21 - La révélation

14 minutes de lecture

Maintenant elle ne pouvait plus renoncer. Adèle descendit les dernières marches de l’escalier et passa derrière Christophe pour regagner la cuisine. Ses jambes la soutenaient à peine, elle se sentait vacillait. Arrêtez, revenir en arrière était impossible. Elle tira une chaise de dessous la table en formica et s’installa. D’ordinaire, à cette heure de la journée, depuis des années, elle préparait le repas. Mais aujourd'hui elle n’en avait plus envie, plus la force, elle ne ferait plus rien pour cet homme. Son cœur battait à tout rompre. Elle inspira profondément pour se donner du courage avant de commencer, avant de lancer la bataille, avant de l’affronter. Dans une lutte pour Adam où chaque mot, chaque argument devait faire plier Christophe, lui faire reconnaître ses mensonges, elle n’avait pas le droit de reculer. A l'issue de ce face à face où elle ne céderait pas, elle en était sûr, elle saurait tout sur ce qui c'était passé entre lui et son fils, tout sur cette histoire, sur ses hypocrisies, sur ce masque qu'il portait depuis si longtemps. C'était une nécessité, son devoir de mère, pour qu’elle puisse revoir son fils, elle devait le faire avouer. Tous les éléments qu’elle avait réuni, amassait petit à petit suffirait à briser cet homme, elle en avait la conviction, la certitude. Mais elle n’avait jamais osé s’opposer à lui aussi frontalement, aussi brutalement, elle avait toujours cédé, lui laissant le dernier mot. Christophe continuerait à nier, elle en était persuader. Il lui fallait trouver le courage de l'emmener à reconnaître son implication. Il lui faisait face, les bras croisés au pied de l’escalier, il n’avait pas bougé, la regardant s'installer, la fixant avec dégoût. Adèle assise sur sa chaise, le dos voûté, le regard perdu dans le vague, n’osait relever les yeux. Ce qui lui manquait, c'était la force de lui dire non. Avant qu’elle pu dire un mot, Christophe lança brutalement :

- Alors je t'écoute.

Adèle sursauta, elle se tenait éteinte, recroquevillée sur elle-même, la peur au ventre. Timidement elle prit la parole.

- Je sais tout, je sais pourquoi Adam est parti. S’il est parti, c’est ta faute.

Elle avait prononcé ces mots la tête baissée, regardant ses chaussures comme une enfant apeurée, craignant la réprimande.

- Tu crois que j’y suis pour quelque chose. Mais Adam voulait partir, il ne supportait plus d'habiter ici, entre ces murs, dans sa chambre, enfermé comme un ado couvé par sa mère, dans cette atmosphère toxique. Tu nous étouffe, tu nous empêche de vivre. C’est pour ça qu'il est parti. Tu crois que ton fils a besoin de toi, mais c’est faux, il s’en fout de toi, de moi. La preuve, pas un coup de fil, pas même un message depuis qu’il est parti. Tu t'accroches à ton fils mais lui il s’en fout de sa mère.

- Tu dis n'importe quoi, tu mens, Adam est très heureux ici. C’est toi qui nous rend la vie impossible. Tu veux tout me mettre sur le dos comme d’habitude, me rendre coupable de son départ, mais c’est là ou tu te trompes, je ne me laisserai pas faire cette fois.

Elle prenait de l'assurance, les premières secondes avaient été les plus difficiles, maintenant elle irait jusqu’au bout, jusqu'à ce qu'il reconnaisse ses torts. Elle fit une pause le temps de respirer, pour rassembler son courage. Et pour être sûr de le mettre au pied du mur, pour être sûr qu'il reconnaisse son implication, Adèle plongea la main dans la poche de son jeans et en retira le téléphone d’Adam qu’elle avait trouvé dans le grenier. Elle le tendit et repris.

- J’ai trouvé son téléphone, le téléphone d’Adam que tu as caché dans le grenier sous le meuble. je l’ai trouvé tout à fait par hasard. Je rangeais des cartons et j’ai mis la main dessus.

- Fallait que tu fouilles!

