Chapitre 30

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Bonnet fiché sur la tête, lunettes de soleil sur le nez et masqué, Shi Ji ne passait clairement pas inaperçu dans les rues de Paris. Il avait quand même réussi à fuir les paparazzi pour retrouver Mika et son mari devant un hôtel.

— Bonjour ! s'exclama-t-il en les embrassant avec chaleur.

— Bonjour ! Tu as demandé à nous voir ? Que se passe-t-il ? demanda Mika, heureuse de voir le chanteur.

— Laisse, chérie. J'ai ce que tu m'as demandé, mais il vaudrait mieux que tu viennes avec moi, dit le mari de cette dernière, attrapant sa femme par la taille pour la décrocher du chanteur.

— Je te fais confiance, Mathis. C'est très important...

— Ne t'en fais pas ! s'amusa le français. Je sais exactement ce qu'il te faut.

— Eh ! Je peux savoir ? demanda Mika curieuse et pas très contente d'être mise sur la touche.

— Voyons, ma chérie ! s'exclama son mari dans un demi sourire moqueur. Depuis combien de temps sommes-nous mariés ?

— Euh, quinze ans, mais je vois pas pourquoi tu... OH MON DIEU ! s'écria-t-elle, comprenant l'allusion.

— Elle vient de capter, c'est bon, sourit Mathis, embrassant la joue de sa femme, décomposée.

Les deux hommes pouffèrent.

Mika serait le témoin d'une déclaration qu'elle attendait pour son amie depuis longtemps. Son cœur palpitait si vite et si fort qu'il lui fallut un moment pour reprendre son souffle.

— Suis-nous, on va dans ma boutique, lança alors Mathis.

— Je vous suis ! s'exclama le chanteur, raide comme un piquet.

Les trois amis se baladèrent dans les rues du 7e arrondissement de Paris. Shi Ji était fasciné par ce qu'il voyait. Il découvrait des lieux époustouflants à chaque coin de rue.

Puis le couple s'arrêta devant une boutique discrète, mais qui respirait tout de même le luxe.

Ils furent directement accueillis par une employée curieuse.

— Bonjour, puis-je vous aider ?

— Bonjour. Oui, nous souhaiterions voir le manager. indiqua Mathis dont la femme se retenait de rire en face de l'employée surprise.

— Euh... bien sûr... bredouilla cette dernière.

Elle se retourna vers le comptoir et appela son responsable qui apparut à peine quelques secondes plus tard.

— Oui, Maël ?

— Y a ce couple qui vous cherche, lui dit-elle.

Le manager se tourna vers le trio face à sa vitrine intérieure et son visage s'adoucit. Il s'exclama avec une certaine joie :

— Oh, Monsieur ! Madame !

— Bonjour, Rogers, le salua Mathis d'une poignée de main forte. Avez-vous ce que je vous ai demandé ? Notre ami souhaiterait les voir.

— Oh oui, bien sûr ! Suivez-moi ! s'exclama l'homme en les guidant vers une petite salle privée.

La jeune femme le regarda agir bizarrement, mais avec un sourire large et bienveillant. Complètement différent de son sourire commercial qu'il avait tous les jours à la boutique.

— Hé Eh ! fit la jeune femme. C'est qui ?

— Mais t'es conne ? l'interrogea une autre employée.

— Eh, oh ! se défendit la vendeuse, les joues rouges.

— Non, elle a raison. intervint l'un des hommes de la boutique. T'es conne... C'est celui qui signe ton chèque tous les mois.

— Quoi ?! s'étrangla-t-elle.

Fébrile, elle demanda à aller boire un peu d'eau pour digérer ce qu'elle venait d'apprendre, ainsi que la façon dont elle avait traité son employeur.

Pendant ce temps, à l'intérieur de la boutique, on pouvait voir leur manager passer de l'îlot central de la salle principale à une petite pièce privée où s'était enfermé le trio qui l'attendait avec ses plateaux remplis de bijoux.

— J'ai pu vous faire une sélection en suivant les directives que vous m'avez envoyées, expliqua le manager en déposant le tout sur la table basse.

— Merci, Rogers, assieds-toi avec nous, l'invita Mathis. Nous devons aider notre ami ici présent à trouver la perle rare pour sa compagne.

— C'est pour une demande en mariage ? Demanda l'homme en anglais.

— Tout à fait, répondit Shi Ji dans un anglais nerveux.

Lui l'était, pas son anglais. Mais le manager de la boutique comprenait très bien que c'était un moment important pour lui.

— Mes félicitations !

— Chaque chose en son temps, mon ami. Commençons déjà par voir cette bague-ci, s'il te plaît.

— Oh oui, bien sûr ! Se reprit Rogers en prenant une alliance entre ses doigts gantés.

