Le garçon d'argent
Azura s'approcha de sa lampe de chevet et l'alluma d'une main tremblante. Puis, elle se posta devant la fenêtre, observant la silhouette avec méfiance. Son visage oblong se détachait dans l'obscurité, ses doigts longs et fins tenaient le bord de sa capuche, révélant une bague en argent ornée d'un grand "S" sur son annulaire. Il n'émanait de lui aucune menace, bien au contraire. Il possédait une beauté singulière, comme venue d'ailleurs. Ses cheveux, d'un blond argenté, rappelaient la cendre.
Ses yeux noisette aux reflets dorés étaient profonds, captivants. Ses lèvres, ni trop fines ni trop charnues, dessinaient un arc de Cupidon bien marqué. Sa peau, d'une clarté éclatante, paraissait presque irréelle, semblable à la porcelaine. Mince et élancé, il était difficile pour Azura de détourner le regard.
Ce n'était pas le prédateur inquiétant qu'elle s'était imaginé. Pourtant, la prudence restait de mise. Si la situation dégénérait, elle ne se laisserait pas faire. D'un geste vif, elle saisit son téléphone et s'apprêta à composer le numéro d'urgence. Mais lorsqu'elle releva les yeux, l'inconnu avait disparu. Il s'était littéralement évaporé, sans un bruit.
Le cœur battant, Azura scruta les alentours. Elle ouvrit la fenêtre et passa la tête dehors.
— À quoi il joue ? murmura-t-elle.
Soudain, une main se posa sur son épaule. Elle sursauta violemment et laissa échapper un cri aigu. Lorsqu'elle se retourna, elle n'était plus chez elle. Elle se trouvait au beau milieu d'une rue déserte.
L'inconnu, debout face à elle, fronça légèrement les sourcils. Azura, paniquée, hurla de terreur, son cri résonnant dans la nuit. Le désespoir au ventre, elle s'élança, fuyant à toutes jambes. Mais à peine avait-elle parcouru quelques mètres que l'homme réapparut devant elle, lui bloquant la route. Il tendit un bras et saisit le sien avec douceur. Azura, affolée, se débattit furieusement.
— Lâche-moi, espèce de pervers ! Ewen !
— Tu dois te calmer. Tu vas nous faire repérer.
Sa voix était grave et apaisante, en parfaite harmonie avec son apparence. Mais Azura n'en avait que faire. Elle serra les poings et le frappa de toutes ses forces. L'inconnu soupira et la libéra sans opposer de résistance.
Son torse était solide comme la pierre. Azura, rapidement à bout de souffle, le fixa un instant. Il ne ripostait pas. Il semblait même abandonner toute tentative de communication. Voyant une opportunité, elle s'élança de nouveau. Mais, encore une fois, il se retrouva devant elle en un clin d'œil. Déséquilibrée, elle chuta en arrière. Avant qu'elle ne touche le sol, il l'attrapa par les poignets.
— Tu es quoi, au juste ? ! s'exclama-t-elle, la respiration saccadée.
Elle planta un regard furieux dans le sien.
— Je te répondrai volontiers lorsque tu auras cessé de me prendre pour un pervers.
Un silence pesant s'installa. L'inconnu ne la lâchait pas des yeux, le souffle court. Exténuée, Azura prit une décision qu'elle espérait ne pas regretter. Elle poussa un long soupir et cessa de lutter. Il perçut son changement d'attitude et relâcha lentement ses poignets. Elle se tendit aussitôt.
— Je ne voulais pas te faire peur. Je veux juste te parler.
Il ouvrit les mains, paumes vers elle, en signe de paix.
— Pour toi, je suis un étranger. Mais moi, je te connais.
— Et ça devrait me rassurer ? ! Qu'est-ce qui m'arrive, bon sang ? !
Sa voix se brisa sous le poids de l'émotion. Elle détourna le regard, ramenant ses bras contre elle pour dissimuler ses larmes. L'inconnu s'inclina légèrement, plongeant ses yeux dans les siens.
— J'ai les réponses à tes questions, Azura.
Elle leva la tête, les prunelles embuées.
— Qui es-tu ?
— Quelqu'un comme toi. Un Néridien.
— Un... Néridien ? balbutia-t-elle.
— Tu as de la magie en toi, Azura. Concentre-toi, tu peux la sentir.
Elle baissa lentement les yeux vers ses bras. Une étrange énergie semblait pulser sous sa peau.
— Tu la ressens, n'est-ce pas ?
Elle le fixa, interdite, la gorge nouée.
— C'est impossible...
Le vertige la saisit. Une immense fatigue s'abattit sur elle, son esprit vacilla. Elle sentit ses forces l'abandonner. L'inconnu aux cheveux d'argent la rattrapa par la taille.
— Reste avec moi, d'accord ? Je m'appelle Loevan. Loevan Sungrey.
Azura resta silencieuse.
— Tu es épuisée. Laisse-moi t'emmener dans un endroit sûr.
— Je vais bien ! Je n'ai pas besoin d'aide ! Je ne suis pas une demoiselle en détresse !
— Pardonne-moi.
Il glissa une main dans sa poche et en sortit une petite fiole. D'un geste précis, il en ôta le bouchon. Une fumée rose s'échappa, flottant doucement jusqu'au visage d'Azura. Une torpeur irrésistible s'empara d'elle. Ses paupières s'alourdirent, son esprit sombra dans l'obscurité. Elle s'endormit profondément.
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