Christophe la regardait près à lui sauter dessus pour lui arracher le téléphone des mains.

- Ça m'a ouvert les yeux. J’ai mis du temps à comprendre, mais tout t’accuse. Je sais que s’il est parti, c’est à cause de toi. Tu lui as demandé de partir et tu m’a laissé dans l'ignorance pendant tout ce temps. Tous les jours j’ai pleuré, tous les jours j’ai prié, tu m'as laissé souffrir. J’ai été naïve. Pendant toutes ces semaines et encore aujourd'hui tu veux me faire croire qu’Adam m’a abandonné. Mais c’est toi qui a tout orchestré, qu’il la poussait à partir.

- Mais qu’est-ce que tu racontes. Tu as vraiment trop d’imagination. Tu inventes des choses qui n'existent pas.

- Je sais tout, je te dis, je sais tout, lui lança-t-elle.

Cette fois-ci, elle le regardait dans les yeux. Christophe serrait la machoir en faisant non de la tête, abasordie, refusant d’entendre sa femme. Pourquoi n'avait-il pas détruit ce téléphone, au lieu de le cacher sous ce meuble ?

- Il va falloir que tu me rendes ce téléphone, cria t-il.

- Je sais pourquoi tu allais dans sa chambre la nuit. Je sais pourquoi tu as récupéré son téléphone et pourquoi tu l'as caché. Je sais tout, tu m'entends, je sais tout.

Adèle continuait à répéter, à marteler chaque mot jusqu'à ce que ce mur de mensonges s'effrite, se fissure.

Il s'était rapproché conscient de ce qui allait suivre, de ce qu'allait dire Adèle et qu’il lui serait impossible de contredire. Fini les mensonges, il devait faire face à ses erreurs et tout lui révéler. Elle s'était redressé sur sa chaise, sur la défensive craignant son approche, mais elle ne cédait pas.

- Je sais que c’est à cause de toi qu’Adam à disparut. Je sais que s’il est parti, c’est pour échapper à ton emprise. A cause de ta folie du jeu. C'était ça hein, c'est ça ? Tu m’as menti. Tu nous as menti. Tu as détruit notre famille et tout ce que nous avions construit.

- Mais qu'est-ce qu’on a construit ?

- Tout ça pour jouer.

- Ça fait vingt ans que je me retiens.

- Je veux que tu me dises où il est.

Ils ne s'écoutaient plus, chacun retrancher sur ses positions. Elle avait à peine repris son souffle entre chaque phrases. Toute sa rancoeur était sortie d’un bloc, comme si elle voulait expulser hors d’elle tout ce fiel qui l’empoisonnait, le suppliant d’avouer. L’image entêtante de son fils l’aidait à affronter cet homme, qu’elle supportait depuis des années sans rien dire. Elle puisait dans son amour de mère la force nécessaire à le défier, à l'affronter, elle ne fléchirait pas. Elle brandissait le téléphone comme une preuve irréfutable.

- Mais qu’est-ce que tu sais ? Tu imagines savoir, mais tu es loin de la vérité, reprit Christophe.

- Mais quelle vérité ? Dis-moi où il est ?

- Mais je n’en sais rien, je suis comme toi, je ne sais pas où il est, il a disparu.

Christophe agitait sa main droite en l’air comme pour chasser au loin une présence envahissante.

- Et puis tu sais comme moi qu’il est en Angleterre. Il a pris le ferry, les gendarmes l’ont confirmé, qu'est ce que tu veux de plus ?

- Arrête de mentir, c'est toi qui a tout organisé. Je vous ai écouté parler tous les deux du bas de l’escalier, je n’ai pas tout compris. Vous parliez de téléphone, de photos…

- Ah et merde, je te dit que j’en sais rien.

