Jeudi 19 Mars 2020
Confinement J3 :
Encore une belle journée... enfermés à la maison ! Les enfants ont beaucoup joué dans leur maisonnette, au bac à sable aussi. Mila a adoré jouer avec son seau et sa pelle c’était fou. On a fait la pâte à crêpes aussi, demain on va se régaler !
L'hôpital m'envoie un bulletin quotidien d'informations concernant le Covid19 sur Mont de Marsan et dans la région. Je trouve ça bien, ça va me permettre de rester informer. C'est comme ça que j'ai appris que les militaires de la base aérienne sont venus en renfort au niveau du SAMU. La solidarité de l'armée, c'est bien à voir. Ca doit soulager les profesionnels de santé quand même.
Au niveau du pays, c’est de mal en pire. Les premiers soignants sont contaminés, et décèdent. La première infirmière est morte ce matin. Le taux de décès explose, les manques sont de plus en plus difficiles pour les soignants. La seule chose positive dans tout cela est ce que la nature est en train de faire : elle reprend ses droits. Les canaux à Venise sont limpides, les dauphins y reviennent même ! On entend les oiseaux constamment. L’air de la Chine est devenu respirable, il n’y a plus de pollution. C’est tellement beau et à la fois si triste, de voir que si nous n’étions pas là, la terre irait mieux…
Dans cet élan positif, il y a de belles choses aussi de mise en place. Les personnes listent les commerçants qui proposent des services de drive ou de livraison à domicile. Les soignants ont des plages horaires adaptées pour eux pour leurs courses, comme les personnes âgées. Les soignants ont des réducations pour leurs courses et leurs essences. Les fleuristes distribuent leurs stocks dans les hôpitaux ou chez les personnes âgées... le positif commence à apparaitre dans tout ce malheur.
Post Insta : *HEROS*
Qu'on se mette d'accord dès maintenant, dans ce post je vais parler des soignants d'accord ? Mais je sais ce que l'on doit à tous les autres professions qui permettent à la vie de continuer en ces temps de crise. Je ne les oublie pas, et merci à eux. Cependant je vais parler des soignants car c'est ma profession.
Et quand je vois ce qu'il se passe aujourd'hui, je suis tellement fière de ces métiers de soignants, de mes collègues, de tout ce qu'ils font chaque jour. Et j'ai tellement peur pour eux. Tellement. Quand j'entends les chiffres qu’un soignant sur 2 va contracter le virus d'ici le pic épidémique. Quand j'entends que dans certains hôpitaux de l'Est, des centaines de soignants sont déjà infectés. Quand j'entends qu'ils vont au front, oui on est en guerre, sans protection adéquate. Je ne peux que leur dire merci. Merci de faire passer la vie des autres avant les leurs. Merci de prendre des risques pour sauver les autres. Merci de leur dévouement, de leur respect, de leur patience, de leur force, chaque jour.
Alors qu'il y a plusieurs mois, nous étions en grève. Nous alertions sur nos conditions de travail, sur le manque d'effectifs, de matériels, sur le nombre de burn-out, de dépression, de suicide... personne ne nous entendait. Personne ne nous écoutait. Aujourd'hui, l'hôpital fait ce qu'il peut pour enrayer le virus, mais il n'était pas prêt. Il répond présent mais il était déjà affaibli. Combien de temps va t il tenir ? Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire qu'ils sont des héros. Et je suis totalement d'accord. Mais pourquoi s'en rappeler qu'en période de crise ? Pourquoi les écouter qu'en période difficile ? Et si vous le saviez que leur profession est essentielle, pourquoi continuer à les vandaliser ? Je suis outrée d'entendre que les voitures des infirmières libérales sont vandalisés pour du matériel ou un caducée. Je suis horrifiée d'entendre que les hôpitaux sont pillés pour des gel ou masques. Je suis atterrée d'entendre les agressions qu'ils subissent, chaque jour, alors qu'ils risquent leur vie pour sauver la votre. Celle de votre père, mère, sœur, frère, grand-mère, grand-père, ami, conjoint... et tout ça sans aides matériels ou physiques.
Eux, ces humains que vous volés, ils travaillent encore. Vous qui vous plaignez, vos enfants sont en sécurité avec vous, les leurs sont en écoles ou crèches pour qu'ils aillent travailler, loin de toute sécurité. Vous, a qui on demande de rester sur votre canapé, apparemment c'est trop compliqué, eux ils subissent des changements de planning au dernier moment pour pouvoir être assez en nombre et pouvoir soigner. Et je pense que justement ils préféreraient se plaindre de rester confiner avec leurs enfants, plutôt que de risquer de ramener le virus chez eux, auprès des gens qu'ils aiment.
En temps de paix nous sommes là. En tant de guerre aussi. Et aujourd'hui, c'est la guerre. Les services sont pleins, ils travaillent sans pause, en heures supplémentaires, au-delà de leurs compétences. Et ça va aller de mal en pire jusqu'au pic épidémique et après. Il se peut que je soies rappelée à aller travailler. Mais je suis en bas des listes, car j'ai des enfants en bas âge. Oui il se peut que je soies réquisitionnée et je devrais aller au front, car même si ça me fait peur pour ma famille, j'irai à la guerre, car c'est mon devoir, mon métier, mon rôle. Alors avant de vous plaindre des choses, avant de râler en bon français, avant de sortir alors qu'on vous demande de rester confiné, allez mettre une blouse ne serait ce qu'une journée. Et on en reparlera après de qui sauve des vies en ce moment. Les vrais héros portent des blouses blanches et pas des maillots de foot.
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