Durant une bonne heure, Shi Ji vit défiler devant ses yeux une multitude d'anneaux, tous aussi beaux les unes que les autres.

— Je peux visiter votre boutique ? demanda-t-il au bout d'un moment en se levant du fauteuil sur lequel il était installé.

— Bien sûr ! fit Mika en souriant.

Shi Ji se dirigea vers la salle principale de la boutique et papillonna, admirant les divers bijoux exposés. Il sentait les regards dans son dos qui le suivaient, en haleine. Il n'avait rien trouvé d'exceptionnel dans les propositions que ses amis lui avaient montrées. Quand soudain...

— Celle-là ! s'écria-t-il.

— Sophie, pouvez-vous ouvrir et sortir la bague ? demanda Mathis à une femme à côté de lui.

— Bien sûr, Monsieur.

La femme tira le tiroir protégé par une vitrine basse.

— Celle-ci, Monsieur ? Demanda-t-elle à Shi Ji en lui montrant du doigt celle qu'il avait visiblement repérée.

— S'il vous plaît. acquiesça-t-il.

La femme sortit une alliance en argent dont le diamant était une couronne de fleurs. À ses yeux, la bague représentait sa compagne. Belle, fragile et pourtant si forte. La couronne de fleurs pouvait également cacher des épines, ce qui collait avec ce côté piquant que la bretonne avait.

— Je peux ? demanda Shi Ji à la femme.

— Oui, allez-y.

La femme lui tendit l'alliance qu'il étudia, des étoiles dans les yeux.

— Qu'est-ce que tu en penses ? demanda Mika à son ami.

— Elle est sublime, tout à fait Nyla, répondit ce dernier, un léger sourire sur les lèvres.

— Je trouve aussi.

— Alors on la prend ! s'exclama Mathis.

Une fois dehors, son achat bien planqué, le chanteur devait passer à la suite du plan qui s'avérait plus complexe, cette fois...

[...]

Le concert approchant, Shi Ji devenait de plus en plus tendu.

— Tu vas bien ? le questionna Yüna, inquiète.

— Oui, juste un peu fatigué. lui dit-il pour la rassurer. Ça ira mieux après. Tu as pu repérer les lieux ?

— Oui et j'ai déjà tout mis en place ! répondit-elle, tout sourire. Et j'ai tout trié, comme à chaque fois.

Il lui sourit et embrassa son front.

— Comment tu te sens ? l'interrogea-t-il, cherchant à tromper son propre état de panique avec celui de sa belle.

— Nerveuse, mais vous avez géré toutes vos dates jusque-là, donc je ne vois pas pourquoi celle-ci serait différente.

Si seulement elle savait... pensa-t-il.

Shi Ji sentait son cœur battre tellement vite qu'il était sur le point de s'évanouir.

— Bois un peu, tu me fais peur.

Secrètement, il la remercia pour cette petite diversion. Il prit la bouteille et but quelques gorgées qui lui firent beaucoup de bien.

— Boss ! s'exclama Shin Ya.

— C'est l'heure, il faut y aller, compléta Alexis.

— Noona, tu peux m'aider, s'il te plaît ? demanda Ka Si.

— J'arrive ! pouffa la jeune femme.

Il la vit partir vers ses amis et ressentit tout son stress revenir au galop.

Pendant les quelques minutes qui précédèrent le début du concert, Yüna vérifia les tenues de chacun et le staff peaufina maquillages et coiffures. Quand les musiques d'attente du concert retentirent, il fut temps pour le groupe de partir. Chacun vint prendre la bretonne dans leurs bras, comme pour se porter chance. Quand ce fut au tour du leader, il lui attrapa la taille, la plaqua contre lui et l'embrassa durement, comme si c'était la dernière fois.

Intriguée, elle posa la pulpe de ses doigts sur sa bouche, cherchant à comprendre ce qu'il venait de se passer.

— Eh ! Bonsoir, Paris ! Vous allez bien ?! s'exclama Ka Si dans un français travaillé, mais encore un peu timide.

Sur l'écran de sa salle, elle pouvait voir les garçons évoluer sur la grande scène, entamant deux chansons avant de venir se changer en vitesse, puis repartir aussi vite, enchaînant d'autres chorégraphies et titres.

Ce fut quand ils arrivèrent au dernier quart du concert que Shi Ji sentit tout le stress lui tomber dessus. Comme à leur habitude, le groupe s'installa sur le décor pour discuter entre eux, boire un peu d'eau et interagir avec leur public.

Mais ce fut après la dernière chanson, quand ils furent rappelés sur la scène, que Shi Ji se décida. C'était le moment.

— Mais qu'est-ce qu'ils font ? demanda une fan.

— Qu'est-ce que j'en sais ? rétorqua un homme.

— C'était prévu ?

