d'un autre groupe, il y avait quelques années de ça, où certains avaient été blessés par des lasers, alors qu'ils performaient sur scène. D'autres avaient été kidnappés ou encore certains s'étaient réveillés avec des étrangères dans leurs chambres d'hôtel. De quoi la faire paniquer.

Alors que la jeunette quitta la pièce sans demander son reste, Yüna s'empressa de prendre son téléphone pour prévenir Shi Ji et les autres, qui se trouvaient dans la pièce d'à côté, via leur conversation Line*.

En deux secondes, ils apparurent à moitié habillés, les cheveux en bataille et le maquillage à peine entamé.

— À quoi elle ressemble ? s'exclama Shi Ji en colère.

— À peu près ma taille, fine et le visage un peu rond. C'est elle, là-bas ! Regarde !

Elle avait vu la jeune fille repasser devant la porte pour se diriger vers la loge, pensant sûrement qu'elle trouverait les garçons en pleine préparation.

— Sécurité ? Oui, j'ai besoin que quelqu'un aille dans la loge principale pour y trouver une jeune femme. Elle n'est visiblement pas du staff. Oui, elle porte une salopette bleu ciel et un t-shirt blanc.

Yüna s'avança vers Shi Ji et se laissa entourer par ses bras protecteurs. Elle n'avait pas eu peur pour elle, cette fois, mais pour eux. Qui sait ce qu'une fan extrême seule était capable de faire ? Elle préférait ne pas le savoir.

— Eh, vous ! s'écria un vigile.

On pouvait entendre le fracas de quelques produits qui tombaient sur le sol, des chaises renversées ou même des supports se briser pendant la poursuite de la jeune femme. Shi Ji resserra son étreinte autour de sa belle, mais celle-ci lui tapota l'avant-bras pour lui indiquer qu'elle allait bien.

— Messieurs ? appela l'un des vigiles du Dôme.

— Vous l'avez attrapée ?

— Oui et je pense qu'elle en avait surtout après votre amie, expliqua l'homme.

Il leur montra une photo du procès où Shi Ji embrassait Yüna à la sortie du tribunal de Séoul. L'image était raturée et brûlée, voire froissée sur le visage de la bretonne.

— Oh mon dieu... souffla-t-elle, apeurée.

— T'en fais pas, tout va bien. Tu restes avec Shin Ya, on va se charger de tout vérifier avant de trouver comment assurer ta sécurité durant le concert. déclara Shi Ji.

Elle hocha simplement la tête, tout en se rapprochant de l'autre garçon qui lui tendit son bras.
Yüna s'y accrocha timidement et les regarda quitter la pièce, en colère.

Une fois seuls, Shin Ya lui proposa de l'aider à s'occuper du reste des tenues. Intervention qu'elle remercia et tous les deux réussirent à exposer les tenues et à les ordonner en un temps record, avant que les autres ne reviennent.

À leur retour, six vigiles avaient été appelés pour la protéger.

Après ce chaos, il fut temps pour eux de se préparer et pour elle... de prier, car trois heures plus tard... Le show commencerait.

[...]

— Eh ! s'écria Ka Si au micro, apparaissant dans un costume d'époque. Merci à toutes et à tous d'être venus nous voir pour la toute première étape de notre grande tournée ! J'espère que vous allez bien vous amuser !

La foule en délire applaudissait à tout rompre. Chacun prononça quelques mots, avant que la première chanson ne commence.

Changement après changement, le concert fut un véritable succès. Les fans n'avaient eu de cesse de chanter, applaudir et complimenter les tenues qu'ils portaient.

Yüna ne les entendaient pas spécialement, hormis un gros bruit de fond. Mais grâce à l'écran dans sa salle, elle pouvait assister à l'entièreté de la représentation, pour son plus grand bonheur.

— Vous allez toujours bien ?! s'exclama Alexis.