- Mais bien sûr que tu sais. Pourquoi as-tu caché son téléphone ? C’est bien toi qui à cacher son téléphone, oui ou non. Je comprends mieux pourquoi il ne répondait pas à mes appels. J’ai réussi à le rallumer. Tu aurais mieux fait de le détruire. Dans la galerie, il y a les dernières photos qu’il a prises. Tu ne peux pas le nier. On te vois avec une fille et un autre gars. Tu montes en voiture. Je ne sais pas ce qui se passe dans cette maison où ces photos ont été prises, mais dans les messages, j’ai retrouvé les échanges qu’il a eus avec Thomas. Adam parle de ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont vu ce jour-là, toi et ces deux types avec cette fille, de l’agression de Thomas. Tout est là dans ce téléphone.

Christophe écoutait, inébranlable. Certain qu’il finirait par avoir le dessus, qu’Adèle céderait comme d’habitude, mais Adèle ne lâchait rien.

- Il vous a vu sortir de cette maison. Puis plus rien, il n’a plus rien, plus de message depuis la nuit où tu es monté dans sa chambre.

- Tu veux que je te lise ce qu’ils ont écrit.

Adèle tapota rapidement sur le téléphone. Elle afficha les derniers messages en date du samedi neuf mars, vingt heures seize.

- Ils sont venus chez moi. Il m’ont frappé.

- Qui ?

- Ce mec qui nous a couru après et un autre type.

- Merde.

- Ils m’ont chopé en bas de chez moi.

- Désolé

- J’irai pas au lycée lundi.

- A ce point là.

Christophe n’en pouvait plus de ce récit.

- Arrête, je n’ai pas envie d'entendre ça.

Adèle continuait sa lecture.

- Il faut qu’on se voit. Thomas avait joint une photo de lui, de son œil tuméfié.

- Putin les salauds. Ok, quand ?

- Mardi avant les cours.

- Je suis désolé.

- T'aurais jamais dû faire ces photos.

- Quand j’ai vu mon père avec cette fille…

- On aurait jamais dû aller devant cette maison.

- Qu'est-ce qu’il t’ont dit ?

- On se voit mardi.

Christophe tapa du poing sur le mur.

- Mais arrête ! cria t-il.

Adèle stoppa net, pétrifier. Il s’en voulait d’avoir été si négligent. Il n’avait pas regardé dans les messages, il n’avait pas non plus effacé les photos comme il l’avait dit à Matt. Il pensé à tort qu’il suffirait de le cacher sous ce meuble pour que personne ne le trouve, ni Adèle ni son fils. Il l’avait gardé pour se prémunir d’un éventuel problème avec Matt et le rendre à Adam qu’en tout serait fini.

- Bien sûr que c’est moi qui ai caché son téléphone. Oui, je lui ai demandé de partir. Oui, je lui ai demandé de quitter la maison, mais c'était pour son bien. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Tu crois que j’ai eu le choix, mais je n'ai pas eu le choix, ils ne m’ont pas laissé le choix. Je me suis retrouvé pris dans cet engrenage. Si je ne t’ai rien dit c'était pour te protéger.

- Mais de quoi tu parles, de qui tu parles ? Ne me fait pas croire que c’est toi la victime. Ça ne t’a pas suffit la première fois, il a fallu que tu continues, que tu recommences à jouer, que tu continues à me mentir. La mort de Mathieu ne t’as pas suffit. Tu as besoin du malheur pour vivre. Tu as besoin de souffrir et de faire souffrir. Tu ne sais pas ce que c'est d'être heureux en famille. Tu as besoin de détruire, de détruire ce que tu as.

- Ne remets pas cette vieille histoire sur le tapis.

- J’ai accepté à l’époque de t'aider, j’étais jeune, j'étais amoureuse, mais c’est fini. Tout ça c'est arriver par ta faute.

- Mais ce n'est pas moi qui ai poussé Mathieu par-dessus la rambarde.

- J’ai fait ça pour toi par amour.

- Sans moi tu serais en prison.

Après un long silence Adèle ajouta du bout des lèvres, tremblante, les yeux perdus dans le vide.

- Je te hais.

Christophe reprit.

- Regarde autour de toi, ça fait des années que l’on habite cette maison. On a rien, on vivote, on aura jamais rien. J’en ai marre. Alors oui j’ai recommencé à jouer, c’est ce que je fais de mieux, mais c'était pour gagner de l’argent et partir d’ici. Regarde nous, regarde ce qu’on est devenu. Je ne veux plus vivre comme ça. Je suis désolé.

