CHAPITRE 2 Souvenirs douloureux
C’était un Ruscov une fois de plus qui m’avait engagée, mais celui-là avait un réel problème : il voulait un poisson, un poisson un peu gros.
Il m’avait proposé 7 millions de dollars, pour le lui livrer. Chose qui peut paraître très facile en soit, mais pas autant qu’on ne le pense.
Déjà je n’aime pas livrer les gens ! Oui, l’assassin c’est moi ! Mais surtout… Je ne suis pas livreur !
Et surtout les Russes ne sont pas des blagueurs, si jamais, ils ont quelqu’un dans le viseur et qu’ils ont décidé de s’en occuper, mieux vaut pour le pauvre type qui tomberas dans leurs pattes, qu’il crève d’une crise cardiaque !
Parce que le type en question, s’il passait qu’un mauvais quart d’heure…Encore… Je me dirais tant pis pour toi mon petit loup. Mais non, car je sais ce qu’ils font…
Deux ans après avoir commencé mon job, j’avais eu rendez-vous avec un de ces mafieux pour récupérer de l’argent.
Il m’avait proposé de boire un verre.
Moi qui détestais l’alcool et les Russes ne vivant que pour leur vodka, ça allait être compliqué, alors j’ai accepté un café.
Pendant que Dimitri et moi discutions de diverses choses, un homme est arrivé en hurlant en russe :
- Босс, он умер... (Patron, il est mort)
Dimitri foudroya du regard l’homme qui nous avait interrompu, puis me regarda et me dit :
- Veuillez m’excuser Mademoiselle.
J’acquiesçai, il se leva et se dirigea vers l’homme en hurlant :
- Не необходимо чтобы женщина, которая является susses что мы убивать людей здесь. Необходимо избавляться от этого! (Il ne faut pas que la femme qui est là saches que nous tuons des gens ici. Il faut s'en débarrasser !)
Puis Dimitri, revint s’asseoir près de moi et me regarda longuement sans rien dire moi, je continuais à siroter tranquillement mon café en souriant. Je n’allais tout de même pas dire à un aussi grand patron que lui, que je comprenais et parlait le russe aussi bien que lui !!!
- Désolée, mademoiselle mais je n’aime pas parler dans ma langue devant des gens qui ne comprennent pas et...
- Mais je vous en prie Dimitri, il y a des choses dont on ne parle pas devant des étrangers, je suis à même de comprendre et…
- Tssk, veuillez me suivre mademoiselle il vaut mieux que vous voyez de vos propres yeux…
Je me suis levée très mal à l’aise, je sentais très mal ce qu’il avait à me montrer. Il m’emmena un peu plus loin dans son entrepôt. Nous passions devant des ouvriers qui relevaient la tête à notre passage et dès qu’ils voyaient Dimitri, la rebaissaient immédiatement.
Après avoir franchi moult portes, il s’arrêta devant un escalier en colimaçon me regarda et me dit :
- Les femmes d’abord.
- Ma galanterie de lesbienne me pousse à laisser l’hôte passer devant.
Puis je souris. Il me regarda et explosa de rire :
- J’aime votre méfiance à mon égard Jo (c’est le nom sous lequel j’avais effectué son contrat) Mais n’ayez pas peur de moi, en me disant que vous êtes lesbienne. Passez, je vous en prie.
- Le principe même, Dimitri, est que je ne saurais vers où me diriger une fois en bas.
- Ayez confiance, je vous dirigerai.
Je n’avais pas peur, mais je n’avais aucune confiance en Dimitri.
C’était l’archétype même de la pire pourriture qui puisse exister. Une fois en bas, il pourrait m’égorger sans aucune retenue.
Mais perdu pour perdu, je n’étais pas totalement désarmée et je savais me battre aussi. Je suis donc passée devant lui.
Au bas de l'escalier, je m’étais arrêtée devant une porte dégueulasse tout en bois moisi, sur laquelle était accroché un maillet. Dimitri surgit de derrière moi :
- Je vous en prie Jo, frappez.
Je pris le maillet, puis je me mis à frapper contre la porte. Dix petites secondes plus tard, un homme très imposant, avec un tablier couvert de sang vint m’ouvrir.
- Необходимо убивать ее слишком голову? (Il faut la tuer elle aussi chef ?)