— Pas du tout ! s'exclama une fan hystérique d'avoir du rab.

Shi Ji prit le micro, retira son oreillette et s'avança sur le devant de la scène. Le reste du groupe en retrait derrière lui.

— J'espère que vous avez apprécié le concert, tout comme nous ! Se lança-t-il. Comme vous le savez, nos tenues sont créées par la femme qui nous accompagne depuis un certain temps déjà et qui partage également ma vie depuis quasi deux ans.

— YÜNA !

Shi Ji sourit.

— Ce soir, j'ai besoin que vous soyez les témoins de quelque chose que je prépare depuis un bon moment. Est-ce qu'on peut faire monter Yüna, s'il vous plaît ?

— Encouragez-la ! s'exclama Ka Si en applaudissant lentement.

La foule le suivit pour qu'au fur et à mesure, il n'y eût qu'un seul applaudissement fort qui faisait vibrer les gradins jusqu'à la scène.

La jeune femme apparut, complètement désorientée et avec, dans ses yeux azurs, une forte envie de fuir. Shi Ji s'approcha d'elle, lui tendant la main. Elle glissa ses doigts timides sur sa paume et se laissa attirer vers la scène, affrontant ainsi des milliers de fans qui continuaient de suivre le rythme de Ka Si.

— Yüna, commença-t-il. Tu m'es apparue à un moment où j'étais un peu trop sûr de moi, où j'avais besoin d'un but pour garder la tête haute. Tu m'as appris ce qu'était ta maladie, que tout le monde ne pouvait pas être comme nous. Que des gens, même des fans, pouvaient être victimes d'agoraphobie et de phobie sociale. Tu as subi beaucoup de choses dans ta vie jusqu'à ce que tu arrives à Incheon, ce jour-là.

Yüna ne comprenait pas où il voulait en venir et le regarda, sourcils froncés.

— Tu m'as appris à prendre sur moi, à être quelqu'un de plus mature et plus calme, continua-t-il sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. Tu m'as fait découvrir un monde où tu avais besoin d'un guide, quelqu'un qui serait ta zone de sûreté et qui devait savoir te montrer la voie pour ne plus avoir peur. Tu as été courageuse et j'ai cru mourir quand tu étais dans le coma.

— Sh... Qu'est-ce que tu fais ?

Il prit un moment avant de se lancer :

— Yüna Kaelikast ! Est-ce que tu accepterais d'être ma guide ? De me montrer la voie et d'être mon point d'ancrage dans ce monde ? Veux-tu m'épouser ?

La jeune femme ouvrit grand les yeux, tandis que la foule cessa tout geste. Un grand silence remplit la salle de concert. Shi Ji mit un genou à terre et sortit la petite boîte qui contenait la fameuse alliance en argent.

— Accepterais-tu de la porter ? De prendre mon nom et de me montrer tout ce que j'ignore encore ?

— Tu... Tu es fou... bafouilla-t-elle.

Les larmes coulèrent sur ses joues, les mains plaquées sur sa bouche, elle ne savait quoi dire. Pourtant, son cœur savait ce qu'il voulait. Alors bien qu'elle soit entourée de beaucoup de monde et que tout soit silencieux, elle lui tendit sa main et hocha la tête.

Alexis se précipita vers elle et mit son micro devant sa bouche pour partager sa réponse :

— Oui, Kang Shi Ji. Oui, je veux être ta femme ! répondit-elle.

La foule reprit vie et hurla de toutes ses forces. Partageant avec le groupe et le couple ce moment de bonheur. Ils scandèrent les noms de chacun et celui de Yüna fut ajouté après celui de Hawkly.

Shi Ji prit la bague et la lui glissa au doigt, avant de la soulever dans ses bras. Il la fit tourner tant il était heureux. Pourtant, la peur ne l'avait pas encore quitté, il avait encore du mal à respirer, jusqu'à ce que Yüna s'approche de son oreille pour lui glisser :

— Tu veux être le père de mes enfants ?

Il se stoppa net.

Et devant tout le Stade de France, il posséda sa bouche avec une joie infinie. La foule hurla de joie, applaudissant et criant à tout rompre, heureux d'avoir assisté à cette demande en mariage qui concernait l'une des leurs. L'histoire de la jeune femme avait fait le tour du monde et avait particulièrement touché son pays qui avait décidé de faire de son mieux pour apporter son aide aux personnes recluses.

En ce jour, ils assistaient à la plus belle demande en mariage et surtout, à un amour explosif.

— Je t'aime, Yüna.

— Je t'aime, Shi Ji.

Mika et Mathis furent invités à rejoindre le groupe pour féliciter le couple. Cette soirée marquait la fin de la tournée des TRYomphe, mais surtout, un jour inoubliable pour Yüna.

***

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