La princesse

3 minutes de lecture

Ses paupières frémirent avant de s'entrouvrir, laissant son regard errer sur un plafond immaculé. La tentation de replonger dans ses songes dépourvus de sens l'effleura, bien plus douce que la réalité qui l'attendait. Du bout des doigts, elle caressa le plaid qui l'enveloppait, constatant qu'elle portait toujours les mêmes vêtements que la veille. Une chaleur douce emplissait la pièce. Elle se frotta les yeux avant de se redresser brusquement.

Une cheminée à foyer ouvert brûlait non loin du lit. Le crépitement du feu répandait une atmosphère apaisante, presque réconfortante. Elle glissa ses pieds nus sur un parquet gris et scruta la chambre avec curiosité. Jamais elle ne s'était réveillée dans un lieu aussi raffiné. Chaque détail était agencé avec goût : un grand miroir aux bordures argentées trônait au-dessus de la cheminée, et une peinture à l'huile représentant une silhouette féminine ornait l'une des commodes.

Se retournant, son regard fut attiré par une large fenêtre voilée par des rideaux blancs, légèrement translucides. Elle s'en approcha, repoussa le tissu et contempla l'étendue du paysage. En contrebas, un jardin somptueux s'étendait à perte de vue. Les arbres dénudés projetaient leurs ombres sur une pelouse givrée, fraîchement tondue. Près d'une allée de gravier, une petite fontaine en marbre se dressait fièrement, son eau figée par le froid mordant.

Un bruit sourd brisa le silence, la tirant de sa contemplation. La porte grinça en s'ouvrant.

— Azura ?

Loevan entra dans la pièce, les traits fermés. Il était vêtu d'un pull noir à col roulé et d'un pantalon gris moulant. Quelques mèches argentées tombaient dans son cou décoiffé.

— Bonjour. Comment te sens-tu ?

Azura l'ignora ostensiblement.

— Où sommes-nous ?

— Moi aussi, je vais très bien, merci, ironisa-t-il avant de répondre. Nous sommes à Édimbourg, en Écosse.

Azura ouvrit de grands yeux.

— Et je peux savoir comment j'ai atterri ici ?

— Je t'ai téléportée jusqu'ici. On appelle cela des sauts, une faculté transmise par héritage dans ma famille.

— Ton humour laisse à désirer !

Un sourire éphémère naquit sur les lèvres de Loevan. Soudain, il disparut l'espace d'un battement de cils et réapparut immédiatement devant elle.

— Comment as-tu fait ça ? !

— Je l'ai fait plusieurs fois devant toi, alors cesse de feindre l'aveuglement.

Avant qu'elle ne puisse répliquer, une silhouette apparut dans l'encadrement de la porte.

— Le petit-déjeuner est servi !

— Entre, Elissandre, l'invita Loevan.

La jeune fille qui entra était d'une beauté saisissante, bien que sa silhouette frêle trahît une certaine délicatesse. Ses cheveux blonds, presque blancs, tombaient en une cascade lisse sur ses épaules, deux mèches tressées encadrant son visage angélique. Ses grands yeux noisette dégageaient une innocence troublante.

— Azura, je suis ravie de te rencontrer enfin. Je m'appelle Elissandre Sungrey, je suis la petite sœur de Loevan.

Sa voix était douce comme du cristal. Elle portait un pull épais vert sapin, une minijupe à carreaux, des bas noirs remontant jusqu'à ses genoux et des mocassins noirs.

— Enchantée, répondit sobrement Azura.

Un silence pesant s'installa.

— Tu peux prendre une douche si tu le souhaites, proposa Elissandre. J'ai quelques vêtements qui devraient t'aller.

— Merci, mais ça attendra. On m'a promis des réponses, et je les veux maintenant.

D'un signe de tête, Elissandre acquiesça avant de quitter la pièce. Loevan invita Azura à le suivre, ce qu'elle fit sans discuter. Ils longèrent un couloir étroit aux murs beiges ornés de motifs géométriques. Au bout, un escalier majestueux descendait vers un vaste hall inondé de lumière. Les grandes fenêtres arrondies offraient une vue imprenable sur le domaine.

Azura s'arrêta pour contempler la scène hivernale.

— Tu viens ?

Elle sursauta, rappelée à la réalité. Ils entrèrent dans une salle à manger intime, ornée d'un tapis vert rectangulaire sur lequel siégeait une table en marbre. Elissandre apparut, déposant une assiette fumante.

— J'espère que tu aimes le bacon, j'ai aussi préparé des œufs brouillés et du thé, annonça-t-elle timidement.

— Merci, mais je ne suis pas là pour le thé, trancha Azura.

Gênée, Elissandre baissa les yeux.

— Installe-toi, demanda Loevan.

Azura s'exécuta.

— Déballe le sorcier.

Loevan haussa un sourcil, surpris.

— Ton père était connu pour son caractère de feu, je vois de qui tu tiens.

Azura sentit son cœur se serrer.

— Tu connaissais mon père ?

— Ilyan était comme un frère pour le mien.

Elle déglutit difficilement.

— Pourquoi suis-je ici, Loevan ?

Un silence pesant s'installa avant qu'il ne réponde.

— Parce que tu es la seule capable de briser une malédiction vieille de plusieurs siècles.

Les mains d'Azura tremblèrent. Ce n'était que le début.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Fairybook ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0