Neridia

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À travers la sphère invisible qui encerclait l'île, les jumeaux ressentirent une étrange sensation de plénitude, comme s'ils venaient enfin de rentrer chez eux après un long voyage. Aucun d'entre eux ne parla, subjugués par la vision qui s'offrait à eux. Ewen attrapa instinctivement le poignet de sa sœur, entrouvrant légèrement les lèvres, comme s'il cherchait ses mots. Devant eux, de petites créatures sautillaient au-dessus de l'eau, évoluant avec grâce au gré des vagues. Elles ressemblaient à de minuscules dragons, mais leur peau était d'une transparence cristalline, et leur longue queue se terminait par une délicate flamme rose qui vacillait doucement au gré du vent marin.

Azura leva les yeux et laissa son regard vagabonder. Plus bas, le port s'étendait en contrebas, vibrant d'une activité incessante, contrastant avec le village pittoresque qui se dessinait plus loin sur les hauteurs. L'horizon, quant à lui, était dominé par des falaises vertigineuses et des cascades tumultueuses, se déversant en contrebas dans une immense forêt tropicale d'un vert éclatant. Mais ce qui attira particulièrement son attention, c'était le château trônant majestueusement au sommet de l'île. Son éclat blanc, semblable à de la neige immaculée, se détachait du paysage environnant. De longues tours arrondies perçaient le ciel et, tout autour, d'immenses oiseaux planaient avec grâce, laissant derrière eux une traînée de poudre dorée qui scintillait sous les rayons du soleil.

Ce n'était pas qu'une simple île. C'était un autre monde, un univers où la magie semblait régner en maître.

— Je vous souhaite la bienvenue chez nous, déclara Élise avec un sourire radieux.

Les jumeaux ne purent détacher leurs yeux du panorama qui s'offrait à eux.

— C'est… pas croyable… souffla Azura, totalement émerveillée.

— Tu en perds tes mots, hein ! ajouta Élise, amusée par sa réaction.

Absorbés par la splendeur du paysage, ils ne réalisèrent même pas que le bateau s'était arrêté. Loevan s'approcha discrètement d'Azura et lui tapota doucement l'épaule. Elle tressaillit légèrement sous le contact, ce qui la fit sursauter et cogner légèrement sa tête contre le torse du jeune homme. Gêné, ce dernier baissa les yeux et recula légèrement avant de lui tendre une main amicale pour l'inviter à descendre du bateau. Ewen les suivit de près, intrigué par l'endroit où ils allaient mettre les pieds.

Le trio emprunta un long ponton de bois, bordé de chaque côté par des embarcations de toutes tailles. Leurs propriétaires, pour la plupart des habitants de l'île, s'étaient arrêtés dans leurs activités pour les observer. Les regards, bien que curieux, semblaient surtout marqués par une certaine méfiance, en particulier envers Ewen.

— Pourquoi ils me regardent comme si j'étais un extraterrestre ? murmura ce dernier à l'oreille de sa sœur.

— Tu veux dire "nous" regardent ? Si ça continue, je vais finir par rentrer leurs yeux dans leurs orbites, grogna Azura en serrant les poings.

Ewen gloussa légèrement face à sa remarque.

— Ne leur prêtez pas attention, expliqua Élise en haussant les épaules. Ils ressentent simplement la magie qui émane de toi, Azura.

— Je vois… mais on ne leur a jamais appris la discrétion ? répliqua la brune, exaspérée.

Poursuivant leur chemin, ils gravirent une longue muraille de pierre qui surplombait la luxuriante forêt tropicale. Azura, qui avançait en tête, sentit soudain quelque chose chatouiller son épaule. Instinctivement, elle tapota frénétiquement sur l'endroit avant de se figer. Lorsqu'elle tourna légèrement la tête, elle aperçut une créature étrange posée sur elle. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise.

Un papillon aux ailes cristallines était perché sur son épaule. Son petit corps translucide semblait rempli d'eau, reflétant la lumière ambiante dans un prisme de couleurs chatoyantes.

— Fascinant…, souffla Ewen en se penchant pour l'observer de plus près.

— Pourquoi il ne s'envole pas ? Normalement, les papillons sont plutôt peureux… murmura Azura, intriguée.

— Ce n'est pas un papillon ordinaire, déclara soudainement Élise. Il a été créé par un membre de votre lignée.

— Pardon ? C'est complètement absurde ! Comment peux-tu affirmer une chose pareille ? s'insurgea Azura.

— Après tout ce que tu as vécu, tu trouves cela absurde ? intervint Loevan avec un sourire en coin.

— C'est ton arrière-grand-père qui l'a créé, poursuivit Élise. Voilà pourquoi il ne craint pas ta présence.

Les jumeaux échangèrent un regard incrédule. L'idée que leur ancêtre ait pu concevoir une telle créature défiait leur compréhension.

— Et où as-tu appris tout ça ? demanda la jeune femme, sceptique.

Loevan gloussa doucement.

— Élise a un don particulier. Elle peut communiquer avec les animaux.

— Quoi ? Tu veux dire que tu parles avec ce papillon ?

— Pas avec des mots, mais d'une certaine manière, oui, confirma Élise.

— Impressionnant… j'aimerais tellement savoir ce que pense Archimède quand il urine sur mes affaires, plaisanta Azura.

Élise éclata de rire avant d'incliner légèrement la tête devant le papillon, qui prit son envol en tourbillonnant doucement autour d'eux avant de disparaître dans les hauteurs.

— Nous devrions reprendre notre route, le village n'est plus très loin, annonça Loevan.

Après plusieurs minutes de marche, Neridia se dévoila enfin à leurs yeux. Les petites maisons à pans de bois, aux teintes de marron clair, s'alignaient harmonieusement le long des ruelles pavées. Malgré l'architecture rappelant un certain charme d'antan, les habitants qui les arpentaient semblaient bien plus modernes que ce à quoi les jumeaux s'attendaient. Et, bien sûr, dominant le paysage, le magnifique château s'imposait avec une grâce inégalable.

Ils quittèrent la muraille fortifiée et gravirent une petite colline avant d'atteindre un pont en pierre qui enjambait l'océan. Des lierres grimpants enlaçaient les tourelles du palais, ajoutant une touche de mystère à l'endroit. L'une des tours attira particulièrement leur attention : entièrement transparente, semblable à du verre pur, son sommet arrondi était orné de gravures argentées délicatement ciselées.

Enfin, ils pénétrèrent à l'intérieur du palais. Un vaste hall s'étendait devant eux, le sol en marbre poli arborant une fresque argentée représentant un immense arbre de vie. D'élégantes colonnes de marbre, finement sculptées, s'élevaient sur un plafond de gravures et de fresques féerique. Fascinés, ils avancèrent prudemment tandis que Loevan les guidait vers un ascenseur.

— Un… ascenseur ? s'étonna Ewen.

— Nous ne sommes plus au XVe siècle, le taquina Loevan.

L'ascenseur les mena jusqu'au sixième étage. Lorsque les portes s'ouvrirent, Loevan fit un pas en avant, mais se heurta soudainement à une silhouette imposante.

— Enfin, vous êtes là, déclara une voix grave.

— Père… murmura Loevan.

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