La lettre

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La neige avait cessé de tomber, et le ciel gris s'était peu à peu dégagé, laissant filtrer la lumière du soleil à travers les nuages. Azura posa un pied dehors, la lettre froissée dans la poche de son manteau. Elle se frotta les yeux fatigués avant de regagner le salon.

Sa mère l'attendait sur le sofa, bras croisés, le regard inquisiteur.

— Pas si vite, jeune fille ! C'est la deuxième fois aujourd'hui que tu m'évites !

Rosa scrute attentivement le visage de sa fille. Elle était l'une des rares à voir au-delà de son masque impassible. Azura n'était pas du genre à se confier, mais sa mère percevait toujours la vérité.

— Azura, tu as pleuré, n'est-ce pas ?

Les yeux rougis de la jeune femme la trahissaient.

— Pleuré ? Moi ? Pas du tout, c'est encore mes fichues allergies !

Un mensonge bien maladroit.

— Des allergies, en plein hiver ? Tu espères vraiment me faire croire ça ?

Azura baissa la tête, cherchant une excuse plus convaincante. Elle aimait sa mère plus que tout, mais certaines vérités ne pouvaient être révélées. Pas maintenant.

— D'accord... Disons que ce temps me déprime un peu. Ma vie n'est pas exactement comme je l'imaginais.

Rosa se leva et prit les mains de sa fille entre les siennes.

— La vie réserve souvent des surprises, ma chérie. Mais ne garde jamais tout pour toi. Tu as le droit d'être triste.

— Tu as déjà bien assez de soucis, maman. Je ne veux pas t'en ajouter.

— Tu es ma fille. Rien ne passe avant toi. Si ton travail te pèse, quitte-le. Pense à l'université, ça pourrait être une nouvelle opportunité.

— Des opportunités... Le problème, c'est que je n'ai aucun rêve.

Rosa afficha une moue peinée. Azura lui adressa un sourire fugace avant de prétexter une discussion avec son frère.

— Je dois parler à Ewen, à propos... D'un truc.

— Ne crois pas t'en tirer aussi facilement, jeune fille ! Nous reprendrons cette conversation.

— Te quiero, hija mía.

— Yo también te amo, mamá.

Rosa déposa une bise sur le front de sa fille, Azura esquissa un sourire et monta les escaliers. Elle avança lentement dans le couloir, la culpabilité pesant sur ses épaules. Elle avait été injuste avec son frère. Il avait vu juste, et elle le savait. Il était temps de lui dire la vérité. Devant la porte de sa chambre, elle frappa deux coups. Aucune réponse. Elle entrouvrit la porte dans un léger grincement et aperçut Aaron, allongé sur son lit, l'air absorbé par les photos défilant sur son appareil.

— Ewen ?

Silence. Puis, d'une voix sarcastique, il répondit enfin :

— Tiens, la porte s'est ouverte toute seule ! La maison serait-elle hantée ?

Azura roula des yeux avant d'entrer et de refermer la porte.

— Je suis venue m'excuser.

Ewen posa son appareil et la regarda, intrigué.

— Vraiment ? Et pour quelle raison ?

— Parce que tu avais raison. Sur tout.

Elle sortit la lettre de sa poche, les mains tremblantes. Ewen bondit du lit et s'approcha d'un pas vif.

— C'est quoi, ça ?

Azura ne répondit pas et lui tendit simplement le papier froissé. Il l'attrapa, lissa le papier du bout des doigts et commença à lire. Peu à peu, son visage se figea.

Il laissa tomber la lettre sur ses genoux, fixant un point invisible devant lui. Azura, assise contre la porte, observait son frère, la main perdue dans ses cheveux.

— Alors... ce conte qu'on nous racontait... c'était réel. Tout ça est réel. C'est dingue.

Il inspira longuement avant de s'allonger sur son lit.

— Bon sang, Azura. Tu as des pouvoirs !

— Et j'ai peur...

Ewen se redressa et vint s'asseoir à côté d'elle, posant une main réconfortante sur son épaule.

— Honnêtement... moi aussi.

— Papa disait que je serais guidée. Tu crois qu'il était fou ?

— Non. Et tu sais aussi bien que moi qu'il ne l'était pas. Sinon, ça ferait de nous des fous aussi.

Un silence s'installa, seulement brisé par un souffle tremblant d'Azura.

— On fait quoi, maintenant ?

Ewen réfléchit une seconde avant de tendre la main.

— Pour commencer, on range cette lettre en lieu sûr. 

Azura obtempéra. Il saisit la lettre et la glissa en haut de son armoire.

— Maman ne fouille jamais ici. On est tranquilles.

— Et ensuite ?

— On vit cette journée normalement. On ne doit pas attirer l'attention.

— Comment je suis censé y arriver ? 

- À vrai dire, j'en sais trop rien, mais nous n'avons pas vraiment le choix. 

Azura soupira et prit une douche relaxante pour tenter d'oublier ses tourments. Elle regagna sa chambre, elle se pencha au-dessus de la fenêtre et l'ouvrit un instant. Elle scruta les alentours. La brune avait constamment l'impression d'être observée ; pourtant, le quartier était silencieux et désert. Elle se hissa sous sa couverture. Mais cette nuit-là, Azura ne trouva pas le sommeil malgré plusieurs tentatives. Elle se releva et descendit dans la cuisine grignoter, quand elle remonta dans sa chambre, elle apercu une silhouette apparraitre dans la rue. Immobile et mysterieuse.

Son souffle se bloqua. Elle ouvrit la fenêtre, testant la réaction de l'inconnu. Celui-ci ne reagit  pas. Lentement, il s'approcha.

Paniquée, elle referma la fenêtre.

Mais avant que la vitre ne claque, elle eut le temps d'apercevoir son visage.

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