Photo de famille

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Après avoir nettoyé la cuisine, les jumeaux s'installèrent dans la chambre en désordre d'Ewen. Azura, dépitée, s'écroula sur le lit de son frère. Ce dernier, piqué par une curiosité débordante, s'assit au bord du lit. Il observa dans les moindres détails la boîte à bijoux de son ancêtre, posée sur ses genoux. Il la scruta, cherchant le moindre indice qui pourrait expliquer ce qui venait de se produire dans la cuisine.

— Une boîte à bijoux est censée renfermer des bijoux, non ? Alors pourquoi est-elle vide ?

Azura soupira et répondit d'un ton las :

— Quelle importance qu'il y ait des bijoux ou non. La brunette se redressa. Quelque chose s'est imprégné en moi, je sais que c'est absurde, mais depuis, je me sens différente.

— J'avais remarqué.

— Ewen, j'ai peur !

Le jeune homme roula des yeux, retourna la boîte dans tous les sens et la contempla.

— Bon sang, laisse cet objet tranquille ! — râla Azura, excédée par l'attitude de son frère.

— La réponse est forcément dans cet objet ! Peut-être que ça appartenait à papa ?

La jeune femme soupira.

— Cette boîte est vide et n'explique pas ce qui vient de m'arriver !

— Eh, ne t'énerve pas, j'essaye de t'aider, d'accord ?

— Sauf que ce n'est pas le cas !

Azura avait toujours eu un caractère impulsif. En réalité, elle traduisait la peur par la colère, une manière de dissimuler sa vulnérabilité. Elle se releva brusquement et quitta la chambre en claquant la porte derrière elle. Aaron la réprimanda sans ménagement.

— Azura, tu as vraiment un foutu caractère ! C'est pour ça que tu ne gardes aucun ami !

La brune dévala les escaliers. Rosa, alertée par le bruit, pénétra dans le couloir. Un air suspicieux se peignit sur son visage.

— C'est quoi ce vacarme ? Qu'est-ce qui te prend aujourd'hui ? ! — demanda-t-elle, agacée.

— Oh ! Mais rien, tout va merveilleusement bien, maman !

— C'est à cause de ton amie Madelyn ?

— J'ai juste besoin de prendre un peu l'air.

Sur cette réponse, Azura enfila son manteau chaud et ses après-ski. Elle sortit et s'aventura dans son jardin. Elle resta quelques instants, le dos collé à un arbre, observant les flocons se déposer sur le gazon immaculé. Baissant les yeux, elle examina ses mains. Une mystérieuse vague d'énergie coulait dans ses veines, elle le ressentait de tout son être.

Comme à son habitude, sa tendance frileuse l'emporta sur tout le reste. Elle se mit à grelotter et se réfugia dans l'atelier de son père, un endroit chaud où elle pourrait rester seule. L'intérieur était poussiéreux et plafonné de toiles d'araignée.

Azura arpenta chaque petit coin qu'il avait aménagé à l'époque. Elle caressa du bout des doigts ses créations en argile. Son père, Ilyan, était aussi son meilleur ami. À ses côtés, elle se sentait spéciale et heureuse.

C'était un père aimant, un homme juste. Cette époque lui rappelait la petite fille pleine de vie qu'elle était. Mais cette petite fille était partie depuis longtemps. Une nuit d'été pour être exacte, la nuit où trois policiers avaient frappé à sa porte pour lui annoncer que son père avait péri dans un accident de voiture.

Sa vie s'était écroulée.

Elle chassa ces mauvais souvenirs et poursuivit son exploration. Sur une petite bibliothèque, elle remarqua un portrait de famille. Elle sourit, d'un sourire nostalgique dissimulant une grande tristesse. Elle se souvenait parfaitement de cette journée ensoleillée au parc. Son père lui avait appris à faire du vélo pour la première fois. Après des heures d'efforts, elle avait enfin réussi à rouler plus de dix minutes sans tomber. Sa mère, Rosa, était jeune et radieuse, et Ewen, quant à lui, avait toujours su l'agacer. Certaines choses ne changent jamais.

Elle retira délicatement la photo du cadre. Une feuille de papier froissée tomba à ses pieds. Elle s'abaissa pour la saisir et la déplia sur l'établi. Son cœur s'emballa dès la première phrase inscrite sur la lettre.

Azura. Si tu as trouvé cette lettre, je t'en félicite, mais cela signifie aussi que je ne suis plus de ce monde depuis longtemps.

Azura s'écroula contre le mur, les genoux repliés sur elle-même.

Tu es spéciale, ma fille, bien plus que tu ne l'imagines. Je veux que tu lises attentivement cette lettre, car elle contient les réponses à tes questions. Si tout s'est déroulé comme je l'avais prédit, tu as trouvé le coffret à bijoux de ton arrière-grand-mère. Suite à cela, il a dû t'arriver des événements étranges. Reste calme, mon enfant, et lis cette lettre jusqu'à la fin.

La respiration saccadée, elle poursuivit sa lecture.

Toi et ton frère descendez d'une longue lignée de mages aux pouvoirs très puissants. Tu n'imagines pas encore à quel point tu es unique et merveilleuse. Ce n'est pas un rêve, la magie est bien réelle. Elle est en toi.

Azura tressaillit et relâcha la lettre, le teint livide. Elle se pinça plusieurs fois pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Finalement, elle dut se rendre à l'évidence : tout ceci était bien réel.

Rassemblant son courage, elle reprit la lettre. Son père lui avait demandé de la lire jusqu'au bout, alors elle obéirait.

Te souviens-tu de l'histoire Le Pirate et l'île magique que je vous racontais, à toi et ton frère, quand vous étiez petits ? Elle s'est réellement produite, Azura. Les personnages principaux de cette histoire ne sont autres que tes ancêtres. Ils sont à l'origine même de notre existence. Il est évident que, tout comme eux, tu possèdes la magie en toi. Quant à Ewen, il semble ne pas avoir hérité de mes pouvoirs, mais il n'en reste pas moins un Néridien.

— Un Néridien ?

Embrasse-le pour moi, veux-tu ? Je parie qu'il n'a pas tenu cinq minutes avant de fouiller dans tes affaires. Gardez ce secret pour vous. Tina ne doit rien savoir. Si j'ai enfermé tes pouvoirs dans cette boîte, c'est que j'avais mes raisons. Tu obtiendras bientôt toutes les réponses. Laisse le temps faire son œuvre, je veille sur toi.

P.S. : Votre père qui vous aime tendrement.

Les yeux pleins de larmes, elle serra la lettre contre son cœur. La dernière fois qu'elle avait vécu un choc aussi intense, c'était à la mort de son père. La seule explication rationnelle qui lui venait en tête était la folie. Mais elle le savait, son père n'était pas fou.

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