Hestia

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Une bougie, fraîchement allumée sur la commode, diffusait un parfum délicat de lavande. Azura effleura la couverture de soie qui recouvrait un grand lit à baldaquin avant de se diriger vers le balcon. Le paysage s'offrait à elle, somptueux : le soleil couchant embrasait les montagnes lointaines d'une lueur dorée. Un instant, elle oublie ses tourments.

Ses pensées vagabondèrent au-delà des murs de ce village pittoresque. Que pouvait-il bien y avoir derrière ces frontières ? Une certitude s'imposa à elle : Ewen n'était pas au meilleur de sa forme, elle le ressentait. Mais, avec le temps, il finirait par comprendre et accepter.

Son esprit s'égara vers sa mère. Son absence lui pesait plus qu'elle ne voulait l'admettre, mais, paradoxalement, elle ne se voyait pas quitter Néridia. Chaque jour qui passait renforçait ce sentiment étrange : ici, elle se sentait chez elle.

Un mouvement attire son attention. Loevan venait d'apparaître sur le balcon. Bien qu'étonnée, Azura a commencé à s'habituer à ses apparitions impromptues.

— Tu ne préviens jamais ? lance-t-elle en croisant les bras.

— Ce ne serait pas drôle sinon, rétorqua-t-il avec un sourire en coin.

— Minute… Comment savais-tu que j'étais sur le balcon ?

— Élise m'a donné ton numéro de chambre et tu avais laissé la porte entrouverte. Je suis entré et j'ai fait un saut jusqu'ici.

— Tu aurais pu tout simplement marcher…

— J'avais envie de te voir.

Azura soutient son fils. Il lui souriait. Et même si elle voulait le détester, elle en était incapable.

— Tu as l'air pensif.

— J'ai du mal à croire que je puisse un jour être capable de me battre… ou de maîtriser ma magie.

— C'est un apprentissage. Tu y arriveras.

— Dans un mois ?

— Mon père ne veut pas perdre de temps, surtout à cause de ton frère.

— Et s'il lui arrive quelque chose avant la fin du mois ?

— Ça n'arrivera pas, Azura.

— Comment peux-tu en être si sûr ?

Un silence s'installe.

— Plus de mensonges, dit-elle fermement.

Loevan hocha la tête.

— D'accord, mais promets-moi de ne pas me mettre en colère, je suis déjà assez amoché.

Azura gloussa.

— Au Conseil, une femme du nom de Nara a la capacité de voir l'avenir.

La brune agrippa les bras de Loé, le cœur battant.

— Mon Dieu… Qu'a-t-elle vu ?

Le jeune homme fut un instant distrait par la main d'Azura autour de son bras. Elle le remarque et la retire aussitôt.

— Elle détient la réponse, mais pour l'instant, tout ce que nous savons, c'est qu'Ewen a encore du temps devant lui.

Azura poussa un long soupir.

— Je n'arrêterai jamais de m'inquiéter pour lui…

Loevan grimaça légèrement.

— Tu souffres encore ? s'enquit-elle.

— Tout devrait rentrer dans l'ordre d'ici une semaine.

— Je suis vraiment désolée…

— Oublie ça.

Il changea brusquement de sujet.

— J'ai une mission : je dois te conduire à Hestia avant la tombée de la nuit. Quelqu'un veut te voir.

— Qui ça ?

— Surprise !

Il lui tendit la main, un sourire malicieux aux lèvres. Azura l'observe un instant. Il semblait heureux. Hésitante, elle posa sa paume contre la sienne, et en un instant, ils disparurent.

Ils réapparurent dans une ruelle étroite du village. Loevan l'entraîna à travers les petites allées avant de s'arrêter net, toujours souriant. Azura fronça les sourcils, intriguée.

Ils se trouvent dans un parc fleuri, où un pont de pierre surplombait un étang menant à une vaste prairie. Un couple se chamaillait près de l'eau. La jeune femme bouscula son compagnon sur le pont, et ce dernier disparut dans un éclat de lumière.

— Un portail… murmura Azura en comprenant la scène.

Loevan acquiesça et l'attira à sa suite. Lorsqu'ils atteignirent le centre du pont, elle sentit une étrange vibration parcourir son corps. Une fraction de seconde plus tard, ils se retrouvèrent dans une vaste cour.

Une imposante cité gothique s'étendait devant elle. L'architecture était à couper le souffle. Une immense statue, représentant un mage, se dressait fièrement face à eux. Un nom était gravé dans la pierre :

Emius Hestia, créateur de l'école, 1875.

Autour d'eux, des élèves en uniformes bleu et blanc allaient et venaient. Certains s'arrêtèrent en apercevant Azura, l'observateur avec curiosité. Elle pouvait sentir leur énergie magique circuler en eux, une sensation toujours aussi étrange et inexplicable.

— Bienvenue à Hestia, l'une des nombreuses écoles de magie, expliqua Loevan.

— Hestia ne se trouve pas à Néridia ? demanda Azura, intriguée.

— Non. Cette fois, nous sommes en France.

La jeune femme écarquilla les yeux.

— Comment est-ce possible ?

— Hestia, comme l'île, est protégée par un puissant bouclier magique. Parfois, des gens ordinaires passent par ici, mais tout ce qu'ils voient, c'est une prairie infinie. À leurs yeux, nous n'existons tout simplement pas.

— De la magie, bien sûr…

Loevan esquissa un sourire et poursuivit :

— Hestia accueille des élèves de toute l'Europe. Il existe d'autres écoles en Espagne, en Inde, au Canada et au Japon.

— Mais… comment communiquez-vous ?

Le jeune homme gloussa.

— Tout le monde parle anglais.

Azura envoie les salutations se poser sur elle.

— Ils n'arrêtèrent pas de me fixer… Je veux bien que les enfants soient curieux, mais ces adolescents aussi ?

— Ils sont fascinés par l'énergie qui émane de toi.

La jeune femme baissa les yeux.

— Ça… et mes yeux.

Loevan sourit.

— Tu devrais apprendre à les aimer. Peu importe leur couleur, ils font partie de toi. Et tu n'es pas belle grâce à eux.

Azura se mordit la lèvre. Venait-il d'insinuer qu'elle était jolie ?

Ils pénétrèrent dans le hall de l'école, spacieux et lumineux. Le sol et les murs mêlaient harmonieusement le blanc et le bleu. Un majestueux escalier trônait au centre, ses rampes d'argent témoignaient d'une élégance ancienne. Les marches menaient à un étage ouvert, sans murs, dont une grande fenêtre circulaire dominait l'espace. Son centre était orné d'un dessin représentant un arbre aux racines profondes.

— Je suis heureux que tu découvres enfin Hestia, confia Loevan. C'est ici que toi et Aaron serez formés. Mais ce n'est pas encore notre destination.

Il pose ses mains sur les épaules d'Azura. Son souffle était si proche qu'elle en manqua un battement de cœur. En un instant, ils se volatilisèrent.

Lorsqu'elle révèle les yeux, ils se découvrent dans un jardin fleuri, avec Hestia visible au loin.

— Où sommes-nous ? demanda-t-elle en regardant autour d'elle.

— Dans les jardins de l'école.

Une voix l'appela et apparut.

— Azura…

Elle détourna le regard vivement.

— Ewen…

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