Les volets de sa chambre étaient entrouverts, les premiers rayons du soleil filtraient à travers la fenêtre. Ces vêtements étaient parsemés négligemment sur le sol. Ewen tenta tant bien que mal d'émerger de sa longue nuit de sommeil. Il lâcha un gémissement à peine audible et saisit son coussin avant de recouvrir son visage avec. Il lâcha un soupir de mécontentement et jeta finalement l'oreiller à travers la pièce. Il releva la tête et observa furtivement son smartphone qui affichait onze heures quarante-cinq.

Le jeune homme se releva sans grande conviction et enfila rapidement un vieux tee-shirt et un jogging. Il descendit dans le salon un peu dans les vapes et croisa sa mère. Elle était focalisée sur son feuilleton du dimanche. Ewen pénétra dans la cuisine et attrapa au passage une banane dans la corbeille de fruits qui trônait sur le plan de travail.

Il remonta à l'étage et passa devant la porte entrouverte de la chambre de sa jumelle. C'était étrangement calme. Il se pencha et remarqua Azura allongée sur le dos, elle semblait dormir profondément. La situation portait tout à croire que quelque chose d'anormal s'était produit : sa sœur ne dormait jamais à cette heure-ci, et encore moins avachie sur le dos. Il remarqua la boîte à bijoux ouverte, non loin de la jeune femme.

— Azura ?

Le jeune homme pénétra dans la chambre et s'installa au bord du lit. Il agita lentement le bras de sa sœur.

— Azura, tu commences à me faire peur, là...

Ne voyant aucune réaction de la part de la jeune femme, il fut pris d'une angoisse. Il déposa la paume de sa main sur son front, mais elle ne semblait pas avoir de température. Le jeune homme décida de secouer frénétiquement sa jumelle, il fut rapidement rassuré de constater qu'elle se réveilla dans un grondement.

— Ewen, doucement !

La brunette se frotta les yeux et se redressa. Elle observa son frère l'esprit complètement égaré.

— Tout va bien ?

— J'ai fait un rêve vraiment très bizarre...

Azura détourna le regard et aperçut la boîte à bijoux ouverte à ses pieds. Elle bondit littéralement et jeta un coup de pied dans l'objet qu'elle fit valser à travers la pièce. Son frère l'observa avec des yeux grands comme des soucoupes.

— Azura ! Tu es dingue ou quoi ?!

Ce dernier se releva et s'avança jusqu'au bout de la pièce pour atteindre le coffret.

— Ne touche pas à cet objet ! Alerta la brune.

Ewen l'ignora et saisit l'objet. Sans surprise, rien d'étrange n'arriva. Il se tourna en direction de sa sœur et lui dit d'un ton incrédule :

— Tu sais, c'est une boîte, elle ne mord pas...

Azura se releva, abasourdi. Elle fixa l'objet, son regard trahissait la peur et la méfiance, elle hésita un instant et arracha des mains de son frère la boîte à bijoux furtivement et scruta son contenu.

— Je n'y comprends rien de rien. marmonna-t-elle.

— Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, moi non plus ! Pourquoi tu te mets dans tous tes états pour une boîte à bijoux ?

— Ewen, j'ai trouvé cette chose au sous-sol, en fouillant dans mes vieilles affaires de lycée. J'ignore pourquoi, mais je mourais d'envie de l'ouvrir. Alors j'ai fouillé de fond en comble et j'ai finalement trouvé la clé dans ma maison de poupée que papa m'avait fabriquée enfant. C'était déjà bizarre, mais quand j'ai ouvert la boîte...

Elle marqua une pause.

— Quand tu l'as ouverte ? répliqua le jeune homme.

— J'ai vu une lumière bleue et ça va te paraître dingue, mais cette lumière m'a transpercé.

Ewen pouffa.

— Ou tu as juste fait un mauvais rêve.

— Un rêve étrangement réaliste !

— Ressaisis-toi. Ça m'arrive tout le temps à moi aussi, tu sais. Ça s'appelle un rêve lucide !

— Tu as surement raison... Désolée, ça doit être la fatigue, je vais me prendre un verre d'eau.

Sur cette phrase, la jeune femme, accompagnée de son jumeau, descendit dans la cuisine. Son frère attrapa un verre dans la commode et le remplit d'eau. Gentiment, il tendit le verre d'eau à sa sœur. Elle regarda un instant son verre à moitié plein. Elle le souleva jusqu'à ses lèvres, puis elle sentit le verre vibrer sous sa main.

L'eau commença à bouillir littéralement dans le verre et une lumière bleutée et scintillante entoura le verre. Azura tressaillit, le verre se brisa en morceaux sur le carrelage. Elle resta de marbre. Devant son frère qui avait assisté à toute la scène, ébahie.

Rosa s'empressa de rentrer dans la cuisine, elle roula des yeux et s'exclama.

— Azura, t'as intérêt à me nettoyer tout ça !

Cette dernière déglutit, incapable de réagir. Rosa rebroussa chemin et retourna devant son feuilleton. Ewen s'abaissa et regarda les morceaux de verre, qui étaient éparpillés sur le sol.

— C'était quoi ça ?

— Surement encore un de ses rêves lucides ! répondit la brunette avec espièglerie.

Ewen se redressa, il saisit les mains de sa sœur et les observa ébranlé. Il attrapa un autre verre dans la commode et le remplit d'eau à nouveau. Il le déposa sur la table. Il retira la chaise qui grinça contre le parquet et invita sa sœur à s'installer.

— Au moins sur la table, il n'y aura pas de casse.

— Ewen, tu crois vraiment que c'est le moment de plaisanter !

— Tu avais soif, non ?

Azura fixa son frère, terrifié, elle s'installa sur la chaise de la table à manger et regarda avec appréhension le verre d'eau posé face à elle.

— Inutile de s'en faire. Ce n'est qu'un verre d'eau.

Azura hocha la tête en guise d'approbation et saisit le verre avec rapidité. Rien ne se produisit par son grand soulagement.

— Tu vois. Rassura son frère. On a surement fait une hallucination collective !

La brunette avala d'une traite le verre d'eau et lâcha un long soupir. Elle se redressa et se dirigea vers l'évier. Elle rebroussa chemin en direction du salon.

— Azura...

— Quoi ?! répondit la brunette, excédée.

Le visage d'Ewen se décomposa. Sa sœur abaissa les yeux pour regarder sa main. Une orbe bleue, lumineuse, s'était formée sur la paume de sa main et flottait au-dessus de celle-ci. Elle tressaillit et referma sa main. La lumière s'évapora et laissa une trainée de poudre bleue derrière elle.

Elle garda le poing fermé, ébahie, et croisa le regard de son frère.

— Tu avais raison, Azura. Ce n'était pas un rêve.