Azura

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C'est en vivant pleinement l'ordinaire que nous pouvons atteindre l'extraordinaire.

Au sud-ouest du pays de Galles, dans la petite ville de Pembroke, Azura Everest, vingt et un ans, avait pris une décision difficile : suspendre ses études universitaires pour une année. Son objectif ? Aider sa mère, Rosa, à finir de payer la maison qu'ils avaient achetée plus de dix ans auparavant avec son mari, Ilyan, tragiquement disparu dans un accident de voiture aux circonstances étranges. La douleur de cette perte pesait encore lourdement sur elles, mais la vie devait continuer.

Après plusieurs semaines de recherche infructueuse, Azura avait finalement décroché un poste de serveuse dans un restaurant américain du centre-ville. Ce travail n'était pas le rêve de sa vie, mais il permettait d'assurer un revenu stable. Pourtant, alors qu'elle enchaînait les journées de service, une pointe de regret s'insinuait en elle. Ses amis avaient poursuivi leurs études, certains étaient même partis à l'étranger, tandis qu'elle restait là, coincée dans une routine qui ne lui correspondait pas. Seule une personne lui apportait du réconfort et de la stabilité : son frère jumeau, Ewen.

Ewen était un être à part. Né le même jour qu'elle, il semblait pourtant habiter un monde bien différent du sien. Introverti et rêveur, il se plaisait à observer le monde à travers l'objectif de son appareil photo, capturant des instants de beauté là où d'autres ne voyaient que le banal. Passionné de musique, il passait des heures enfermé dans sa chambre à composer des mélodies que peu de gens avaient le privilège d'entendre. Contrairement à Azura, très terre à terre, Ewen se laissait porter par ses émotions et ses envies du moment. Les études n'avaient jamais été sa priorité, et il préférait de loin errer dans la ville en quête d'inspiration.

Physiquement, il partageait avec sa sœur une carnation claire et des traits doux. Ses cheveux châtain foncé, épais et légèrement ondulés, retombaient en mèches désordonnées sur son front. Ses yeux, d'un brun profond, contrastaient avec ceux d'Azura, dont l'azur envoûtant semblait presque irréel. Ses lèvres pleines et son long nez droit trahissaient l'héritage maternel, tandis que sa silhouette élancée renforçait son allure nonchalante.

Quant à Azura, son apparence ne passait jamais inaperçue. Ses yeux d'un bleu vert unique, parsemés d'une touche émeraude, captivaient tous ceux qui croisaient son regard. Un détail particulier la distinguait encore davantage : une minuscule tache marron dans l'œil droit, vestige d'un héritage génétique rare. Son prénom, soigneusement choisi par son père avant sa naissance, n'était pas le fruit du hasard. Pourtant, elle n'avait jamais apprécié les flatteries au sujet de ses yeux et de son prénom, encore moins lorsqu'elles étaient répétitives.

Ce matin-là, Azura pénétra en trombe dans le restaurant et se dirigea vers les vestiaires du personnel. Son service débutait à dix heures précises et elle n'avait qu'une minute pour se préparer. Elle attrapa rapidement son tablier rouge, noua ses cheveux en un chignon négligé et jeta un regard furtif à son reflet dans le miroir. Son visage rond et harmonieux, encadré par de longues mèches noires héritées de ses origines espagnoles, affichait une expression légèrement fatiguée. Ses taches de rousseur parsemaient ses pommettes et l'arête de son nez, lui conférant un charme naturel qu'elle ne cherchait ni à dissimuler ni à mettre en avant.

Elle secoua la tête pour chasser sa somnolence et se précipita hors des vestiaires, juste à temps pour croiser le regard réprobateur de son patron.

— Tu es en retard ! lâcha-t-il, bras croisés.

— Désolée, monsieur, j'ai eu un contretemps, répondit-elle en évitant son regard.

En réalité, une heure plus tôt, elle s'était assoupie sur le banc de l'arrêt de bus, vaincue par la fatigue accumulée. Ce fut le bruit du moteur qui la réveilla en sursaut, mais le temps qu'elle réalise ce qui se passait, le bus était déjà parti.

— Occupe-toi de madame Barry, reprit son patron d'un ton pressant. Tu sais qu'elle est d'une humeur exécrable si elle ne reçoit pas ses scones à l'heure !

— J'y vais.

Attrapant une liste et un stylo sur le comptoir, Azura s'avança vers la cliente, une vieille dame au regard perçant et à l'attitude aussi sévère qu'intransigeante.

— Bonjour, Madame Barry, une assiette de scones comme d'habitude ? demanda-t-elle d'un ton poli, bien qu'un peu las.

— Avec un café ! Et faites vite, je n'ai pas toute la journée ! répliqua la vieille femme d'un ton acerbe.

Azura serra les dents et réprima un soupir. Son travail exigeait patience et courtoisie, mais certains clients mettaient sa tolérance à rude épreuve. Elle se retourna vers le comptoir lorsqu'un mouvement à l'extérieur attira son attention.

À travers la vitre du restaurant, son regard se posa sur une silhouette étrange. Un homme, vêtu d'un long manteau sombre, faisait les cent pas sur le parking désert. Sa capuche rabattue dissimulait son visage, et ses mains enfoncées dans ses poches lui donnaient une allure énigmatique. Il semblait attendre quelque chose... ou quelqu'un.

— Alors, ça vient ? ! s'impatienta Madame Barry.

Azura sursauta et reporta son attention sur la commande. Elle se mordit la lèvre, troublée par l'étrange présence dehors. Pourquoi quelqu'un traînerait-il ainsi dans le froid, sans bouger, devant un simple restaurant de quartier ? Était-il perdu ? Attendait-il une personne qui ne viendrait jamais ?

Elle secoua la tête et chassa ces pensées. Peu importe. Ce n'était pas ses affaires.

Elle se hâta vers la cuisine, tentant de se concentrer sur son service. Mais au fond d'elle, un étrange pressentiment l'habitait. Comme si ce jour, pourtant ordinaire en apparence, marquait le début de quelque chose d'extraordinaire...

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