A suivre...
« Bonjour Voisine ! » lança Marc en lui faisant un clin d’œil. « Bien dormi ? »
« Oui, très bien merci, ça faisait longtemps que je n’avais pas aussi bien dormi d’ailleurs ! Et vous ? »
« Je dors toujours comme un bébé. Je vais au marché, je vous emmène ? »
« Euh, oui avec plaisir, laissez-moi juste le temps de me préparer » répondit-elle, elle-même surprise par sa réponse.
« On prendra le petit dej sur place » ajouta Marc.
Ok, bon alors, c’est quoi le dress code ici ? Sahila avait l’habitude d’être toujours perchée sur des aiguilles, code parisien oblige. Mais elle avait comme l’intuition qu’elles ne semblaient pas adaptées à la circonstance. Tant mieux, elle avait toujours détesté être obligée de porter ces engins de torture. Elle enfila le premier jean qui lui tomba sous la main, ses tennis, une petite chemise à fleurs, et en avant Guingan ! Marc l’attendait déjà dans sa voiture. Il était plutôt pas mal avec sa barbe de 3 jours et son béret sur la tête.
Ils arrivèrent en ville, compliqué de se garer, pourtant il était encore tôt. Mais visiblement, ils n’étaient pas les seuls à avoir eu l’idée de venir de bonne heure.
« Vous verrez, c’est un super petit marché. Tous les producteurs locaux proposent leurs produits. Vous allez manger le meilleur fromage de chèvre de votre vie ! J’espère que Stéphane sera là ! » dit Marc.
« Qui est Stéphane ? »
« Le meilleur maraicher que je connaisse. Il propose des variétés de fraises, hummm, juste un délice ! »
Des fraises ?! Sahila n’en avait pas mangé depuis des années. A Paris, les fruits quels qu’ils soient ont un goût fade, à moins d’aller les chercher dans les meilleures épiceries de la ville, luxe que Sahila ne pouvait se permettre.
Marc et Sahila firent le tour du marché. Marc lui présenta tous les gens qu’il connaissait, c’est-à-dire à peu près la totalité des exposants. Un peu sur ses gardes au début, Sahila se détendait de plus en plus, la présence de Marc semblait avoir une influence positive et rassurante. Après plus de 3 heures de bavardages et les paniers bien remplis, ils revenaient à la maison, il était presque midi.
« Bon, on se retrouve pour l’apéro ce soir ? 19H00 ? Ca vous va ? » Lança Marc avant de disparaitre dans sa maison sans même avoir attendu la réponse de Sahila.
Elle rangea les courses du marché : le fameux fromage de chèvre, des oranges et citrons bien frais, les barquettes de fraises (déjà bien entamées, elle n’avait pas pu résister), des légumes, et un poulet rôti. Elle voulait remercier Marc de sa gentillesse et comptait bien l’inviter ce soir après le fameux apéro. Visiblement, il n’était pas question de refuser cette tradition régionale.
19h00, Marc était ponctuel. Il avait apporté une bonne bouteille de vin. Sahila avait improvisé un salon de jardin, une petite déco faite avec les moyens du bord. Elle avait préparé des petits fours pour l’apéritif et avait mis le poulet rôti à chauffer tout doucement au four.
« Ca va, vous êtes bien installée ? »
« Oui, pour un début, ça va. J’ai voyagé léger, il me manque plein de chose pour occuper l’espace, mais je ne suis pas pressée. J’ai du temps maintenant. »
« Maintenant ! » (rire) « Pourquoi maintenant ? On a toujours le temps dans la vie quand on veut, enfin…Oh non, pardon, je ne voulais pas être maladroit. »
« Non, non, pas de soucis, c’est vous qui avez raison, je l’ai compris récemment à mes dépends, mais je compte bien profiter de cette nouvelle liberté »
« Je ne vaux pas me montrer trop indiscret, alors je n’insiste pas, mais si je peux vous aider, vous pouvez compter sur moi »
« C’est gentil Marc, merci beaucoup »
« Et comment comptez-vous occuper cette nouvelle liberté ?»
« A titre perso, j’ai toujours voulu avoir un potager, mais dans un 18m2, c’est compliqué. Sauf que je n’y connais pas grand-chose. Alors je me suis dit qu’avec une maison, ce premier rêve aurait plus de chance de se réaliser. Et les fraises que vous m’avez fait goûter m’ont largement convaincue ! »
« Demain, je vous emmène chez Stéphane, vous pourrez lui acheter tous les plants que vous voudrez et lui demander conseil. Je vous aiderai à retourner la terre, quand je regarde vos bras, je me dis que les miens ne vous seront pas inutiles » lui dit-il en riant.
Quelques mois, quelques courbatures et quelques fous rires plus tard, Sahila a pu officiellement déguster les fraises de son jardin avec un verre de jus d’oranges fraichement pressées. Une belle complicité était née entre les deux voisins. Sahila qui n’avait jamais envisagé de relation durable avec un être humain quel qu’il soit commençait à se demander quelle était la nature de cette nouvelle rencontre. Elle n’eut pas le temps d’approfondir sa réflexion, Marc arrivait avec un joli bouquet de roses de son jardin et une bouteille de champagne.
"Tu viens, on va s'installer près du saule pleureur, j'ai quelque chose à te demander"
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