Dimitri se mit devant moi et me dit :
- Затем Джо должна убивать вас? (Alors Jo répondez-lui. Faut-il vous tuer ?)
En regardant Dimitri droit dans les yeux, j’ai compris que j’étais faite. Je lui dis :
- Никакой это не не необходимо. (Non ce n'est pas la peine.)
Dimitri explosa de rire.
- En plus, vous n’avez aucun accent. C’est excellent ça !
- Dimitri…
- Ouvre la porte et laisse-nous entrer, Dragomir.
L’homme ouvrit en grand la porte, et nous laissa passer. Dimitri marchait à mes côtés. Il me dirigea vers une petite salle où il me fit entrer.
- Asseyez-vous Jo, nous avons à parler plus tranquillement.
Je m’assis en face de lui en croisant les jambes. J’en profitais pour toucher ma cuisse et vérifier que mon poignard était toujours en place. Il n’avait pas bougé. Ça m’avait rassuré, même si je savais qu’en bas il y avait la réserve d’armes qui provenait de Moscou et des gorilles prêts à me canarder si je clignais trop des yeux. J’étais en mauvaise posture.
Mais ma grande gueule décida tout de même de s’ouvrir.
- Vous allez me torturer parce que je parle le russe et que je ne vous l’ai pas dit et alors ?! Je n’ai pas à tout vous dire, vous m’avez engagée, j’ai honoré notre contrat, point, il n’y a rien à ajouter.
- Si, je n’aime pas qu’on me mente.
Vous ne vous appelez pas Jo, ni Jade, ni Nina, Lola, Rose, Ruth et j’en passe encore. Personne ne vous connaît réellement n’est-ce pas ?! Mais on dit que vous êtes la meilleure, que vous excellez dans l’art de tuer et de rester introuvable. Alors, avant de vous engager, j’ai mené ma petite enquête et j’en sais désormais un peu plus sur vous…
- Qu’est-ce que ma vie a d’intéressant ?! Rien !!!! Vous me payez pour tuer, j’exécute !
- Pourquoi avoir choisi cette voie ?
- C’est personnel !
Dimitri se dirigea vers l’armoire qui était collée contre le mur et l’ouvrit. Ce que je vis me retourna l’estomac, et là, par contre, je n’aurais pas craché sur un verre de vodka !!! Il n’y avait que des instruments destinés à la torture !
- См. собой, если я желаю заставить вас говорить, я имею того что делать… (Voyez par vous-même si je désire vous faire parler, j'ai de quoi faire)
- Dimitri, moi-même, je me demande comment un aussi bel homme que vous peut être aussi con ?! Mais pourtant, je ne vais pas vous torturer pour autant !!!
Je savais que je venais de signer mon arrêt de mort ! Parler de la sorte à un des boss de la mafia et russe qui plus est… Que ma bouche peut être cruelle avec moi parfois…
- Vous jouez avec le feu, mais moi aussi j’aime jouer mademoiselle. On va jouer votre vie…
- A quoi ? Poker ? La marseillaise ? Rami ?
Dimitri m’observa, le regard malsain avant de me répondre calmement :
- Aux langues !
- Pardon ?
- Oui, je sais que vous excellez dans l’art de vous déguiser de parler plusieurs langues et de prendre des accents !!! Mais je sais qu’une langue vous fait défaut et vous ne la supportez pas !
- Vous parlez sûrement du japonais !
- Oh tout de même, je ne suis pas si bête, je vais vous donner trois phrases à me traduire dans trois langues différentes. Si vous y arrivez, je vous laisse partir et je vous ferai même une lettre de recommandation.
Mais uniquement ces trois phrases et rien d’autre !
- Et si je n’y arrive pas ?
- Vous m’appartiendrez alors !!!
Un éclair diabolique apparut dans ses yeux au moment où ces mots sortirent de sa bouche ! Voilà pourquoi je penche un peu plus pour les femmes… Elles sont certes beaucoup plus vicieuses mais pas besoin de vouloir s’approprier des femmes de la sorte !!!
C’était risqué, mais je n’avais pas vraiment le choix. Je me suis levée et j’ai rejeté mes cheveux blonds en arrière.
À cette époque, j’étais blonde platine avec des cheveux très longs qui caressaient mes fesses, je portais des sourcils très fins pour qu’on ne voit pas que ce n’était pas ma couleur naturelle ! Mais ce qui me trahissait à chaque fois c’était ma poitrine ! Je ne pouvais pas la cacher ! Je me suis approchée de Dimitri et j’ai acquiescé comme on me l’avait appris en Russie pour dire oui !