Alors Christophe se mit à parler. Il lui révéla l'essentiel de ce qu’elle ne savait pas déjà, qu’elle avait déduit, grâce à tous ces petits détails mis bout à bout jour après jour et grâce à Justine qui l’avait aidé et soutenu pour découvrir la vérité. Mais il y avait tant de vide à combler. Elle avait imaginé tant de choses horribles. Elle se sentait vidée. Elle avait mal au cœur. Elle l'écoutait, assise en face de lui de l’autre côté de la table. Elle se détourna pour ne plus voir son visage, c'était mieux ainsi, elle ne le supportait plus. Elle n'avait plus de questions, elle les avait toutes déversées. Il lui restait seulement ce pourquoi qui se répétait en boucle dans sa tête et auquel elle n’aurait jamais de réponse. “Pourquoi, pourquoi tu es comme ça ?” A cet instant, elle haïssait cet homme, la cause de tous ses malheurs, de tous ces renoncements, de toutes ces déceptions. Christophe s'était assis à l’autre bout de la pièce. Ils restèrent silencieux de longues minutes. Puis elle se leva dans un état second. Adèle saisit le couteau de cuisine posé sur l'évier et s’approcha de Christophe qui resta immobile, figé, pétrifié par l'inconcevable enchaînement des événements. Adèle s'était rapprochée de lui et posa la pointe de la lame sur son ventre. Christophe chercha le regard d'Adèle, mais elle ne le regardait plus, les yeux fixés sur l’acier. Il remua un peu, sa chaise grimça, peut-être surpris de ce qui se passait dans le silence pesant de la cuisine, dans ce huis clos terrible. Il semblait comprendre soudain ce qu'Adèle avait en tête, il allait mourir, elle voulait le tuer pour tout ce qu’elle avait subi, endurée toutes ses années; pour la disparition de son fils, sa faiblesse, ses addictions, tout ce qu’elle ne supportait plus en lui, pour le présent et le passé, pour Mathieu. Elle l’avait condamné, elle exécutait sa sentence. La lame du couteau traversa la toile fine de sa chemise. Une petite auréole rouge apparut sur le tissu bleu clair autour de la lame. Sa tête bascula en avant, il regarda le couteau. Stupéfié, tétanisé, il ne bougeait plus.

- Pardon, souffla Christophe

Alors il saisit fermement la main d'Adèle et dans un geste résolu, il fit pénétrer la lame entièrement. La tache écarlate s'agrandit. Christophe rejeta sensiblement la tête en arrière, une grimace de douleur déforma son visage et lui serra la gorge. A la vue du sang, Adèle sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle tomba à genoux.

- Adam, souffla-t-elle avant que sa tête ne bascule sur son épaule.

Puis lentement, elle glissa sur le côté, terrassée par la violence de son acte, par l'étrange engrenage de tous ses gestes effroyables. Son crâne heurta le bord de la table et elle perdit connaissance. Son corps s'étala sur le carrelage glacé de la cuisine. Inerte, inanimée, elle ne bougé plus.

*

Quand elle reprit ses esprits, elle était seule dans la cuisine. Christophe n'était plus là. Elle se releva péniblement, cherchant un appui sur son coude, puis sur sa main. Enfin, elle put s’asseoir, ses jambes repliées sous elle. Elle resta comme ça de longues minutes, désorientée, cherchant à prendre conscience de la situation. La tête lui tournait. Elle voyait dansait devant ses yeux les placards et l'évier de la cuisine. Elle porta la main à sa tête meurtrie. Elle ne saignait pas, juste une grosse bosse sur le côté qui lui faisait affreusement mal.

- Christophe ? lança-t-elle dans le vide immense du silence.

- Christophe ? reprit-elle une seconde fois.