Ils venaient d'atteindre le dernier quart de leur concert et c'était un moment plus calme où ils pouvaient se poser un peu et discuter entre eux, interagir avec leur public, ainsi que d'annoncer certaines exclus. Ils s'installèrent sur les marches du décor et on leur distribua des bouteilles d'eau pour qu'ils puissent s'hydrater un peu. Alexis fut attiré par quelque chose d'inscrit sur la sienne et dit au micro :

— Tiens ? J'ai eu une bouteille personnalisée !

La foule pouffa, amusée.

— Moi aussi ! s'exclama Ka Si.

— Hawkly ? appela Min Ko.

— Pareil.

La foule s'exclama, voulant obtenir les bouteilles en question ou savoir ce qu'il y avait été écrit.

— C'est écrit quoi sur la tienne, X-Life ? demanda Alexis.

— Ta force, c'est d'être mon ami et la mienne, c'est de te voir briller sur scène, lut le jeune homme.

— Oh ! firent les quatre garçons.

— Et toi, hyung ? demanda Ka Si à Alexis.

— Une lettre d'amour pour une amitié froufroutée et brillante.

Alexis devina facilement de qui ça venait et en sourit.

— Oh !

— Dis donc, Hawkly ! Elle était inspirée ! lança l'aîné à son leader.

— Elle a une belle plume, confirma ce dernier.

La foule cria pour savoir de qui ils parlaient, tandis que chacun lisait tour à tour leurs petits mots.

— La puissance du silence n'a pas besoin d'être remplacée par une voix dorée, mais par un cœur pur. lut T qui ne put s'empêcher de sourire.

— Ton énergie est ma source d'inspiration pour vous embellir et vous faire briller.

Ka Si versa une petite larme.

Puis un silence se fit et les quatre garçons se retournèrent vers leur leader qui dut lire à voix haute ce qui était écrit sur la sienne :

— Mon cœur ne peut être séparé du tien, mais te voir si imposant me fait t'aimer encore plus.

Il voulut abandonner la scène pour courir la retrouver et l'embrasser, lui dire à quel point il l'aimait et à quel point il était fier d'elle, mais se retint de justesse.

— Vous aimez nos tenues ? s'exclama-t-il alors.

— OUI ! hurla la foule en délire.

— Vous savez qui les a faits ?

— LOVERS ! entendirent-ils.

— Ah ah ah ! pouffa l'intéressé. J'aurais aimé avoir autant de talent, mais non. Dis-nous, Boss. Tu sais, toi, qui a fait nos costumes ?

— Il me semble que c'est ma femme, répondit ce dernier en se tournant vers son ami, le micro entre son pouce et son index, installé sur deux marches, la bouteille dans l'autre main.

La foule se tut quelques instants, avant de hurler le nom de la jeune femme et de l'applaudir, faisant pleurer Yüna, touchée.

Une fois le concert fini, Shi Ji se précipita vers la salle où elle se trouvait pour la prendre dans ses bras et l'embrasser voracement.

Dieu qu'il aimait cette femme !

[...]

Les dates s'enchaînèrent, tout comme les voyages, et la fatigue se faisait de plus en plus présente.

Mais le groupe était si heureux de pouvoir reprendre les concerts, et de rencontrer leurs fans à travers le monde, qu'ils se fichaient des cernes que les maquilleuses tentaient de cacher tant bien que mal.

Cependant, ce fut durant une date en France que quelque chose se passa.

Sentant pour lui qu'il était temps d'avancer dans sa relation avec Yüna, Shi Ji appela le mari de Mika pour qu'il puisse l'aider. Il voulait rendre cette date très spéciale, car elle marquerait un nouveau chapitre dans sa vie et celle de sa belle. Elle qui avait bravé tant de choses pour entrer dans son univers et qui en faisait maintenant partie intégrante.

Quelques années auparavant, Yüna l'idolâtrait. Maintenant, c'était lui.

Ce concert serait inoubliable, autant pour le groupe que pour leurs fans, mais surtout pour Yüna. Pourtant, il avait peur.

Peur de se foirer, qu'elle refuse. Peur de se ridiculiser devant leurs fans et la terre entière... Cette décision était la plus importante de toute sa vie.

Yüna en valait le coup, mais il priait intérieurement pour qu'elle lui dise oui.

***

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