Il me répondit de la même manière, mais il était légèrement troublé car lui et moi savions que seul un cercle très fermé utilise cette méthode.
Il me mena jusqu'à l’entrepôt où nous étions au début de l'entretien. Je m’assis, trois hommes patientaient. Au premier coup d’œil, je reconnus leur origine. Le premier était Japonais, le second, arabe, et le troisième était un piège !
Car Dimitri ne mentait pas, mon point faible a toujours été l’espagnol ! Même l’italien, j’y étais arrivée mais l’espagnol me rebutait automatiquement et ça devenait catastrophique !
En me voyant ouvrir de grands yeux, un rire monstrueux sortit de sa bouche. Il comprit que j’avais compris.
- Bien Jo, maintenant ces hommes chacun à leur tour vont vous dire une phrase qu’ils ne répéteront que deux fois dans leur langue. Vous prendrez note, et vous me traduirez ce texte ! Ok ?!
- Ok, mais juste une question.
- Je suis toute ouïe.
- Vous réalisez un fantasme ?
- Pardon ?
- Vous avez toujours rêvé de devenir professeur et ça vous fait bander de me faire ça !!!
Cette chose qui me sert de bouche me mènera à ma perte…
Dimitri ne se démonta pas, il se pencha vers moi. Me regarda droit dans les yeux et me dit tout doucement :
- Quand vous échouerez, je vous montrerai mes fantasmes…Ne vous inquiétez pas !
- Je ne m’inquiète pas, mais je ne suis pas pressée pour autant !
Un combat de regard s’était engagé entre Dimitri et moi, quand soudain une voix si profonde qu’on la croirait sortie des entrailles de la terre, coupa notre élan :
- Il suffit Dimitri !
- Alexander…
- Tu la voulais, tu voulais la tester, alors teste-là, mais cesse de la provoquer !
Alexander…. Il m’a coupé la chique ! Je n’avais jamais vu une beauté comme la sienne ! C’est vrai que je penche plus pour les femmes, mais pour lui j’y renoncerai bien volontiers !
Il était très grand, avec une musculature qui ne passait pas inaperçue, blond aux yeux bleu- glacial ! Quand il marchait, on sentait qu’il imposait le respect. Je me suis mise à gigoter et me suis tournée vers Dimitri :
- Bon, on commence ?
- On va même finir…
- ваших мечтах (dans vos rêves), murmurai-je.
Dimitri, me regarda de travers et moi, je souriais.
Vlan ! Dans ses dents au Ruscov. Il ne l’avait pas vu arriver celle-là.
Le premier homme japonais s’approcha de moi et me dit :
あなたは最も知的であることを考えますが、あなたが私あるいは私が消すものに属するまで、私が決して私が追いかけるべきであるあなたにあなたを残すべきではないとはあなたを知っています!
Ça faisait quelques années que je parlais cette langue, je me dépêchais donc de la retranscrire sur papier, bien que je l’avais comprise immédiatement.
Le second d’origine sûrement Saoudienne s’avança et me dit :
أعرف أن ديمتري ليس لاعبا صغيرا, عندما يريد شيئا (القضية) وقال إنه دائما ما يحصل ل
Je confirme, c’était bien un Saoudien, j’ai vécu un bon moment dans les Emirats Arabes. Et je parle la langue comme une vraie Saoudienne ! Facile une fois de plus, mais je n’aimais pas du tout la traduction que je trouvais…
Quand l’Espagnol s’approcha, je commençai à stresser, à grosses gouttes ! Devenir l’esclave personnel de Dimitri ne m’intéressait pas du tout !
Dimitri, quant à lui était tout sourire, il était sûr de son coup !
L’Espagnol ouvrit la bouche et dit :
Y sobre todo sé mucho sobre eso sobre usted, puedo hacer su vida una pesadilla !!
Quand les mots sortirent de sa bouche c’est moi qui souriais ! Oui, j’avais compris, ma chance à moi c’est que c’était la seule phrase que je savais dire en espagnol !!! Pour cause, j’aimais leur susurrer cette phrase à l’oreille !!! Je me dépêchais de tout remettre sur la feuille et de tout traduire. Dimitri était debout aux côtés d’Alexander. Quand je m’approchai d’eux, Alexander détourna le regard. Vexée, je tendis la feuille vers Dimitri qui la lut :
- Vous pensez être la plus intelligente mais sachez que je ne vous lâcherai jamais je vous traquerai jusqu'à ce que vous m’apparteniez ou que je vous tue !