Aucun son ne venait combler son effroyable solitude. Égarée, épouvantée par la violence de son geste, ces appels restaient sans réponse. Pourquoi Christophe n’avait-il pas réagi ? Il aurait pu se dégager. Avait-il cru qu’elle ne serait pas capable d'enfoncer le couteau ? Mais au lieu de stopper le geste d’Adèle, il avait simplement posé sa main sur la sienne. Et comme s’il voulait l’obligeait à aller plus loin, accompagné son geste, terminer sa sentence, dans un mouvement de folie, il avait précipité la lame, la faisant pénétrer profondément dans son ventre. Se sentait-il coupable ? Reconnaissait-il enfin ses torts ? Acceptait-il sa mort comme le jugement irrévocable, ultime de sa folie ? Adèle regrettait déjà son geste. Combien de temps était-elle restée évanouie ? Elle regarda le cadran de l’horloge accrochée au-dessus de la porte, dix-neuf heures vingt. Elle était restée allongée sur le sol glacée de la cuisine plus de trente minutes. Ses membres et sa tête lui faisaient mal. Elle avait commis l'irréparable. Elle baissa la tête et regarda le sol, aucune trace sur le carrelage, aucune tache de sang pour lui rappeler ce qui venait de se passer. Christophe avait disparu. Elle parvint à se relever et s'appuya sur la table. Le téléphone avait disparu. Il avait emporté avec lui toutes les preuves. Mais à quoi lui servirait le téléphone d’Adam maintenant qu’elle savait tout ? Elle ferma les yeux un instant encore étourdi par l’effort.

- Christophe ? appela-t-elle encore dans l’espoir d'entendre sa voix.

Avait-il trouvé la force d’aller jusque dans la chambre ? Elle se rapprocha de l'évier, fit couler le robinet avant de s'asperger le visage d’eau froide et bu une gorgée pour apaiser sa bouche sèche. Péniblement elle alla dans la chambre persuadée qu’il gisait, agonisant sur le lit dans une mare de sang, mais le lit était vide, les draps tirés. Alors elle chercha dans toutes les pièces mais Christophe n'était plus là. Il n’y avait aucune trace de sang nulle part, ni dans l’escalier, ni dans aucune pièce. C'était impossible, il devait avoir perdu du sang. La tête lourde, elle repassait dans chacunes des pièces, mais rien, aucune trace, elle devenait folle, en état de chocs, elle déraisonnait. Est-ce que Christophe était parti chercher de l'aide chez un voisin ? Est-ce que quelqu’un découvrirait son corps gisant dans la rue et viendrait frapper à la porte ? Sa voiture, sa voiture pensa-t-elle. Elle sortit dans la rue, sa voiture n'était plus là. Il avait trouvé la force de prendre le volant, mais pour aller où ? Ou pouvait-il aller avec un couteau planté dans le ventre ? Elle fit le tour du quartier comme une folle désorienté, désespérée, ses chaussons aux pieds, jetant un oeil dans chaque ruelles, dans chaque repli de maison. Dans ce dédale de petites rues mal éclairées il pouvait être n’important ou. Épuisée, elle rentra avec le sentiment affreux d’avoir commis l’irréparable. Coupable d’un geste funeste auquel elle devrait répondre. Comment réparer ? Comment revenir en arrière. Tout était allé si vite. Christophe avait disparu, où était-il maintenant ? Aux urgences bien sûr, c'était ça, aux urgences, elle devait appeler les hôpitaux. Mais comment expliquer au téléphone qu'elle cherchait un homme avec un couteau planté dans le ventre, comment raconter ce qui venait de se passer dans cette maison où elle espérait tant voir sa famille heureuse, comment révélé qu'elle venait de poignarder son mari avec un couteau de cuisine parce que son fils avait disparu. Non, tout ceci n’aurait aucun sens pour toutes personnes étrangère à son malheur, c'était tellement absurde, tellement vulgaire. Elle refusait de souiller sa famille au téléphone, de parler de ses problèmes intimes de couple à des gens qu'elle ne connaissait pas.

- Mon dieu qu'est-ce que j’ai fait, murmura-t-elle.

Elle devait réfléchir, prendre la meilleure décision. Elle vint s'asseoir sur le canapé et ferma les yeux.

Annotations

Vous aimez lire Daniel Langer ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0