- Sachez que Dimitri n’est pas un petit joueur, et que quand il veut une chose il l’obtient toujours !
- Et surtout j’en sais beaucoup sur vous, je peux faire de votre vie un cauchemar !!!
A la lecture de ma traduction, Dimitri devint pivoine. Je lui avais rajouté un petit post-scriptum :
- Sans doute Dimitri, mais là à cet instant c’est vous qui rêvez !!!
Je vis Alexander se pencher pour lire ma petite annotation, et étouffer un rire ! Et moi, j’étais vraiment fière de moi ! Dimitri était au bord de la crise de nerfs. Il siffla, deux hommes arrivèrent en courant :
- Tenez-la !
Les hommes m’approchèrent, mes réflexes tardèrent à venir, mais je réussis à balancer ma chaise en arrière, elle atteint le premier homme dans ces parties génitales. Je mis un coup de poing au deuxième mais je sentis qu’on pointait un magnum contre ma nuque. Une voix profonde et rauque me dit :
- Ici on ne se bat pas sans mon autorisation…
Cette fois ma bouche compris qu’il fallait qu’elle se tienne à sa place. C’était Alexander. Il me fit pivoter, je me retrouvais face à lui. Il était immense, et encore plus beau de près.
- Vous avez fait une bêtise, jolie demoiselle. Ici on suit les ordres à la lettre.
Il se pencha vers mon oreille et me murmura :
- Vous auriez dû écouter ses instructions scrupuleusement !
Je regardais Alexander d’un air interrogateur. Les sbires de Dimitri me tenaient toujours en joug, un troisième arriva et déchira mon tee-shirt. Je me retrouvai en soutien-gorge face à tous ces hommes. Alexander me regarda de loin et c’était le seul qui n’avait pas les yeux rivés sur mes seins… Je vis Dimitri débarquer avec un tisonnier dans les mains :
- Vous comptez me marquer au fer rouge ?!
- Perspicace !
La colère l’emporta :
- J’ai honoré mon contrat, vous m’avez contrainte à traduire un texte et maintenant vous me marquez ! Putain de bordel de merde, qu’est-ce que je vous ai fait ?
- Vous êtes une femme. Mais comme ça ne me suffit pas à vous faire du mal. Lorsque je vous aie demandé de traduire ce texte, j’avais dit uniquement le texte, mais vous avez voulu jouer à la maligne ! Alors je suis dans mon droit, je vais vous montrer qu’on ne se moque pas de nous !
Il prit le tisonnier qui avait un bout rouge en forme d’éclair et l’enfonça dans ma chair près de mon nombril. Le hurlement qui sortit de ma bouche, était si monstrueux, qu’aucun homme ne me regarda sauf Dimitri ! Il me marqua trois fois de suite, trois éclairs à droite, trois à gauche puis trois sous mon nombril.
- 666, le chiffre de la bête. Murmura un de ces hommes.
Quand il eut fini, ils me lâchèrent. Je m’écroulais à même le sol et en tentant de me relever Dimitri me frappa au ventre !
- Espèce de chienne !
- Остановка, что вы наказаны там. (Ca suffit tu l’as assez puni)
Dimitri lança un regard noir à Alexander. Il appela sa troupe. En passant devant moi, il déposa une valise puis partit. Dans l’entrepôt, il ne restait qu’Alexander et moi.
Il se dirigea vers moi, me releva. Et je le repoussais, il me fixa :
- Ne rejetez jamais la main qui vous aide…
- Comme je ne repousse jamais la main qui me brûle !!!
J’étais en larme et en sang, mon ventre était dans un état monstrueux ! Alexander ne trahissait aucune émotion sur son visage. :
Il se pencha en avant et tendit sa main vers moi
- Puis je vous raccompagner ?
Je mis ma main dans la sienne, et il m’emmena vers son véhicule. Il m’installa à l'avant et il se glissa derrière le volant. Tout au long du trajet, je regardais par la fenêtre. Je n’avais qu’une pensée au fond de moi-même : « je te tuerais Dimitri Vujicic »
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